Lumière LED : un point sur le rapport ANSES

12 Juil, 2019 | CONSOMMATION, SCIENCES & TECHNOLOGIES

Thibaud Guespereau est ingénieur. Depuis longtemps, il s’intéresse aux conséquences des éclairages LED sur notre organisme et sur la nature. Des méfaits qu’il a déjà évoqués sur ce site. Le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sur les lumières bleue d’avril 2019, l’incite à proposer quelques rappels.

“Ce nouveau rapport de l’ANSES est une information officielle, d’excellente qualité scientifique, qui constitue une mise à jour utile sur ce sujet en pleine évolution.

À propos de la lumière artificielle 

La vie moderne nous prive du contraste entre une lumière forte le jour, et faible ou nulle la nuit, ce qui en soi est une grave perturbation pour notre organisme, conçu pour le rythme solaire. Aucune lumière artificielle n’est donc neutre, mais les technologies successives, de la bougie à la LED vont toujours dans le mauvais sens. A vrai dire il est possible de faire des LED ayant une excellente lumière, mais ce ne sont pas ces LED qui se répandent sur le marché. C’est de ces dernières que traite cet article.

Effets circadiens 

La grande nouveauté de ce rapport concerne la question des cycles circadiens, objet d’études scientifiques récentes. Tous les êtres vivants, même les bactéries ou les plantes, adaptent la plupart de leur fonctions corporelles à l’horaire de la journée. Par exemple, en pleine journée, la rétine se rend résistante à la lumière intense, contenant beaucoup de bleu, alors que le soir elle devient plus réceptive, et plus sensible. Les horloges internes sont synchronisées par le spectre (répartition des couleurs dans la lumière blanche) et l’intensité de la lumière. Chaque espèce ayant des sensibilités particulières à des longueurs d’ondes (couleurs) spécifiques.

Spécificité des LED 

– Les LED émettent une lumière trop riche en bleu et trop pauvre en rouge, et ce d’autant plus lorsqu’elles sont blanc froid (>4000K) et de mauvaise qualité. Le bleu est directement phototoxique, et il supprime la mélatonine, « hormone du sommeil » présente la nuit, et a encore d’autres inconvénients.
– Les LED sont susceptibles, en fonction de leur qualité, d’émettre une lumière dont l’intensité varie à des fréquences variables (papillotement) ce qui est inconfortable, voire dangereux.
– Si la source LED est directement visible (absence de diffusant), elle est environ 1000 fois trop éblouissante, avec des risques de lésions instantanée de la rétine.
– De nouvelles LED sont apparues récemment émettant en partie des UV, qui sont comme chacun sait, phototoxiques.
– Enfin, de façon générale les LED sont une technologie très complexe, donc insuffisamment maîtrisée à tous les niveaux.

Risques 

Liés à la lumière bleue donc surtout avec des LED blanc froid :

– Les risques de dégradation de la rétine, DMLA notamment, sont avérés. Cela signifie un risque de voir la proportion de personnes âgées mal-voyantes ou aveugles augmenter.
– Les processus de croissance de l’œil des enfants peuvent être altérés.
– Les horloges biologiques sont perturbées par la lumière bleue qui est reconnue comme un signe de plein jour par l’organisme. Cela a de nombreuses conséquences : perturbation de la qualité et de la durée du sommeil, troubles métaboliques, cancer, obésité, pathologies cardiovasculaires, effets sur la santé psychique…  Les effets sur la santé psychique induisent nécessairement des effets sociaux à plus grande échelle.
– Une femme enceinte dont le cycle est dérégulé, dérégule celui de son fœtus. Des conséquences substantielles et permanentes sur le fœtus devenu adulte sont avérées chez le rat.
– La peau est agressée : cancers, mauvaise cicatrisation…

Liés au papillotement de la lumière :

– Déclenchement de crises d’épilepsie pour les personnes sensibles.
– Déclenchement de migraines pour ceux qui y sont sujet.
– Nausées et maux de têtes : le rapport ANSES les tient pour hypothétiques. Je m’en étonne parce que j’entends couramment des témoignages de personnes souffrant de leur éclairage, avec des effets pouvant perdurer jusqu’au matin suivant. Toutes ne font pas spontanément le lien avec la lumière LED.

