En Vendée, au cœur des marais de l’Île d’Olonne, une mare connaît une seconde vie. Restaurée par l’Association de Défense de l’Environnement en Vendée (ADEV), elle devient un refuge pour la biodiversité et un support pédagogique pour le grand public. Lucile Auger, coordinatrice, animatrice et chargée d’études naturalistes à l’ADEV, raconte.
À propos de l’ADEV
Lucile Auger : “Je travaille à l’Association de Défense de l’Environnement en Vendée (ADEV), en tant que coordinatrice. C’est une structure qui existe depuis 1968, fondée par des passionnés de la nature, dont l’un qui s’intéressait particulièrement aux liens entre environnement et santé.
Aujourd’hui, on est trois salariés et on gère à la fois un pôle “études environnementales” et un pôle “animation” pour faire découvrir la biodiversité vendéenne au grand public. Quant à moi, au sein de l’ADEV, je touche un peu à tout, de la coordination à l’administratif, en passant par le terrain et la sensibilisation.
Une passion pour la nature, dès l’enfance
Depuis que je suis toute petite, je suis attirée par la nature. J’ai toujours aimé me promener, observer, comprendre ce qui m’entoure. À l’école, les “Sciences et Vie de la Terre” (SVT) m’ont tout de suite passionnée. C’est donc tout naturellement que je me suis orientée vers des études en biologie, puis en écologie.
En cherchant un poste sur le terrain, en lien avec le grand public, j’ai découvert l’ADEV ; ici, je peux mêler études naturalistes et vulgarisation. Je me sens exactement à ma place !
Les raisons de la restauration de la mare de l’île d’Olonne
L’observatoire d’oiseaux que nous gérons à l’Île d’Olonne est situé dans une zone de marais, où l’on trouve beaucoup d’eau saumâtre. Restaurer une mare d’eau douce à cet endroit, permettait de créer un véritable point refuge pour la biodiversité.
La mare existait déjà, mais elle n’était plus fonctionnelle : elle se vidait très tôt au printemps, ce qui empêchait des espèces comme les grenouilles de terminer leur cycle de reproduction.
Restaurer la mare, c’était aussi une façon d’en faire un nouvel outil pédagogique pour sensibiliser le public à autre chose qu’à l’ornithologie.
Quels animaux bénéficient de cette mare aujourd’hui ?
C’est impressionnant de voir à quel point une mare attire la vie. Il y a bien sûr les amphibiens – grenouilles, tritons, salamandres – qui viennent y pondre. Les mammifères aussi l’utilisent comme point d’eau : on a repéré des chevreuils, des blaireaux, et même une loutre, grâce à un piège photo ! C’était un très beau moment pour nous.
Et puis il y a les oiseaux d’eau, comme le martin-pêcheur. On a installé un perchoir exprès pour lui, et il semble l’avoir adopté. Voir toutes ces espèces utiliser un milieu qu’on a contribué à restaurer, c’est hyper valorisant.
Comment se déroule une restauration de mare ?
La restauration, en soi, ne prend pas beaucoup de temps : la mare a été creusée en trois jours. Mais le plus complexe, c’est de choisir le bon moment. Il ne faut pas trop d’eau dans le sol, sinon les engins ne peuvent pas passer. Et en même temps, il faut éviter de perturber la faune présente et qui utilise la mare.
On a donc commencé les travaux bien plus tard que prévu pour minimiser les impacts. On a recréé une profondeur suffisante pour permettre la présence d’eau douce même pendant les périodes sèches. L’idée étant de la garantir tout au long de l’année.
Que deviennent les mares si l’homme n’intervient pas ?
Si on laisse une mare sans entretien, elle finit par se combler naturellement. Elle devient une zone humide, puis, en un temps plus ou moins long, selon les conditions biotiques et abiotiques, une zone de plus en plus fermée, mais sans doute toujours à caractère humide du fait de la typologie du sol. C’est un cycle naturel, et ce n’est pas forcément un problème. Mais on perd alors tout ce que la mare apportait en termes de biodiversité spécifique des zones humides. La biodiversité évolue et les espèces inféodées au milieu aquatiques sont progressivement remplacées.
Donc il faut simplement se poser la question : qu’est-ce qu’on veut préserver ? Ici, on a choisi de maintenir la mare, parce qu’elle a une vraie valeur écologique et pédagogique.
Y a-t-il beaucoup de création de nouvelles mares, aujourd’hui ?
Les mares sont essentielles. Elles jouent un rôle dans la préservation des espèces, dans le cycle de l’eau, dans le maintien de la biodiversité locale. Elles sont parfois créées par des particuliers sensibilisés à ces problématiques ; mais c’est assez rare. Et parfois, elles sont créées dans le cadre de mesures compensatoires, quand un projet impacte un milieu naturel. Mais attention : on ne remplace pas une mare centenaire par une nouvelle en un claquement de doigts. Chaque mare a son histoire, son écosystème, son équilibre. Il faut en être conscient.
Un dernier message ?
Découvrez votre milieu naturel ! Prenez le temps d’observer ce qui vous entoure. Il y a de la vie partout, même si elle est discrète. Et chacun peut agir, à son échelle, pour favoriser la biodiversité. Il y a des choses très simples à faire pour contribuer à la préservation de l’environnement. Nous, on est des passionnés, mais on veut surtout transmettre cette envie, cette curiosité. Parce qu’en réalité, on fait tous partie d’un même ensemble ; la nature n’est pas quelque chose d’extérieur à nous !
On vous propose un nouvel article, sur les étangs, cette fois. C’est à lire ici, pour ceux qui veulent aller plus loin : L’Homme et l’étang – Alain Marié, pisciculteur
