Post-accident nucléaire : le rôle des autorités publiques

5 Juin, 2017 | Non classé

Après un accident nucléaire, c’est une société entière qui change et doit faire face. Les populations locales face aux conséquences à long terme des catastrophes nucléaires : les enseignements de Fukushima et de Tchernobyl est un ouvrage qui aborde la complexité d’une situation post-accidentelle. L’extrait (p.35) ci-dessous concerne les autorités publiques qui doivent trouver des mesures adéquates et retrouver la confiance perdue des populations locales.

dessincentrale

« Le pouvoir des autorités publiques est remis en cause par le bouleversement de l’équilibre social. Elles n’étaient pas préparées à faire face à la complexité d’une situation post-accidentelle et leurs premières réactions peuvent viser surtout à préserver leur pouvoir. Les initiatives citoyennes sont parfois vues comme une menace plutôt que comme une solution. Pour les autorités publiques centrales et régionales en charge de la gestion post-accidentelle, la complexité provient de l’existence d’objectifs éventuellement contradictoires et de possibles conflits entre les divers mandats des acteurs publics, qui sont le plus souvent organisées en “silos” spécialisés. Des compromis peuvent parfois être envisagés (par exemple pour concilier la protection de la santé et la sauvegarde des activités économiques et sociales), mais ils ne peuvent être décidés que par les acteurs locaux eux-mêmes dans leur propre contexte. La conception des politiques publiques post-accidentelles nécessite donc un niveau de subsidiarité et de coopération avec les acteurs locaux. 

Notamment, les politiques de protection de la santé et de radioprotection influent sur d’autres dimensions essentielles de la vie de la population, qui sont également importantes – y compris pour les acteurs publics : activités économiques, cohésion sociale, capacité des acteurs locaux à répondre à leurs besoins par eux-mêmes. Il existe également des cas où les autorités n’ont pas de réponse aux questions des acteurs locaux (par exemple du fait d’un manque de ressources ou de connaissances).

Pour les experts, la complexité dépend de différents facteurs. Ils doivent composer avec l’existence d’incertitudes à court terme – par exemple en ce qui concerne les caractéristiques de l’accident – mais aussi à moyen et long terme, par exemple pour ce qui concerne les effets de faibles doses et de la contamination à long terme sur la santé et l’environnement. De plus, différents domaines d’expertise doivent être mobilisés ensemble pour répondre aux questions posées par la population. Ces questions sont multidimensionnelles, alors que l’expertise est organisée de manière sectorisée et spécialisée. Un troisième facteur de complexité pour les experts réside dans le fait que leur rôle n’est pas purement technique mais aussi social dans la mesure où ils sont souvent engagés dans un grand nombre d’interactions : entre experts (à l’intérieur et à l’extérieur des institutions), avec les autorités, avec les populations locales, avec les médias. Les experts peuvent être appelés à jouer divers rôles : comprendre, décrire et évaluer la catastrophe et ses conséquences, modéliser et prévoir, expliquer et communiquer, conseiller les décideurs, informer les citoyens, prévenir en cas de mauvaises orientations, critiquer, décider… »

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