Pourquoi les enfants sont ils plus sensibles ?

Ils ont un cristallin clair, contrairement aux adultes qui ne filtre pas la lumière bleue. Leur développement physique et psychique peut être altéré.

Quelle est la sensibilité de l’horloge biologique ?

Des expositions de quelques secondes le soir suffisent pour commencer à perturber l’horloge biologique. Même avec une lumière de température moyenne, des effets sont mesurables en quelques minutes à peine. Même une lumière très faible suffit. C’est surtout la température de couleur qui joue.

Quelles interrogation subsistent ?

Certains effets à long terme ne sont pas encore bien connus. La quantification des risques : combien de personnes, à quel point… reste difficile.

Où en est la réglementation ?

La réglementation progresse lentement. Par exemple, une étude montre que les Valeurs Limites d’Exposition à la lumière bleue définies par les normes actuelles sont 20 fois trop élevées. De plus les normes ne sont pas toutes obligatoires.

Comment évolue le marché ?

Un dirigeant d’entreprise d’éclairage me disait que depuis déjà quelques années un luminaire non LED fait ringard. On va donc vers le tout LED. Il me disait aussi que le client demande des prix et un look et ne cherche pas plus loin.

Quelles sont les sources de risques principales ?

– Les phares de voitures (et codes),
– Les LED bleues de décoration et des jouets pour enfants,
– Les lampes de poche (y compris de smartphone) proche des yeux, mal diffusées,
– Les écrans à cause de la durée d’exposition,
– Les sources d’éclairage blanc froid, surtout le soir,
– Les veilleuses pour enfant blanc froid et autres témoins lumineux blanc/bleu, s’ils ne sont pas compensés par un éclairage d’ambiance.

Quelles mesures prendre pour soi ?

– Apprendre aux enfants à ne pas fixer les phares des voitures,
– Ne pas regarder des sources blanc froid, et/ou éblouissantes,
– Avoir des lunettes orangées pour conduire la nuit, ou si on est très exposé dans son travail (les filtres proposés par les opticiens pour les verres clairs sont peu filtrants et ne font pas de contraste jour-nuit).
– Mettre un logiciel qui jaunit l’écran le soir sur ses écrans (f.lux, night shift…),
– S’exposer à la lumière du soleil le jour et diminuer la lumière le soir,
– Éviter les lumières blanc froid le soir (et le matin), même faibles, même un court instant.

Comment acheter des lampes ?

– Si vous pouvez acheter par internet des lampes incandescences, c’est le moyen le plus sûr et le plus simple.
– Si vous achetez pour vous, choisissez des températures de couleur chaudes (inférieures au moins à 4000K) et un luminaire/lampe qui diffuse la source pour ne pas éblouir. Si vous pouvez obtenir ces informations, choisissez un spectre régulier du bleu au rouge, et une lumière qui ne papillote pas, surtout pas à basse fréquence (100Hz).
– Si vous achetez pour un lieu public, ou commun, et que votre budget le permet, recourrez à un cabinet spécialisé en études d’éclairage qui saura vous conseiller. Mêmes critères que ci-dessus. Si possible choisissez un luminaire dont ballast (alimentation électrique) et module LED (source de lumière) soient interchangeables, pour pouvoir les changer dans quelques années si les nouvelles générations sont de meilleur qualité.
– Un luminaire de bonne qualité qui diffuse bien la chaleur peut durer très longtemps. C’est un investissement rentable.

Effets sur la nature

« La tendance générale, quel que soit l’écosystème étudié, montre (à long terme) une augmentation de la mortalité et un appauvrissement des espèces animales et végétales étudiées dans les milieux éclairés la nuit, notamment par éclairages à LED. […] Le nombre limité d’études […] laisse [néanmoins] supposer un impact majeur et variable selon les régions concernées. »

Une solution : les LED « ambre » autrement dit oranges, sont beaucoup moins nocives (mais moins belles). Avantage des LED : elles peuvent être plus facilement gérées de façon intelligente, s’allumer et s’éteindre en fonction de détecteurs, programmes et être ainsi moins gênantes pour la nature.”

 

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Anciens articles de Thibaud :

Source :

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

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