Obsolescence programmée : par qui ?

5 Nov, 2013 | CONSOMMATION, ECONOMIE

obsolescenceL’obsolescence programmée, c’est quoi ? Rien à voir ou presque avec un programme informatique, c’est l’idée que les industriels :

  • Raccourcissent sciemment la durée de vie du produit !
  • Les rendent impossible à  réparer !
  • Et renouvellent très rapidement les produits pour nous les faire consommer de plus en plus vite !

Tout ça dans le but de gagner plus d’argent et sans aucune attention aux ressources consommées et aux déchets produits !

LES PRODUITS, ÇA TOURNE

De fait, tout le monde a des exemples à citer dans ce domaine :

  • Tel logiciel dont le compteur de version tourne très vite, et qui n’est plus compatible avec mon ordinateur de 5 ans. Telle imprimante qui s’arrête de fonctionner parce qu’un programme a détecté le nombre maximum d’impressions. Tel réfrigérateur qui tombe en panne si vite : c’est tellement vrai, qu’on nous vend des assurances pour remplacer notre électroménager au-delà de 5 ans par exemple. Tel téléphone mobile qui tombe en panne au bout de 1 an ou 2.
  • Réparer sa voiture devient impossible, il faut brancher un ordinateur dessus. Ma Freebox a pris la foudre, on change toute la boîte, et elle est jetée sans la moindre réparation.
  • La gamme des smartphones change en gros tous les ans. Pour les voitures, on constate un changement de modèle tous les 2 à 3 ans, etc.

Accuser les « vilains » industriels est une vision sommaire pourtant répandue. Le problème est cependant de nature systémique, c’est-à-dire que tous les acteurs poussent dans le même sens :

  • Le consommateur est ravi de changer de smartphone régulièrement. Il est aussi ravi de faire jouer la concurrence et de s’acheter la dernière voiture avec le Bluetooth, la dernière télé hyper-grand écran en « Haute Définition +++ ». Il est ravi dans la mesure où il a les moyens. Et s’il ne les a pas ? Aucun souci, on vous fait un crédit Monsieur.
  • L’industriel doit satisfaire ses clients et se démarquer de ses concurrents pour dégager les bons résultats qu’attendent ses financiers. Alors innover, apporter toujours plus dans le produit, c’est un bon moyen.
  • Les financiers eux doivent rendre des comptes aux épargnants, aux fonds de pension qui veulent des rendements élevés, sûrs et réguliers. Comme le montre  Pierre-Yves Gomez dans son livre Le Travail invisible, la roue économique doit tourner de plus en plus vite pour dégager suffisamment de richesse et financer la rente de masse.

« Le problème réside dans l’hypothèque environnementale, car nous prélevons beaucoup de ressources dans l’environnement et rejetons beaucoup de déchets »

Mais où est le problème ?
Le problème réside dans l’hypothèque environnementale, car nous prélevons beaucoup de ressources dans l’environnement et rejetons beaucoup de déchets : des milliards de téléphones ou autres objets électroniques, des milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

EST-CE UNE FATALITÉ ?

Pourtant, les contre-exemples aussi existent sur l’amélioration de la qualité et de la longévité des produits. La qualité des voitures françaises par exemple a beaucoup augmenté face à la concurrence allemande et japonaise.

« La question centrale me paraît être de faire porter le coût de l’obsolescence au bon endroit, de façon à inciter les industriels à améliorer la longévité globale. »

Augmenter la durée de vie, peut être un avantage compétitif majeur.
C’est l’exemple célèbre du pneu Michelin à carcasse radiale. Prix nettement plus élevé mais durée de vie 3 fois plus longue, gains de consommation d’essence, sécurité améliorée. Finalement, Michelin deviendra le numéro 1 mondial du pneu. Le surcoût immédiat était largement compensé par le coût total de possession. Suis-je prêt en tant que consommateur à dépenser plus tout de suite pour faire des gains plus tard ?

Autre exemple : passé un certain âge, je décide de ne plus actualiser certains logiciels de mon ordinateur. En effet, plus je fais de mises à jour, et plus il consomme de ressources mémoire, ce qui le ralentit à en devenir inutilisable. Je possède un ordinateur de 2003 sous Windows XP qui fonctionne très bien … durée de vie 10 ans pour l’instant. Suis-je prêt en tant que consommateur à rester sur de vieux produits qui marchent encore et accepter d’être dépassé par les produits récents ? Suis-je prêt à faire réparer plutôt qu’à acheter du neuf ?

Améliorer la réparabilité, peut aussi devenir un enjeu de compétition.
J’ai vendu des copieurs multi-fonctions de bureau de seconde main… la meilleure rentabilité de toute la gamme de produits du groupe. Quand une entreprise confie son parc d’imprimantes en gestion, alors l’opérateur a grandement intérêt à améliorer la durée de vie plutôt que de faire tourner les produits. Car  c’est lui qui porte le coût de l’obsolescence.

Ou encore cette initiative récente d’un smartphone qui peut être réparé et mis à jour par morceaux (« blocks ») : le « Phoneblocks ». On peut aussi, dans l’intérêt commun, imposer une meilleure réparabilité. La question centrale me paraît être de faire porter le coût de l’obsolescence au bon endroit, de façon à inciter les industriels à améliorer la longévité globale.

Développer une simplicité volontaire, là ça devient plus dur !
Car regardons-nous dans le miroir… Sommes-nous prêts à ne pas céder aux sirènes du marketing ? Que celui d’entre nous qui n’a pas rêvé de se pavaner avec le dernier smartphone lève le doigt ? Que celui qui n’a pas désiré la voiture du voisin ou sa piscine se lève ? Le moteur de la consommation c’est notre désir de bien-être, de paraître, de posséder, etc.

Alors arrêtons cette condamnation simpliste et naïve des industriels, car c’est tout le monde qui est concerné !

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Références

[1] Vidéo Arte : Prêt-à-jeter
http://www.youtube.com/watch?v=J-XGn32vYQU

[2] Blog Comment j’ai déprogrammé l’obsolescence

[3] Fondation Hulot : L ‘#obsolescence #programmée : il est temps d’agir ! 1/2,  2/2

Le phénomène est désormais bien connu et ses deux grands volets bien distingués. On différencie la défectuosité planifiée qui consiste à organiser l’arrêt d’un appareil à partir d’un certain nombre d’utilisations. Le second volet repose sur les différents obstacles posés à la réparation éventuelle du produit et qui incitent, voire obligent, à l’acquisition d’un nouveau produit faute de réparabilité du produit défectueux.
Certains auteurs y ajoutent l’obsolescence psychologique due aux effets du marketing et qui nous pousserait à acquérir sans cesse de nouveaux produits alors que ceux que nous possédons remplissent parfaitement leurs usages.
Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), seuls 44 % des appareils qui tombent en panne sont réparés. Cette filière qui présente la particularité d’être non délocalisable et composée d’emplois stables, bénéficierait fortement d’un soutien dans la perspective de créations d’emplois.

[4] Bon pour la casse ? de Serge Latouche
La plupart des biens que nous achetons sont sciemment viciés de telle sorte que nous soyons contraints, pour faire marcher la machine économique, de les renouvele.

[5] Obsolescence programmée  quelles solutions ? La position de l’alliance Green IT
http://fr.slideshare.net/conseilsmarketing/obsolescence-programme-quelles-solutions-pour-lutter-contre-ce-phnomne

[6] Le mythe de l’obsolescence programmée
http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2011/03/07/1773-le-mythe-de-l-obsolescence-programmee

[7] UltraHDTV
http://www.computerworld.com/s/article/9242377/Bandwidth_alert_It_s_now_possible_to_wirelessly_stream_4K_video?source=cwgp

[8] The phoneblocks
http://www.konbini.com/fr/3-0/phonebloks-obsolescence-programmee/

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