COOPÉRER AU SEIN D’UNE EQUIPE PROJET #5

30 Juil, 2016 | Non classé

Gilles le Cardinal est professeur émérite en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC). Il a, notamment, co-développé la méthode PAT-Miroir © qui compte aujourd’hui près de 500 applications. PAT, c’est pour Peurs, Attraits et Tentations. Gilles, qui est également auteur auteur de deux livres sur la confiance – “La dynamique de la confiance” et “Construire la confiance, de l’utopie à la réalité” – partage son expertise en vous proposant 10 étapes pour faciliter la coopération au sein d’une équipe projet. Quoi de plus “écologie humaine” que la coopération ?

 

CINQUIEME ETAPE : faire l’effort d’essayer de se mettre à la place de l’autre, en sachant que cela est impossible en toute rigueur

Pourquoi conseiller de mettre en place une attitude que l’on sait être rigoureusement impossible à réussir parfaitement ? Qu’il soit impossible de se mettre à la place d’un autre, tous les philosophes et les psychologues[1] nous le disent. Nous sommes tous uniques et on ne peut pas se glisser dans la tête ou le cerveau d’un autre. Il ne suffit pas, comme le suggère un humoriste, de changer de chaise.

Mais il est pourtant essentiel, pour assurer une coopération durable, d’essayer de le faire, car, s’il est impossible de le faire parfaitement, nous allons montrer que le faire même imparfaitement est la clé de la stabilisation de la coopération.

Pour réussir cette opération difficile, nous allons avoir besoin d’apprentissage pour lequel nous proposons la démarche suivante :

  • Faire un travail sur soi pour apprendre à mettre des mots sur nos propres peurs, attraits et tentations de manière à pouvoir les exprimer le plus clairement possible aux autres ;
  • Faire un effort de décentration en essayant de rechercher les peurs, attraits et tentations des en ajoutant le mot « possibles », ce qui nous     permet de nous tromper.
  • Réaliser, en atelier de créativité, l’inventaire des peurs, attraits, et tentations avec tous les partenaires qui vont ainsi nous aider à découvrir leurs peurs, leurs attraits et leurs tentations, comme nous allons les aider à découvrir les notres.

Mais, à ce stade, nous ne sommes pas du tout sûr que tous ces énoncés soient vrais et réels, nous allons demander à chacun d’évaluer la réalité et l’importance des peurs, attrait et tentations ainsi identifiés. La moyenne des avis, si elle ne peut être considérée comme une évaluation objective, permet cependant d’objectiver quelque peu les différentes subjectivités des équipiers. Ce n’est plus l’opinion subjective d’un seul, mais une opinion moyenne qui se dégage du groupe. Le classement des peurs,  attraits et tentations issus de toutes les parties impactées constitue une nouvelle représentation de la situation, non plus d’une seule personne. Elle traduit l’opinion du groupe. En effet, ont été pris en considération non seulement mes PAT, celles que les autres croient être les miennes, les leurs et celles que je crois être les leurs. Ce travail nous permet de faire un énorme pas dans l’Inter compréhension.

Un deuxième avantage important de cette démarche est d’avoir considérablement fait progresser l’équipe vers la création d’une représentation commune du projet. Chacun a pu à la fois s’exprimer et écouter les autres, complétant ainsi sa représentation de la situation. Cet exercice est un premier pas vers le couplage des membres de l’équipe  grâce au couplage des représentations ainsi réalisé.

Essayer de se mettre à la place de l’autre est une habitude mentale importante pour toute situation d’interaction. C’est un des piliers de ce que nous appelons « la PAT-Miroir Attitude » qui fait la synthèse des pratiques qui favorise la coopération durable. Cela permet d’exprimer : “voilà ce que je crois que tu ressens, et toi que crois-tu que je ressens ? En fait, voilà mes ressentis, à toi de me dire maintenant  les tiens.”

 

[1] J-P Dupuy, Introduction aux sciences sociales, Ellipses, 1992, cette notion y est appelée « spécularité» .

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