Deux sexes, une nature humaine

12 Sep, 2017 | FAMILLE, SOLIDARITES & SOCIETE, SOCIETE

Hommes et femmes sont-ils si différents ? Ce texte, tiré du mémoire de Cyrille Krebs, responsable de l’alvéole Éducation, rappelle toute la richesse issue de l’altérité entre les deux sexes.

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Pour mieux saisir la différence entre l’homme et la femme et la finalité de cette différence, il convient de mieux comprendre l’unité substantielle de l’être humain. L’enjeu, c’est la saisie de la nature humaine dans sa double expression, masculine et féminine. Le sexe et son « rayonnement », sa « résonance » à travers la personne manifeste l’altérité radicale au sein de la similitude. La complémentarité homme / femme apparaît comme un fruit de cette altérité entre deux mêmes. L’homme par sa masculinité et la femme par sa féminité réalisent la nature humaine ensemble. « La distinction de l’homme et de la femme existe, elle est un fait ». Elle se manifeste jusque dans chacune des cellules de notre corps. « Elle est naturelle et vitale, en vue de la procréation. Elle permet au couple d’être « la nature humaine complète ». Nous touchons donc la finalité de la distinction de l’homme et de la femme par le point de vue de la procréation. Cette distinction, nous devons la respecter et reconnaître que dans la procréation, la femme et l’homme ont des rôles tout autres.[1] »
En refusant l’unité du corps et de l’âme, on refuse le corps comme conditionnement substantiel de la personne. La distinction de l’homme et de la femme dans leur corps en vue de la procréation a une répercussion sur tout le développement de la personne humaine. L’être de l’homme n’est pas mieux réalisé dans l’homme ou dans la femme nous dit Marie Dominique Philippe [2]. L’homme et la femme sont identiques du point de vue de l’intelligence et de la volonté et donc de leur finalité. La diversité homme / femme n’est pas une diversité des personnes mais une diversité dans les modalités et la manière de s’accomplir, masculine pour les hommes et féminine pour les femmes. Cette altérité offre un chemin d’accomplissement particulier à l’homme et à la femme dans l’amitié qui les réunit. Etre un homme et une femme ce n’est pas une contrainte, c’est au contraire deux voies d’accomplissement [3] d’une même nature humaine [4].
« La personne ne vit pas simplement par son corps et dans son corps, mais elle vit son corps et accueille même par lui sa responsabilité à donner la vie à un autre (dans la fécondité)… » [5] . La mère et le père coopèrent dans la procréation. La génération réclame la différence des sexes. Son ignorance relèverait d’un déni. La personne n’est pas un pur sujet asexué. La sexualité est un caractère secondaire de la personne et en même temps une de ses déterminations. Il y a bien un mode d’engendrement spécifique. Il y a bien une participation à l’engendrement différenciée et qui se prolonge jusque dans le lien avec celui qui est engendré. L’âme humaine est unie au corps et ainsi dans cette unité est masculine ou féminine, c’est essentiel pour notre compréhension de ce que nous avons chacun à vivre en tant qu’homme ou en tant que femme.
« La dualité des sexes n’est ni contradiction, ni fusion, ni complémentarité, elle est ouverture à l’autre en tant qu’autre ». A partir de cette altérité s’établit une « relation où l’union n’abolit pas la différence mais l’accomplit » [6] . Cette altérité entre deux personnes semblables l’une à l’autre est fondatrice. Elle introduit à une dépendance réciproque librement consentie basée sur une différence établit sur la spécificité de la femme et celle de l’homme au sein d’une même nature humaine. Par cette dualité des sexes, l’altérité est indépassable, l’homme reste un mystère pour la femme et la femme un mystère pour l’homme [7]. « L’altérité de l’autre n’est pas seulement conservée, magnifiée dans l’union sexuelle, elle est en outre multipliée. Par sa fécondité naturelle, cette union engendre encore un autre. La différence sexuelle n’est jamais surmontée, sinon en se redoublant, en quelque sorte, en s’accomplissant dans l’événement d’une seconde différence abyssale : la différence générationnelle, celle qui donne naissance à l’enfant »[8]. La paternité et la maternité trouvent leur source dans ce mystère.

 

[1] M D Philippe in Retour à la source p 447. Fayard

[2] Marie Dominique Philippe in « Retour à la source » chapitre 8

[3] « Et Rousseau, quoique théoricien du contrat social, dénonce « la vanité des disputes sur la préférence ou l’égalité des sexes : comme si chacun des deux, allant aux fins de la nature selon sa destination particulière, n’était pas plus parfait en cela que s’il ressemblait davantage à l’autre ! […] En ce qu’ils ont de commun [la nature humaine] la femme et l’homme sont égaux ; en ce qu’ils ont de différent [le sexe] ils ne sont pas comparables. Une femme parfaite et un homme parfait ne doivent pas plus se ressembler d’esprit que de visage, et la perfection n’est pas susceptible de plus et de moins. » » Citation reprise de Fabrice Hadjaj dans   Qu’est ce qu’une famille ? p 87 Edition Salvatore tiré de Emile et l’éducation.

[4] « Le propre de la sexualité, son originalité primordiale, c’est-à-dire tournant vers l’originel et donnant de former avec lui une nouvelle origine, c’est de relier des incomparables. L’homme et la femme ont également la nature humaine, et en cela ils sont semblables, mais chacun la mène à sa perfection par des voies différentes, et en cela leur dissemblance est plus surprenante, car elle advient dans l’égalité même, développe une séparation dans l’unité, déploie une altérité personnelle dans l’identité de nature. » Fabrice Hadjaj    Qu’est ce qu’une famille ? p 88 Edition Salvatore.

[5] L’homme fragile, Samuel Rouvillois, p 95, Ephèse éditions

[6] Fabrice Hadjaj, qu’est ce qu’une famille ? Edition Salvator p 59

[7] « Le pathétique de l’amour consiste dans une dualité insurmontable des êtres ; c’est une relation avec ce qui se dérobe à jamais. La relation ne neutralise pas ipso facto l’altérité, mais elle la conserve. L’autre en tant qu’autre n’est pas ici un objet qui devient nôtre ou qui devient nous, il se retire au contraire dans son mystère ». Emmanuel Lévinas cité par Fabrice Hadjaj, Ibid, p 59

[8] Ibid p 60

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