Cosméthique ?

5 Août, 2021 | CONSOMMATION, SOCIÉTÉ DE BIEN COMMUN, TEMOIGNAGES

Carole Marchais est la fondatrice des Happycuriennes, première ligne de soins cosmétiques biologiques (1) co-créée par sa communauté, qui prône un rituel de beauté minimaliste et un état d’esprit joyeux, l’happycurisme, pour une peau heureuse au quotidien !

Cet article est issu du livre  « Société de Bien Commun vol.2, révéler l’humanité, combattre l’inhumanité ».

“La cosmétique conventionnelle s’est détournée depuis bien longtemps de son objectif premier, à savoir prendre soin des femmes et des hommes, apporter du bien-être, sublimer la beauté, une beauté plurielle, améliorer la confiance en soi, et ce, dans le respect de notre environnement.”

“Chimiste et cosmétologue, j’ai exercé pendant douze ans dans l’univers de la cosmétique en tant que responsable de formulation en laboratoire puis de projets marketing et de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Au terme de ces douze années, l’univers de la beauté m’est apparu vide de sens, de plus en plus superficiel, trompeur et culpabilisant. Je voyais alors cette industrie du rêve (2) comme une activité mercantile qui proposait une multitude de produits inutiles, très pauvres en principes actifs et sans âme. Je ne voyais plus que leur soi-disant « super pouvoirs révolutionnaires » capables de transformer votre apparence en un clin d’œil. Je m’indignais surtout de leur « super pouvoirs malveillants » à souligner nos plus infimes défauts en affichant ces femmes (faussement) parfaites (sur un modèle standard imposé) et des slogans aux promesses insupportables et impossibles à tenir. Tout cela m’a paru soudainement appartenir à un monde imaginaire auquel je n’avais plus envie d’appartenir.
J’ai donc décidé de prendre du recul et un nouvel envol plus en accord avec mes valeurs en partant à la découverte des ONG (3) environnementales et humaines.

À cette époque, j’ai créé un blog que j’ai appelé « Génération Cosméthique (4) » où je partageais une autre vision de la beauté, plus naturelle, authentique et bienveillante.
À mon sens, la cosmétique conventionnelle s’est détournée depuis bien longtemps de son objectif premier, à savoir prendre soin des femmes et des hommes, apporter du bien-être, sublimer la beauté, une beauté plurielle, améliorer la confiance en soi, et  ce, dans le respect de notre environnement, au sens global. Il manque un véritable état d’esprit bienveillant où il est question de beauté holistique dans le paysage de la cosmétique traditionnelle. La beauté holistique va bien au-delà des apparences et de la beauté extérieure, elle intègre la beauté intérieure de chacun(e), notre personnalité, notre état émotionnel, nos qualités, notre rapport bienveillant à l’autre… Et elle prend en compte la beauté du monde dans la globalité de son écosystème : nous les humains, nos amis les animaux et notre maison commune, l’environnement.

Dans le monde actuel de la cosmétique traditionnelle, plusieurs éléments me dérangent particulièrement :

  • cette perpétuelle incitation à surconsommer pléthore de produits (un produit par action ciblée quand un seul produit peut répondre à tous les besoins essentiels de la peau) aux promesses miraculeuses impossibles à tenir : produits « jeunesse », « anti-âge », « amincissant », « teint zéro défaut »…
  • ces produits gorgés de substances avérées et / ou potentiellement nocives dont les fameux perturbateurs endocriniens. Ainsi, « lors d’un précédent pointage en février 2017, un an après avoir initié sa liste, l’UFC-Que Choisir (5) avait appelé les consommateurs à alimenter eux-mêmes sa base de données (6), qui épinglait alors 400 produits. L’association identifie désormais 12 composés « préoccupants » (perturbateurs endocriniens, allergisants, irritants, etc.), contre 11 précédemment, et a repéré 23 produits incorporant dans leurs formules des substances « rigoureusement interdites » et pourtant vendus sur le marché, selon son communiqué.»
  • cette soif de vendre toujours plus de nouveautés sans prendre en compte le respect de l’environnement de manière globale : depuis le choix des matières premières jusqu’à la fin de vie des produits, alors que les trésors de beauté que l’on puise dans la nature sont les principaux arguments marketing fièrement revendiqués. Si la valorisation de plantes exotiques est très en vogue, force est de constater que la prise en charge du recyclage de ses propres emballages est bien moins tendance !
  • cette manie de fanfaronner du « Made in France » derrière lequel se cache la seule présence d’un laboratoire en France alors qu’on sait très bien que seul le savoir-faire cosmétique est basé en France. Quid de la provenance des ingrédients, quand on a le choix entre une qualité « premium » française et une à l’autre bout du monde, sans vraie traçabilité ? Bien souvent, c’est le porte-monnaie qui fait pencher la balance.
  • et surtout cette pression de perfection imposée aux femmes (et aux hommes), via des messages qui promettent monts et merveilles et nous obligeraient presque à être éternellement jeunes, minces et sans défaut ! Sans parler des publicités qui affichent des stéréotypes de beauté superficiels retouchés par des logiciels… Si c’est l’apanage de nombreux acteurs du secteur conventionnel, fort heureusement, la marque DOVE dénote dans ce paysage de perfection en montrant des femmes au naturel,avec ses campagnes de Beauté Vraie (7).

