Merci pour l’héritage ! #Édito

26 Juin, 2025 | ÉDITO

Par Solweig Dop, Déléguée générale du Courant pour une écologie humaine.

Hériter, ce n’est pas simplement recevoir un patrimoine matériel ou immatériel. C’est s’inscrire dans une histoire.

Nous héritons de quelque chose que nous ne choisissons pas et qui nous a été transmis pour être transformé, notamment :

  • une pâte humaine, à la fois riche et imparfaite (voire partiellement corrompue),
  • une société, avec ses institutions, ses paysages, ses récits (leurs faces lumineuses mais aussi leurs faces sombres).

Être héritiers – malgré tout ce dont on pourrait légitimement se plaindre – devrait nous incliner à la gratitude. Le notaire Patrice Bonduelle évoque cette posture de reconnaissance lucide qui nous ouvre à la logique du don et du contredon.

Ce que nous recevons, nous devrons le faire passer – autrement, ailleurs, à d’autres. Cela suppose de ne déifier ni le droit ni l’argent. Non qu’ils soient inutiles, simplement, ils deviennent dangereux lorsqu’ils supplantent tout autre ressort d’action ou objectif de vie. La valeur suprême devra rester la personne humaine : à elle, notre totale attention. Cette qualité dont Simone Weil notait qu’elle est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.

Le soin de notre maison commune découlera naturellement de cette attention prioritaire portée à l’humain. Le manifeste du Courant pour une écologie humaine le mentionne : la nature n’est pas un stock de ressources à exploiter, elle est un legs vivant, splendide, fragile. Le botaniste Victor Jacquemont, qui arpenta les contreforts himalayens au XIXe siècle pour y collecter une biodiversité aujourd’hui si menacée, en fut un témoin émerveillé. Hélas, la modernité a fragmenté l’homme. En perdant sa relation avec la nature, il endure la perte de soi… Remède à cet éparpillement : la contemplation, qui est un véritable art de vivre.

Ce mois-ci, nous avons fêté nos pères. Célébration d’un héritage universel. Mais lequel ? Et à quelle fin ? Le dernier livre de Charles Wright, « Le jardin anglais », offre une lumineuse réflexion sur le sujet. Et pour ceux qui ont la chance d’avoir encore leurs grands-parents, notre pépite du mois vous permettra de lancer des Bavardâges avec eux !

Tout cela nous fait davantage réaliser que nous sommes les intendants provisoires du monde. Sa transmission est dans nos mains. Une question s’impose finalement : les hommes et les femmes du prochain siècle qui marcheront sur cette Terre béniront-ils notre mémoire ? Seront-ils en capacité de transmettre à leurs enfants de la gratitude pour l’héritage que nous aurons su leur laisser ?

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