Fleur de Roche #CoupDeCoeurLecture

15 Avr, 2024 | Non classé

Ce mois-ci, nous restons en Italie ; d’est dans les montagnes du Frioul italien que se tient le roman Fleur de Roche, d’Ilaria Tuti, paru aux éditions du Stock. Une histoire passionnante au cœur des affrontements entre l’Italie et l’Empire Austro-Hongrois lors de la Première Guerre Mondiale. Merci à La librairie d’Hélène pour ses conseils !

Fleur de Roche

Fleur de Roche : l’histoire

Les bombes larguées par les Autrichiens sifflent sur les cimes de la Carnie, dans le Frioul italien. Mille mètres plus bas, les femmes les entendent et prient pour que leurs hommes soient épargnés. Agata prie aussi. Elle qui a abandonné ses études pour s’occuper de son père malade, elle qui a une maison remplie de livres qu’elle n’a plus le temps de lire depuis que la Grande Guerre a fait d’elle “une porteuse”.

Chaque matin, à l’aube, Agata court vers les entrepôts militaires de la vallée, remplit sa hotte de vingt, trente, parfois quarante kilos de nourriture et de munitions et se lance à l’assaut de la montagne. Elle marche des heures dans la neige pour atteindre les lignes de front où sont retranchés les militaires qui tentent de repousser les assauts des Autrichiens. Un voyage épuisant et dangereux qu’elle entreprend avec ses amies du village. Ensemble, les porteuses chantent pour se donner du courage, parlent pour couvrir le bruit des armes, et quand elles redescendent, leurs hottes sont vides mais leurs mains tiennent les brancards des blessés à soigner ou des morts à enterrer.

L’avis d’Isabelle

Peu à peu, les exploits de femmes remarquables font l’objet de récits qui les sortent enfin de l’ombre, et c’est tant mieux.

En 1915, le conflit entre l’Italie et l’Empire austro-hongrois s’étend dans la région montagneuse du Frioul et les combats font rage. Un officier fait une demande pressante auprès des femmes du petit village de Timau, près de la frontière autrichienne pour apporter des vivres et des munitions aux différents campements dans la montagne.

Agata, Viola, Lucia, Maria, Caterina et les autres, chargent leurs hottes et grimpent livrer le matériel aux soldats.
Les trajets deviennent quotidiens, montant équipements, explosifs, lettres et descendant linge sale, et même corps de soldats pour leur offrir une sépulture décente dans le cimetière du village, tombes qu’elles creusent elles-mêmes.
Entre temps, elles se consacrent à leurs tâches habituelles : enfants, parents malades, travaux des champs et soins aux bêtes …

Leur courage et leur endurance font l’admiration des officiers et des soldats. Un roman qu’on ne lâche pas et qui émerveille.

Fleur de Roche : extrait

“J’erre un peu à l’arrière, l’activité du front se déploie autour de moi sans m’effleurer. J’entends des bannières claquer, je suis la course du vent et mes pas montent, de la blancheur émerge de la hampe qui soutient le drapeau. Le brouillard continue de monter, il se déplace en vagues puissantes, des lames gigantesques labourent les îlots des sommets et se déversent en cascades bouillonnantes.

Brisez vos fusils, rentrez chez vous. Que les lames servent à retourner la terre et que les mains des hommes caressent les joues des enfants et des femmes amoureuses, si fatiguées de tenir sur leurs épaules le poids d’un conflit. La nature palpite de vie, continue de germer et d’engrosser des ventres, tandis que l’homme succombe à son frère. L’aujourd’hui semble être dans l’ignorance de soi. “

Qui est Ilaria Tuti ?

Auteur de Polar à succès avec Sur le toit de l’enfer (éd. Robert Laffont, 2018) ou encore Fille de cendres (éd. Pocket, 2023), l’écrivaine italienne se lance dans un nouveau genre, celui du roman historique. Dans cet ouvrage consacré à la figure des femmes pendant la guerre, Tuti souhaite leur faire justice et leur rendre hommage. Étant elle-même originaire de la région du Frioul, l’on sent à travers les 320 pages de ce roman, l’amour et l’admiration de l’auteur pour cette petite région frontalière de l’Autriche et de la Slovénie.


Continuez votre voyage en Italie avec 40 manteaux et un bouton d’Yvan Sciapeconi.

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance