Les conflits familiaux sont inévitables. Mais loin d’être exclusivement des sources de tensions, ils peuvent devenir des opportunités précieuses d’apprentissage et de croissance pour chacun de ses membres. Marie-Charlotte Clerf, thérapeute, coach et mère de quatre enfants, partage son expérience et ses conseils pour transformer les disputes familiales en débats constructifs et apaisés.
Cette intervention a eu lieu dans le cadre du forum 2025 du Courant pour une écologie humaine, sur le thème “Comment débattre sans se combattre ?“.
À propos de Marie-Charlotte Clerf
Marie-Charlotte Clerf a travaillé en entreprise pendant 20 ans avant de devenir thérapeute, coach et formatrice. Elle a d’ailleurs créé Coach-Famille en 2008 avec comme objectif d’aider parents et éducateurs à éduquer avec bon sens, mais aussi d’aider les jeunes à trouver leur équilibre dans la famille ou à l’école. Marie-Charlotte a notamment développé une expertise reconnue sur le harcèlement scolaire.
Apprendre à écouter pour débattre
Pour réussir à débattre sans que cela tourne au combat, la clé réside dans l’écoute. Or, écouter ne va pas de soi : cela demande de se centrer totalement sur l’autre, sans préparer sa réponse pendant qu’il parle. Marie-Charlotte illustre ce défi avec un souvenir personnel : lorsque ses enfants lui reprochaient de passer moins de temps avec eux – alors qu’elle venait justement de faire beaucoup pour eux – elle devait apprendre à ne pas réagir sur le moment mais à entendre véritablement leur ressenti.
Prendre le temps de se connaître
Avec son mari, elle a choisi d’instaurer des règles claires pour favoriser le dialogue, dans un cadre familial sécurisé.
Ainsi, tous les repas sont pris en famille, et une fois par semaine, chacun y partage « trois tops et un flop » vécus. Cette routine a permis à ses enfants, au départ réticents, de s’ouvrir peu à peu et de reconnaître collectivement les moments positifs et les difficultés vécues de chacun des membres de la famille. Ca permet notamment parfois d’être plus compréhensif sur les réactions de chacun.
Autre idée créative : chaque trimestre, un membre de la famille organise une sortie de son choix, avec un budget fixé à l’avance, et le reste de la famille a l’obligation d’y assister. Une excellente façon de découvrir les goûts et intérêts de chacun !
Trouver un équilibre entre intervention et autonomie
Marie-Charlotte Clerf a testé différentes approches au fil du temps : laisser les enfants gérer seuls leurs disputes jusqu’à un certain seuil ; intervenir systématiquement ; adopter une position intermédiaire.
Elle a finalement compris qu’il importait d’intervenir juste assez pour éviter que les conflits ne dégénèrent, tout en laissant suffisamment de place à l’expression des émotions et opinions divergentes.
Ce que les enfants retiennent de l’expérience de conflit familial
Malgré les désaccords persistants – parfois sur des sujets apparemment mineurs tels que la place dans la voiture ou le partage des tâches – ces disputes ont permis à ses enfants d’apprendre plusieurs leçons essentielles : négocier, partager, s’entraider, accepter la différence et connaître leurs limites, ainsi que celles des autres.
Ils ont surtout découvert que l’amour familial peut perdurer malgré les disputes, que l’on peut se battre et se réconcilier sans perdre le lien.
Conditions nécessaires pour débattre sans combattre
Marie-Charlotte insiste sur plusieurs prérequis indispensables : ne jamais lancer un débat quand on est trop fatigué ou stressé, choisir le bon moment et les bons sujets en connaissant ses propres limites et celles des autres, et surtout, ne jamais désespérer du dialogue familial.
Pour elle, la famille est un véritable laboratoire : c’est là où l’on apprend à vivre ensemble, avec ses différences et ses conflits, dans le respect et la bienveillance. Précieux enseignement pour la vie en société !
Conclusion : apprendre à débattre en famille pour mieux vivre en société
Le conflit familial, loin d’être un simple obstacle, est une école essentielle pour apprendre à débattre, à écouter, à négocier et à respecter l’autre.
En posant un cadre sécurisé et en développant l’écoute active, il devient possible de transformer ces tensions en forces. Ainsi, les enfants grandissent en sachant qu’il est possible d’exprimer des désaccords sans fractures ; ils sont ainsi préparés à vivre ensuite dans une société où le débat est une richesse, non une source de division.