La cosmétique traditionnelle est un univers plutôt déshumanisé qui crée de la culpabilité, génère de la comparaison et des complexes inutiles à un ensemble de personnes qui cherchent simplement à prendre soin d’elles. Cela vaut également pour de nombreuses marques de cosmétiques naturelles et bio mais c’est clairement en train de changer depuis peu…

C’est dans ce contexte que j’ai choisi de créer la première marque de cosmétique vitalisante : biologique, dans un joyeux esprit minimaliste, bienveillant, respectant et valorisant la beauté de la vie sous toutes ses formes. Je l’ai baptisée Les Happycuriennes pour célébrer toutes ces femmes (imparfaites) qui rayonnent de beauté grâce à un quotidien centré sur leurs bonheurs ! Pour moi, le bonheur démarre là où la recherche de perfection prend fin, et c’est cela que je veux insuffler à travers cette marque, au-delà de soins de très grande qualité et sains pour la santé. Je souhaiterais que chacun(e) d’entre nous puisse lâcher prise quant à son apparence, s’affranchir du regard des autres, s’accepter tel qu’il est, et s’aimer ainsi pour mieux aimer les autres… J’aimerais que l’univers de la cosmétique mette en avant des messages plus humains ; qu’il offre d’approfondir un regard sur l’Homme dans toutes ses dimensions, dans toute sa profondeur, plutôt que des promesses superficielles basées sur l’image. L’industrie de la cosmétique est régie par une législation européenne qui fixe un cadre à respecter en termes de composition des produits (c’est-à-dire d’ingrédients ; il existe une liste d’ingrédients interdits, qui ne cesse de s’allonger, d’ailleurs) et de revendications faites sur les emballages / publicités, les fameuses promesses. Si cette législation est draconienne sur certains aspects, elle est laxiste sur d’autres. Elle vise avant tout à ne pas nuire à la « santé » d’autrui, à ne pas induire en erreur le consommateur, notamment sur la potentielle confusion entre un médicament qui « soigne » et une cosmétique qui « accompagne ». Mais il existe plusieurs manquements dans cette législation, à mes yeux. Il pourrait y avoir notamment l’application du « principe de précaution » qui interdirait de mettre sur le marché tout ingrédient présentant un risque potentiel sur la santé humaine. Un exemple : il y a beaucoup de questionnements aujourd’hui autour des perturbateurs endocriniens et on sait développer des produits qui en sont dépourvus. Pourquoi n’appliquons-nous pas ce principe de précaution ? Un produit cosmétique est supposé offrir des bienfaits à la peau et non un risque de santé altérée ! Dans le même registre, il existe une panoplie d’ingrédients allergisants dont on autorise la présence à des dosages maximum. On sait très bien qu’à terme, il faudra les interdire car la problématique d’allergie augmente d’année en année, avec toutes les cochonneries auxquelles notre peau est soumise.

Fin 2017, suite à une enquête de la DGCCRF (8) sur la présence de conservateurs non autorisés dans des produits cosmétiques, 140 produits ont ainsi été retirés du marché car non conformes à la législation et étant susceptibles de provoquer des allergies graves (9). On avance dans la bonne direction… Les associations UFC-Que Choisir et 60 millions de consommateurs (10) aident beaucoup à faire avancer les choses en dénonçant des marques aux produits nocifs.
Par ailleurs, il existe un bureau de contrôle des publicités, l’ARPP (11), qui est supposé réguler les messages diffusés. Malheureusement, ce dernier n’est pas suffisamment exigeant et laisse passer des promesses trompeuses et irréalistes : « Remonter le temps », « divise vos rides par deux », « redéfinir la jeunesse », « jeunesse bluffante », « crème silhouette », « peau parfaite »… Je continue ou je m’arrête ?
Aux États-Unis, une grande marque française très connue a été épinglée « pour publicité mensongère, elle aurait violé les lois américaines en terme de publicité en attribuant faussement à certaines de ses crèmes des vertus amincissantes. » (12)
Une autre marque française, elle aussi très connue, a été également épinglée pour publicité mensongère en Suède (13). En cause, une campagne litigieuse sur des soins « antirides » concernant six crèmes qui vantaient les capacités de ces crèmes à réduire les rides du visage sans preuves scientifiques suffisantes. Le terme « anti-rides » devrait être interdit à mon sens. On ne peut pas lutter contre le temps… et si on finissait plutôt par accepter le temps qui passe avec bienveillance ?

