Le travail, fondement de notre société

9 Mar, 2017 | Non classé

Entretien avec Pierre-Yves Gomez, économiste et co-initiateur du Courant pour une écologie humaine. Pierre-Yves évoque le lien étroit entre le travail de l’Homme et son environnement naturel. Il nous invite à prendre conscience des différentes formes de travail qui fondent notre société.

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Pierre-Yves Gomez : “Le travail fait l’Homme. Il l’humanise. L’Homme est un animal qui travaille. Bergson le qualifie d’Homo faber : l’Homme qui fabrique.

La différence entre l’animal et l’Homme est le travail : l’animal peut, certes, utiliser des outils mais l’Homme les fabrique. Or, fabriquer des outils signifie anticiper une transformation de l’environnement pour le rendre plus sûr, plus fécond, plus beau.

Le travail : un lien entre l’Homme et la nature

Le travail permet à l’Homme de transformer la nature et de la recevoir. Sachant cela, il est légitime de se poser régulièrement la question : qu’est-ce que le travail de l’Homme permet de transformer dans la Nature, pour la rendre plus belle ou moins belle, plus féconde ou moins féconde, plus juste ou moins juste ? Et de trouver des actions à mener lorsque les réponses ne sont pas aussi positives qu’on l’espérerait.

Les différentes formes de travail

Le travail n’est pas simplement réduit au travail salarié. Le travail salarié est né dans les années 1940. Pendant des siècles, le travail était essentiellement domestique. Ce dernier reste important dans nos sociétés : éducation des enfants, entretien de la maison, du lieu de vie… C’est un travail qui nous prend des heures chaque jour.

Nous avons aussi le travail collaboratif. Une grande partie de notre économie sociale et culturelle dépend du travail de milliers de bénévoles, non salariés. Leur travail, leur activité soutenue, tournée vers les autres, permet de réaliser des biens et des services utiles à tous. S’ajoute au travail social ou associatif, le travail collaboratif. On le trouve sur Internet, par exemple, à travers l’alimentation d’une encyclopédie comme Wikipedia. Il y a également le travail du client : remplir une feuille d’imposition, réserver un train. Ces activités échappent au travail salarié et appartiennent à ce grand univers du travail non rémunéré.

Et il existe donc, également, le travail rémunéré.

Nous devons décaler notre regard et découvrir les autres formes de travail qui fondent notre société. Il y a vivre ensemble parce qu’il y a humanisation par le travail. Il y a aussi humanisation de notre environnement par le travail. A travers le travail que nous réalisons, nous créons une société particulière : la société française n’est pas la société birmane ni la société japonaise, parce que la façon de travailler y est différente, l’environnement que nous produisons est différent, les formes de travail y sont différentes.

La qualité du travail : une importance déterminante

La qualité du travail est déterminante. C’est pour cette raison que la question du travail est un sujet politique si important depuis toujours et en particulier aujourd’hui.

Depuis toujours, car se battre contre le servage, l’esclavage, les conditions de travail dans les usines du XIX ème siècle, était bien un sujet politique et d’écologie humaine. C’était bien à la fois l’environnement qui était impacté et chaque Homme.

Aujourd’hui, la question de la qualité du travail, rémunéré ou pas, est une question politique centrale. Pourquoi ?  parce que le travail fait à la fois l’Homme et donc la qualité de l’Homme, et l’environnement, et donc la qualité de l’environnement. C’est notre conviction au sein du Courant pour une écologie humaine.

Un travail violent dégrade l’Homme et aussi l’environnement. Voici le message qu’il faut porter dans les entreprises, les administrations, dans les nouvelles formes de travail précaires : c’est l’enjeu d’une écologie humaine authentique.

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