COOPÉRER AU SEIN D’UNE EQUIPE PROJET #1

30 Juil, 2016 | Non classé

ProjetGestion
Gilles le Cardinal est professeur émérite en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC). Il a, notamment, co-développé la méthode PAT-Miroir © qui compte aujourd’hui près de 500 applications. PAT, c’est pour Peurs, Attraits et Tentations. Gilles, qui est également auteur auteur de deux livres sur la confiance – “La dynamique de la confiance” et “Construire la confiance, de l’utopie à la réalité” – partage son expertise en vous proposant 10 étapes pour faciliter la coopération au sein d’une équipe projet. Quoi de plus “écologie humaine” que la coopération ?

 

PREMIERE ETAPE : prendre conscience de la nécessite de la difficulté de coopérer au sein d’une équipe-projet

Coopérer demande que l’on mobilise une partie de son énergie à construire une coopération durable. Or, la coopération est un processus instable qui doit être sécurisé et cela va demander un investissement humain important en rencontre, en écoute, en négociation.

Si l’on pense que l’on pourrait réaliser les actions nécessaires à la réalisation d’un projet tout seul, il n’y a pas besoin de mettre en place les conditions de la coopération. En effet, cela risque d’aller nettement plus vite tout seul. Peters[1] nous raconte que trois frères dirigeaient une revue économique à Londres au début de la guerre de 40. Deux des trois frères sont mobilisés. Le troisième craint de ne pouvoir faire face tout seul à la publication mensuelle de la revue. Mais, au contraire, il constate, non seulement qu’il y arrive, mais qu’il a moins de travail qu’auparavant. En effet il décide tout seul, ce qui supprime beaucoup de réunions de coordination, de discussions, de négociations, mais avec un inconvénient que nous découvrirons plus loin.

Mais, si nous prenons  conscience que l’on ne  peut pas faire face tout seul au travail requis par le projet, la coopération s’impose comme une obligation et il s’agit alors de réunir les conditions de succès de cette coopération.

La question à se poser est alors :

Quelles sont les pré-requis au succès d’une coopération ? En voici au moins quatre :

  • L’humilité qui consiste à reconnaître que, comme l’a dit en mauvais français, un ami en difficulté par une formule tellement éclairante : « Moi tout seul, pas capable ! ». Reconnaître que l’on a besoin des autres est le  pré-requis indispensable à une démarche de recherche de coopération, c’est aussi l’habit de toute vraie rencontre, nous dit Madeleine Delbrel.
  • la deuxième condition est de bien identifier les raisons précises que l’on a de coopérer :
    – soit nous avons absolument besoin du concours des autres car nous n’avons pas la force, la compétence, le temps de réaliser le projet tout seul : « Moi tout seul pas capable ». Exemple : le producteur et le commercial ;
    – soit nous pourrions le faire seul mais cela serait risqué, les autres pourront garantir la réussite du projet en toute sécurité : « Moi tout seul, pas prudent ». Exemple : s’encorder pour une ascension difficile ;
    – soit nous pourrions éventuellement le faire seul, mais ce serait ni facile ni avec la qualité souhaitable. Dans ce cas, les autres apporteront une aide efficace et la qualité attendue. « Moi tout seul, pas facile ». Exemple : dans l’histoire des trois frères, trois mois après le départ de deux d’entre eux, le dernier a reçu un courrier abondant des lecteurs se plaignant de la baisse de qualité de la revue ;
    – soit les autres ne sont ni nécessaires, ni sécurisant, ni facilitant, mais le plaisir de travailler avec eux est la vrai raison de la coopération : « Moi tout seul, pas agréable ». Exemple : Partager avec un ami un travail que l’on pourrait faire seul pour le plaisir de le faire ensemble
  • Prendre conscience qu’aux tâches indispensables à réaliser pour atteindre les objectifs du projet, vont s’ajouter des tâches importantes : choix des collaborateurs, communication interpersonnelle, répartition des tâches, coordination des actions, information  mutuelle  de l’état d’avancement du travail, négociation pour la prise de décision, constitution d’un planning à respecter, modalité du partage des bénéfices…
    Il est bon d’être conscient que ces temps consacrés à gérer la coopération peuvent aller jusqu’à doubler la quantité de travail. Et nous n’avons pas parler de la gestion des difficultés, des désaccords qui peuvent parfois pourrir le contexte relationnelle en conflits envahissants.
  • La clé de la réussite de la coopération est évidemment, nous le savons tous, l’instauration d’un climat de confiance. Mais ce que nous savons moins, c’est la façon de  procéder pour construire  cette confiance qui assure la pére30nnité de la coopération, processus dont nous allons longuement parler dans les étapes suivantes.

[1][1] Peter L-J, Le principe de Peter, stock, 1971

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