À mon sens, il devrait y avoir effectivement une meilleure régulation des produits cosmétiques par des autorités compétentes mais les lobbies sont tellement forts que je préfère compter sur des marques vertueuses pour changer les choses, et sur les consommatrices pour plébisciter ces dernières ! Je rêve d’un univers cosmétique où
seuls des messages bienveillants et valorisants habilleraient nos flacons, pour un réveil de bonne humeur au petit matin ou un joyeux coucher, le soir avant de retrouver Morphée. Un univers où l’on encouragerait les femmes et les hommes à croire en eux et en leur beauté, à relever des défis, à créer du lien, à changer le monde
en commençant par leur beauté intérieure, à respecter leur environnement, à diffuser du bien-être et de l’amour autour d’eux. C’est toutes ces petites graines que j’essaye de faire germer à travers Les Happycuriennes, pour une beauté plus naturelle, sensée, humaine, décomplexée et positive !

Les Happycuriennes a été lancée en décembre 2015 après une campagne de financement participatif (14) réussie en juin 2015 et la co-création avec plus de 700 femmes qui ont exprimé leurs besoins et donné leurs avis à toutes les étapes de développement. Aujourd’hui, la famille des Happycuriennes compte plus de 5000 personnes, fidèles clientes, experts en bien-être, partenaires distributeurs ou points de collecte. C’est la première ligne de soins bio, sans usage de produit d’origine animale, et slow, composés de 4 soins soigneusement formulés à froid pour des actifs plein de vitalité et une vraie efficacité. Plus de 78 % des plantes utilisées sont nées dans les terroirs du Sud-Ouest pour valoriser nos régions françaises.

Le taux de fidélité est impressionnant, nos Happycuriennes aiment la qualité et la simplicité d’utilisation des produits, avec une grande efficacité, « une seule dose suffit » leur permettant une longue duré d’utilisation, l’éthique de la marque et sa philosophie. Elles apprécient « un côté vivant, un côté humain qu’il n’y a pas forcément dans les autres marques », « l’état d’esprit de Carole, sans faux discours, on n’est pas là pour vendre du vent », « les attentions personnalisées de Carole avec des petits mots dans les colis », « C’est une marque qui fait appel à l’intelligence de ses clientes (…) On peut réfléchir sur sa peau, avec quelqu’un qui s’y connaît, avec des conseils. (…) Elle nous faire prendre confiance en nous ! », « Ce que j’aime le plus dans le concept de ces produits, c’est le fait de mettre en avant la beauté simple et le chouchoutage obligatoire. »


Je terminerai en m’adressant directement à vous, chers lecteurs et chères lectrices : ce sont vos choix de consommation qui impactent positivement le monde ! Vous avez le pouvoir de changer les choses en bougeant les lignes dans vos propres domaines de compétence mais aussi en adoptant la slow bonheur attitude en 5 points :
1. Apprenez à lire les listes d’ingrédients, ce n’est pas si sorcier que cela ! On vous aide sur notre site.
2. Renseignez-vous un maximum avant d’acheter, si l’info n’est disponible sur la toile, interrogez les marques quand vous avez des doutes.
3. Privilégiez la qualité, le minimalisme et les produits certifiés lors de vos achats.
4. Encouragez le vrai made in France pour que nos paysages restent colorés et que nos agriculteurs aient des nouvelles sources de revenus.
5. Exprimez vos voix dès que vous en ressentez le besoin et votez avec votre porte-monnaie ! Enfin, cultivez le bonheur, c’est le meilleur des cosmétiques, et répandez-le partout autour de vous ! Et cultivez la bienveillance à votre égard, acceptez-vous tels que vous êtes, aimez-vous, prenez soin de vous, pour aimer et mieux prendre
soin des autres… on ne le redira jamais assez.

Voilà une façon assez simple de faire émerger une Société de Bien Commun, à mon sens.


1. Les produits des Happycuriennes sont labellisés Vegan & Cruelty Free (R), ce qui signifie qu’ils sont fabriqués sans produit d’origine animale, qu’ils ne font pas l’objet de tests sur les animaux et que la marque s’engage à ne pas être vendue dans les pays qui les obligent encore.

2. Industrie du rêve qui m’avait tant attirée autrefois !
3. ONG : Organisation Non Gouvernementale. Organisme financé essentiellement par des dons privés, qui se consacre à l’action humanitaire.
4. http://generationcosmethique.com/L’UFC-Que Choisir est une association de consommateurs : https://www.quechoisir.org/ https://www.quechoisir.org/comparatifingredients-indesirables-n941/
5. L’UFC-Que Choisir est une association de consommateurs: https://www.quechoisir.org/
6. https://www.quechoisir.org/comparatifingredients-indesirables-n941/
7. https://www.dove.com/fr/stories/campaigns.html
8. DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de larépression des fraudes.
9. Source : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/produits-cosmetiques-140-references-non-conformes-retirees-marche
10. https://www.60millions-mag.com/
11. ARPP : Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité : https://www. arpp.org/
12. https://strategies.fr/actualites/marques/233937W/l-occitane-paie-450-000-dollars-d-amende-pour-publicitemensongere.html
13. http://www.strategies.fr/actualites/marques/208461W/l-oreal-condamnepour-publicite-mensongere-en-suede.html
14. Plus destinée à sensibiliser sur des sujets qui me tenaient à coeur qu’à financer le lancement. Labellisation bio et excluant tout produit d’origine animale des produits, et recyclage des emballages.

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