Colombie : les droits de l’Homme au service de la paix

28 Août, 2019 | DROIT & JUSTICE, Non classé, POLITIQUE, SOCIÉTÉ DE BIEN COMMUN

Sébastien Coquoz est spécialiste en droits de l’Homme, Humanitaire et Consolidation de la Paix. Il travaillait au moment de la rédaction de cet article au Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU en Colombie. Diplômé en Droit international Public de l’Université de Genève et en Droits de l’Homme de l’Université d’Oslo et du Centre Norvégien des Droits de l’Homme, Sébastien Coquoz a travaillé dans différentes organisations internationales, ONG et entités étatiques en Colombie, Pérou, Indonésie, Suisse et Norvège. Cet article a été écrit par l’auteur en sa capacité personnelle et non en tant qu’employé de l’ONU et les opinions exprimées sont donc exclusivement celles de l’auteur et non de l’ONU. Cet article est issu du volume 2 de la Société de Bien Commun « révéler l’humanité, combattre l’inhumanité ».

La magnitude du conflit et des besoins en Colombie indique clairement
que la réponse seule de l’État n’est pas suffisante et qu’il est nécessaire de favoriser l’engagement de tous,
au niveau 
individuel et communautaire.

Une situation mondiale alarmante

D’après l’un des derniers discours du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, devant le Conseil des Droits de l’Homme, la situation actuelle dans le monde est alarmante : conflits au Moyen-Orient, famine en Afrique, traitement des migrants qui cherchent à gagner l’Europe, pour ne citer que cela. Pendant les trois premières années de son mandat, dit-il, le monde est devenu “plus sombre et plus dangereux”.

Dans l’actualité internationale, un pays semble prendre le chemin inverse et avancer vers la paix, après plus de 50 ans de conflit : la Colombie. Évidemment, tout n’est pas rose dans ce vaste pays andin d’Amérique du Sud (environ deux fois la taille de la France (2)) : la mise en oeuvre de l’accord de paix entre le gouvernement et les FARC (3) se heurte à bien des obstacles (4), le processus de négociation entre le gouvernement et l’ELN (5) semble stagner, voire régresser, et les activités de groupes armés et bandes criminelles ainsi que l’augmentation des assassinats de défenseurs des droits de l’Homme montrent que le pays est loin d’avoir atteint la paix. Mais un processus est engagé et la population colombienne affectée par le conflit espère pouvoir en bénéficier petit à petit.

La Colombie : vers la paix après 50 ans de conflit

Pourquoi le pays a-t-il sombré, il y a plus de 50 ans, dans ce violent conflit entre FARC, forces armées colombiennes et paramilitaires ? Cette guerre, qui a fait plus de 220 000 morts et 7 millions de déplacés (6), est liée aux problèmes structurels de la Colombie. En cause : principalement le manque de garanties pour la participation politique, l’accès inégal aux terres, et l’abandon des zones rurales du pays où l’accès aux services de santé, d’éducation et au travail est minime, voire inexistant.

La Constitution colombienne, la législation et, maintenant, l’accord de paix, contiennent de nombreuses garanties pour le respect des droits de l’Homme et la consolidation de la paix. Si l’accord de paix était mis en oeuvre de manière satisfaisante, la population et les communautés trouveraient des solutions aux nombreux défis structurels auxquels ils sont confrontés. De graves lacunes concernant l’État de droit, la démocratie et le développement(7) pourraient être comblées.

Mais la mise en oeuvre de ces garanties bute sur un certain nombre d’obstacles, allant d’une vraie lourdeur bureaucratique au manque de coordination interinstitutionnelle et de volonté politique, en passant par des problèmes d’assignation budgétaire et de corruption. La difficulté majeure étant probablement l’inadéquation de la réponse de l’État face aux besoins réels de la population à niveau local.

Rupture entre l’État et la société civile

Il existe une importante distance entre l’État et la société civile ; distance géographique bien sûr, notamment entre les populations rurales les plus affectées par le conflit et les habitants de Bogota, la capitale, où s’élaborent les lois et politiques nationales, ou des capitales départementales où sont présentes la plupart des institutions. Un exemple : 600 kilomètres séparent les municipalités du sud du département de Bolívar, très reculées et affectées par le conflit, de Carthagène, capitale du département.

Il est fréquent d’entendre les populations déplorer le manque de compréhension des autorités devant la réalité de leurs territoires. Plusieurs causes à ce constat : manque de présence sur le terrain et de capacité, voire de volonté, à réaliser leur mission. Quand on vit ou travaille dans ces territoires, ce déficit de confiance est flagrant entre les institutions étatiques, d’une part, et la population et les défenseurs des droits de l’Homme, d’autre part. Ces derniers risquent leur vie en promouvant et protégeant les droits de leurs communautés dans l’un des pays au monde ayant le plus grand nombre d’assassinats de défenseurs des droits de l’Homme (8). Ce déficit de confiance, ce sentiment d’isolement des populations, se traduit par de fréquentes manifestations et des routes bloquées. Les communautés et leurs représentants tentent ainsi de forcer l’État à dialoguer. Lesquels dialogues, quand ils ont lieu, se déroulent souvent en présence de délégués gouvernementaux sans pouvoir de décision.

Cette rupture entre les zones urbaines et rurales ne favorise pas l’engagement et la participation des populations les plus vulnérables (telles que les paysans et les populations afro-colombiennes et indigènes qui ont le plus souffert du conflit) dans les affaires sociales, économiques et politiques du pays et de ses sous-régions.
Les espaces réels de participation sont peu nombreux, et quand ils existent, ils sont généralement convoqués par les autorités plus par souci de remplir une obligation légale ou administrative que d’adapter les politiques de l’État aux besoins et initiatives de la population. En découle ce que l’on pourrait appeler une imposition de solutions provenant des diverses capitales (nationale ou départementales), ce qui ne fait qu’augmenter le manque de confiance de la population face aux autorités.
À cela s’ajoute un dénigrement par de nombreux médias et fonctionnaires publiques des populations qui vivent dans ces zones de conflit, les assimilant aux groupes armés ou aux activités illicites et mettant en doute l’honnêteté et la légitimité de leurs représentants quand ceux-ci réclament des améliorations des conditions de vie pour les communautés. Un des derniers exemples date de décembre 2017, quand le Ministre de la Défense déclarait à la presse que l’immense majorité des défenseurs des droits de l’Homme assassinés l’étaient à cause de problèmes entre voisins, d’affaires passionnelles et de revenus d’activités illicites (9)…

Les droits de l’Homme et la responsabilité individuelle et communautaire

La magnitude du conflit et des besoins en Colombie indique clairement que la réponse seule de l’État n’est pas suffisante et qu’il est nécessaire de favoriser l’engagement de tous, au niveau individuel et communautaire, pour faire en sorte que la société colombienne soit basée sur le respect de chacun, la réconciliation, les garanties de non répétition des atrocités commises et le développement inclusif du pays. Il s’agit de responsabiliser les personnes et les communautés afin qu’elles prennent leur destin en main et contribuent à la réconciliation et au développement de la société colombienne. Les droits de l’Homme peuvent être ce vecteur permettant aux communautés de prendre le contrôle de leur destin et contribuer à des changements positifs et concrets dans leur quotidien. Ceci car ils placent les personnes et les communautés, dotées de droits et de capacités, au centre de tout processus de transformation de la société.
Dans le cadre de son travail en Colombie, le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU reconnaît les personnes et les communautés comme des sujets de droits et de devoirs, à même de s’informer, s’organiser et développer des stratégies et partenariats afin de trouver des solutions éthiques à leurs besoins ; ceci à travers des mécanismes aux niveaux local, national, régional et international (10) dans le but d’exiger et soutenir les efforts de l’État, afin que celui-ci remplisse ses obligations de respecter, protéger et mettre en oeuvre les droits de l’Homme (11).
L’ interdépendance entre les droits de l’Homme et la paix est de plus en plus reconnue au plan international. Une société pacifique qui règle ses différends sans violence est plus à même de jouir d’un niveau élevé de respect de ses droits politiques, civiles, économiques, sociaux et culturels. Et un niveau élevé de respect des droits de l’Homme contribue grandement à une paix véritable et durable, en garantissant la dignité humaine de tous et en amenant des solutions aux causes sous-jacentes des conflits, telles que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination. Dans son discours, le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU va jusqu’à déclarer que les principes des droits de l’Homme sont le seul moyen d’éviter une guerre globale et la misère profonde. (12)

