Après une certaine lassitude à trouver les légumes (salades, courgettes…) décomposés au fond du bac à légumes deux jours après les avoir achetés, la nostalgie de manger des fruits et légumes dignes de ce nom – celui ou celle qui a eu la chance de manger des fraises ou des tomates du jardin saura ce que cela signifie – a pris le dessus et m’a amenée à chercher une solution.
Acheter sur les marchés pourrait bien être une possibilité, cependant, le lieu d’habitation ainsi que les contraintes professionnelles ne permettent pas toujours d’y accéder. Ainsi donc, après plusieurs années de recherche, est apparue par le bouche à oreille, l’idée des AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne).
QU’EST-CE QUE C’EST ?
Les AMAP sont destinées à favoriser l’agriculture paysanne et biologique qui a du mal à subsister face à l’agro-industrie. Le principe est de créer un lien direct entre producteurs et consommateurs, qui s’engagent à acheter la production de celui-ci à un prix équitable et en payant par avance.
D’où vient l’idée des AMAP ? Dans les années soixante, au Japon, des mères de famille s’inquiétèrent des conséquences de l’intensification de l’agriculture, et eurent le sentiment d’empoisonner leurs enfants en les nourrissant. Elles décidèrent alors de se regrouper et de passer un contrat avec un agriculteur : en échange de la garantie d’achat de toute sa production à l’avance, l’agriculteur s’engagea à cultiver sans produits chimiques. Ainsi naquirent les premiers « Teikei », que l’on peut traduire par « mettre le visage du paysan sur les aliments ».
« Les AMAP sont destinées à favoriser l’agriculture paysanne et biologique qui a du mal à subsister face à l’agro-industrie. Le principe est de créer un lien direct entre producteurs et consommateurs, qui s’engagent à acheter la production de celui-ci à un prix équitable et en payant par avance. »
UN PANIER PAR SEMAINE
Le principe est simple : deux fois par semaine (le mardi et le vendredi de 18h à 19h) le producteur distribue sa production de saison aux consommateurs (aussi appelés « Amapiens »). Chacun choisit le jour où il viendra retirer son panier.
Il y a donc un panier par semaine à retirer. Le panier pour 2 personnes revient à 11€ et celui d’une famille (4 personnes) revient à 22€. Ce panier contient entre 7 et 10 variétés différentes. Des recettes sont également partagées via un journal interne.
LES ENGAGEMENT DU PRODUCTEUR
Le producteur s’engage de son côté à suivre une agriculture paysanne : « respectueuse de la nature, qui participe au maintien des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées, valorise les ressources abondantes et économise les ressources rares. Il s’engage également à produire selon des techniques de la charte bio »1.
Nous rencontrons systématiquement les producteurs lors de la livraison des paniers. C’est d’ailleurs l’occasion d’échanger sur les attentes de chacun. A chaque début de saison, un comité de pilotage définit le prix moyen des produits ainsi que les variétés à développer.
LES ENGAGEMENTS DU CONSOMMATEUR
Le consommateur s’engage à régler ses paniers à l’avance en plusieurs chèques (au nombre de 6) et à honorer les termes du contrat en acceptant les baisses de volume en cas d’aléas de production ou climatiques.
Il s’engage également à participer au fonctionnement de l’association : au chargement, déchargement des denrées (30 minutes avant et après la distribution) et au moins une fois à la distribution (en 6 mois).
LES AVANTAGES DE L’AMAP
Les avantages de cette formule :
- Des produits de qualité qui ont une saveur et une conservation exceptionnelle
- La redécouverte de la saisonnalité des produits (choux en hiver, tomates l’été, fraises en juillet,…)
- La découverte de variétés anciennes ou oubliées telles que le chou-rave, le pannais, le topinambour, etc.…
- Une solidarité et une proximité avec le producteur qui parle de ses produits
- Un lien social convivial et chaleureux lors des distributions (échanges de recettes, etc.…)
- Le retour à la confiance (chacun constitue son panier en le pesant. Par exemple : 1 kg de pommes de terre, 2 potimarrons, etc.…)
Et le producteur, que pense-t-il de ce système ? Suite au prochain numéro !
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Je vois deux risques dans votre article.
1°) Attention à ne pas faire de la “proximité” une valeur qui a ses limites. Certes le commerce, surtout en temps de crise, n’a pas comme seul objectif d’échanger des biens. Son autre vocation est de créer du lien. Il peut participer à un véritable projet de vie en commun. Mais, à trop se focaliser sur le concept de proximité, on risque de négliger une problématique autrement plus grave. En effet, les opinions ambiantes ne contestent plus un certain libéralisme douanier qui est à l’opposé du maintien d’une agriculture paysanne dans les pays éloignés qui sont souvent les plus pauvres. Il ne faut pas se limiter à des solidarités locales ou à l’organisation de réseaux sociaux avec des consommateurs qui se qualifient eux-mêmes de locavores.
Toute distance, qu’elle ressemble à la proximité ou à l’exotisme, n’est pas une valeur en soi. Tout dépend ce qu’on sous entend derrière cette sémantique. Il est des mots comme proximité, ou diversité, qui peuvent devenir des idéologies.
2°) Comme vous le signalez, les AMAP ont pour vocation de produire de l’agriculture biologique. Mais le “bio” laisse croire que les phytosanitaires sont dangereux, ce qui n’a rien d’évident quand les procédures sont respectées. Ce n’est pas parce que ce sont des poisons qu’ils ne peuvent pas être utilisés avec précaution. Sinon, autant interdire tous les produits qui sont dans nos pharmacies. Ce sont des poisons. N’oublions pas que le premier gaspillage, ce sont les mauvaises herbes qui réduisent les rendements de 50% dans la plupart des pays les moins avancés. C’est l’ONU qui le dit. L’agriculture bio risque de devenir une forme d’écologie qui pourrait être une sorte « d’esthétisme de luxe » comme le soulignait Mgr Vingt-Trois le 9 novembre 2011.
à “un volant”: Bonjour, en réponse à votre commentaire, qui relève deux points de discernement imporant, je voudrais souligner que: 1- cette article, si je l’ai bien lu, ne prétend pas imposer le “local” ou la “bio” comme références, mais simplement présenter le principe des AMAP, qui sont, à mon avis, une forme très concrète et très aboutie d’application de l’écologie humaine aujourd’hui 2-le côté “local” de l’AMAP en est une composante essentielle, parce que l’AMAP a justement l’immense mérite de créer un lien entre le producteur et le consommateur. Seul l’ancrage local permet cette rencontre de deux mondes qui s’ignorent le plus souvent, et de replacer l’homme au coeur de l’échange commercial. Seul l’ancrage local permet, justement, de confronter les rêves écologistes des citadins à la réalité de la production agricole 3-L’AMAP permet en particulier de mieux appréhender l’impact des différentes formes d’agriculture, y compris celui de la certification BIO. Celle-ci, encore une fois n’est pas un but, un absolu, mais un moyen de réorienter l’agriculture vers un plus grand respect de la vie, à commencer par celle du producteur.
Je vous remercie de m’avoir fait découvrir l’AMAP . Pour moi , simple citoyenne , je ressens l’urgence d’une nourriture simple , respectueuse de la nature . Tous ces pesticides qui empoisonnent la nature nous empoisonnent par conséquent. Cela est du simple bon sens . Nous ne sommes pas là pour contrôler et modifier la nature mais pour la respecter et la protéger et cela va devenir à court terme une question de vie ou de mort pour notre planète . Le bio n’est pas un esthétisme de luxe mais une solution vitale pour l’espèce humaine .