Changer la donne et consolider la paix

Concrètement, cette approche signifie qu’il est nécessaire de favoriser l’information et le débat sur les droits et devoirs de chacun au niveau individuel et collectif, les obligations de l’État de respecter, protéger et mettre en oeuvre les droits de l’Homme et les mécanismes aux niveaux local, national, régional et international pour exiger le respect de ces obligations.
L’État a certes un rôle important à jouer dans la diffusion de cette information et la promotion du débat bienveillant, notamment via des campagnes médiatiques et des stratégies d’éducation à l’école et à l’université. Mais cela ne suffit pas : chacun de nous a la responsabilité de réfléchir à ses actes et modes de vie. Contribuent-ils réellement à l’amélioration de la situation de la population dans son ensemble et l’engendrement d’une Société de Bien Commun ? Partageons nos réflexions et nos initiatives depuis nos foyers, quartiers et occupations respectifs (13) !
En outre, il ne suffit pas de critiquer les institutions pour le manque de réponse adéquate à nos besoins, il est nécessaire de s’associer aux efforts et aux initiatives de l’État, de le guider dans ses démarches, de lui faire des propositions concrètes afin d’améliorer sa réponse, donnant ainsi plus de pertinence et de durabilité à ses actions.
Et comme la mise en oeuvre des politiques de l’État se fait grâce aux fonctionnaires, il est primordial de s’assurer que les structures de l’État intègrent des personnes du « terrain », bienveillantes, membres de communautés et/ou victimes du conflit, connaissant les problématiques des populations, notamment celles des plus vulnérables.
Il est clair que la démarche doit se baser d’abord sur le contexte local, partant d’une analyse des besoins spécifiques et des initiatives mises en place par les communautés ; initiatives qu’il s’agit de renforcer plutôt que de remplacer, en y intégrant des acteurs clés dans les domaines sociaux, économiques et politiques.

Le secteur économique privé doit également être en mesure d’apporter sa contribution à la consolidation de la paix et au développement des zones rurales, en offrant aux populations la possibilité d’améliorer leur niveau de vie et de rompre le cercle vicieux de la pauvreté et de la violence. Une stratégie commune entre entrepreneurs, victimes du conflit, et consommateurs permettrait de favoriser la production agricole dans les zones affectées par le conflit, de commercialiser ces produits aux niveaux local, national et international, et de promouvoir une consommation et un commerce juste et équitable. (14) Voilà comment dynamiser le développement des zones rurales du pays et éviter par exemple que les paysans ne choisissent de cultiver la coca pour des raisons économiques, ce qui souvent contribue à la perpétuation de la violence de la part d’individus malintentionnés et de groupes armés et bandes criminelles.

En partenariat avec deux entreprises nationales, le Haut-Commissariat a ainsi mis sur pied un premier programme appelé Coffee for Rights qui permet d’acheter du café auprès de mille familles d’une zone affectée par le conflit formées en production, exportation et marketing sans intermédiaires.(15) Comme le mentionne Todd Howland, Représentant du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme en Colombie, il suffirait que 10 % des consommateurs colombiens deviennent des consommateurs responsables pour changer la réalité des zones affectées par le conflit.(16)

Des efforts de paix que les entreprises et multinationales européennes et autres doivent aussi soutenir. À ce sujet, les consommateurs en Europe (et ailleurs !) ont également un rôle important à jouer, à savoir exiger des biens produits dans des conditions sociales et économiques basées sur la dignité et le respect de l’être humain. Ainsi, toute démarche ancrée dans les principes d’égalité et de non-discrimination chers aux droits de l’Homme et plaçant les personnes et les communautés au centre, permettrait de favoriser l’émergence d’une relation de confiance entre l’État et les différents secteurs de la population colombienne.
Créer ou renforcer les espaces de dialogue entre l’État et les différents segments de la société est indispensable pour faire émerger partenariats et solutions pertinentes face aux défis structurels du pays et ainsi consolider la paix et la réconciliation. (17)

Dans le cadre de son travail dans des endroits parmi les plus reculés et abandonnés de la Colombie, le Haut-Commissariat s’attelle à amener des changements positifs et concrets dans le quotidien des populations. En établissant un diagnostic participatif de leurs besoins et initiatives, en identifiant avec eux les priorités, en renforçant les connaissances et les capacités des ayant-droits et des porteurs d’obligations et en créant des espaces de dialogue et d’action entre les différents acteurs, des solutions sont trouvées dans des domaines tels que la santé, la sécurité, la justice transitionnelle ou les droits des peuples indigènes et des minorités, posant les bases d’une société juste et pacifique ancrée dans le respect des droits de l’Homme. (18)
Nous aussi, en Europe (et ailleurs), nous devons nous engager et contribuer localement à la paix, au soutien des plus vulnérables, au respect des droits de l’Homme au quotidien. Par notre façon d’être, par notre consommation, par nos engagements associatifs ou politiques, nous pouvons participer à l’émergence d’une Société de Bien Commun qui prend soin de tout l’Homme, de tous les Hommes !

 

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2. 1’141’748 km2 (Instituto Geográfico Agustín Codazzi).
3. Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia, plus grand groupe armé à tendance marxiste, jusqu’à sa démobilisation en 2017.
4. Voir le bilan du Haut-Commissariat sur la mise en oeuvre de l’accord dans son rapport annuel 2017, http://www.hchr.org.co/media/com_acymailing/upload/a_ hrc_37_3_add_3_en.pdf
5. Ejército de Liberación Nacional, deuxième plus grand groupe armé à tendance marxiste après les FARC.
6. Centro Nacional de Memoria Histórica; Unidad para la Atención y Reparación Integral a las Víctimas.
7. La Colombie est un des pays les plus inégaux de la région, tant entre les zones rurales et urbaines qu’au sein même des zones urbaines, et présente d’importantes faiblesses au niveau de la présence et capacité locale de l’État, la coordination déficiente entre le niveau national et le local, la sécurité des citoyens face au conflit armé et la violence, l’accès à la justice, la participation politique, la lutte contre la corruption, et la planification, la mise en oeuvre et l’évaluation des politiques publiques, voir notamment
http://repositorio.cepal.org/bitstream/handle/11362/41598/4/S1700567_es.pdf ; http://www.hchr.org.co/media/com_acymailing/upload/a_hrc_37_3_add_3_en.pdf ; https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G13/107/15/PDF/G1310715.pdf?OpenElement
8. Dans son rapport annuel 2017, le Haut- Commissariat confirme 121 assassinats, dont 84 leaders, 23 membres de mouvements sociaux et politiques et 14 personnes mortes dans des manifestations sociales, http://www.hchr.org.co/media/com_acymailing/upload/a_hrc_37_3_add_3_en.pdf
9. http://www.verdadabierta.com/victimasseccion/asesinatos-colectivos/6849-ligerezas-verbales-del-ministro-de-defensaexponen-a-lideres-sociales
10. Les mécanismes aux niveaux local, national et régional dépendent de chaque pays et région; quant aux mécanismes internationaux, l’on peut notamment citer la possibilité de soumettre des plaintes ou d’envoyer des rapports aux organes de traité de l’ONU, http://www.ohchr.org/FR/HRBodies/Pages/HumanRightsBodies.aspx
11. Selon cette typologie des obligations de l’État, ce dernier doit s’abstenir d’intervenir ou d’entraver l’exercice des droits de l’Homme (respecter), protéger les individus et les groupes contre les violations des droits de l’Homme commises par des tiers (protéger) et prendre des mesures positives pour faciliter l’exercice des droits de l’Homme (mettre en oeuvre), http://www.ohchr.org/FR/Issues/Pages/WhatareHumanRights.aspx
12. http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=22041&LangID=E
13. À ce sujet, plusieurs initiatives d’ONG en Colombie favorisent ce type de réflexions et d’échanges, par exemple à travers d’exercices sur les nouvelles masculinités qui promeuvent chez les enfants, les jeunes et les adultes la réflexion sur leurs pratiques quotidiennes et leurs perceptions face à l’autre sexe afin de prévenir la violence, en particulier contre les femmes et les filles, https://www.savethechildren.org.co/trabajos/vacanteconsultor-nuevas-masculinidades (projet « Vive la Educación » du Norwegian Refugee Council et Save the Children) ; https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/colombia/document/igualdadde-g%C3%A9nero-para-una-respuestahumanitaria-eficaz
14. http://www.hchr.org.co/index.php/informacion-publica/columnas-delalto-comisionado-en-colombia/360-ano-2016/7755-el-compromiso-de-la-sociedad-esindispensable-para-la-construccion-de-la-paz
15. http://www.wradio.com.co/noticias/economia/onu-y-empresas-colombianascrean-programa-para-capacitar-a-aficultores/20171102/nota/3626773.aspx
16. http://www.semana.com/nacion/articulo/todd-howland-escribe-sobrematanza-de-defensores-de-derechoshumanos/552195
17. http://www.hchr.org.co/index.php/informacion-publica/columnas-delalto-comisionado-en-colombia/360-ano-2016/7589-participar-una-de-las-clavespara-construir-paz
18. Le Haut-Commissariat promeut également ce « dialogue social » dans le cadre de nombreuses manifestations dans le pays, contribuant à réduire les tensions et mettre fin aux confrontations entre manifestants et forces de l’ordre, à prévenir de nouvelles violations aux droits de l’Homme, et à soutenir la mise en oeuvre d’accords pour trouver des réponses adéquates aux besoins des populations à l’origine de ces manifestations, http://www.hchr.org.co/media/com_acymailing/upload/a_hrc_37_3_add_3_en.pdf 

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