La mobilisation massive contre l’établissement par l’État d’une filiation homoparentale montre l’importance des repères symboliques autour de ce que le psychiatre Jean Guyotat a appelé la « filiation instituée » [8]. En effet, établir pour l’enfant de nouvelles règles de filiation, telles qu’être l’« enfant de deux pères » ou l’« enfant de deux mères », bouleverse profondément les repères qui participent à la construction psychologique de l’identité. L’enfant incarne alors une équation inconcevable dans la réalité : aucun être humain ne peut être conçu de deux hommes ou de deux femmes, si ce n’est par un artifice technique dont on sait qu’il sera autorisé officiellement par la suite.
LA MAÎTRISE DE L’HOMME SUR LA PROCRÉATION HUMAINE EN QUESTION
En réalité, ces questions de l’homofiliation et de l’homoprocréation interviennent avant tout comme un révélateur. La crise est antérieure et doit conduire à une réflexion critique sur la maîtrise postmoderne de la procréation humaine (contraception, interruption de grossesse, diagnostic prénatal, procréation médicalement assistée). Ces pratiques, aujourd’hui synonymes de libération et de progrès, constituent un bouleversement sans précédent dont nous commençons tout juste à prendre la mesure [4,5,7,10,11]. Il s’agit d’en analyser les logiques sous-jacentes.
En particulier, cette révolution sexuelle et procréatique est impossible sans une instrumentalisation de l’enfant à naître. Nous sommes passés du rapport de domination homme-femme, dénoncé par le féminisme, à un rapport de domination du couple sur l’enfant à naître. En témoigne la logique de « surproduction », de sélection et de « surconsommation » des embryons et des fœtus humains. De quoi s’agit-il ? Voici quelques chiffres. En France, dix ans de pratique de la fécondation in vitro au rythme actuel (10.000 enfants par an) nécessitent la production de 2,2 millions d’embryons humains, chiffre vertigineux (« rendement » de 3 à 5 enfants nés pour 100 embryons fécondés in vitro) ! Toujours dans notre pays, la contraception par stérilet favorise vraisemblablement la procréation et l’élimination de quelques millions d’embryons humains par an, en raison de l’activité antinidatoire de ce mode de contraception (environ 3,5 millions d’utilisatrices en 2010). Les deux cent mille interruptions volontaires de grossesse (IVG) annuelles pratiquées depuis 1975 au cours des 10 à 12 premières semaines de grossesse, représentent l’élimination de 7,4 millions d’enfants à naître, soit une population d’environ 4,5 millions d’enfants dits « non-désirés » qui seraient nés si ces IVG n’avaient pas été pratiquées… Le diagnostic prénatal de la trisomie 21, de plus en plus performant, aboutit dans 95% des cas à la pratique d’une interruption médicale de grossesse (IMG). Bientôt, une population entière, génétiquement discriminée, celle des personnes atteintes de trisomie 21, sera ainsi anéantie, ce qui m’a amené à parler de « génocide libéral » [2].
L’ECOLOGIE HUMAINE: ALTERNATIVE A UNE RÉVOLUTION SEXUELLE DÉCEVANTE
Les racines inconscientes de la parentalité postmoderne plongent dans ces statistiques incontournables et pourtant refoulées. Les parents et la société ont un véritable pouvoir de vie et de mort sur l’enfant à naître. L’enfant dit « désiré » de la société procréatique ne bénéficie guère de l’accueil sécurisant que la société croit lui accorder. Il est soumis à une authentique forme de violence sociale : la menace rétrospective de son élimination prénatale potentielle. La parentalité post-moderne s’établit sous un fond d’insécurité existentielle délétère dont la pratique clinique invite à mesurer les enjeux psychologiques [1].
Parallèlement, la révolution sexuelle et procréatique n’est pas une panacée. Il faut la juger à ses fruits. Nous aurions pu croire qu’elle permettrait de construire une harmonie homme-femme plus sereine, mais cela ne semble guère le cas si l’on en juge par le nombre des désunions conjugales et des conflits parentaux. Les souffrances liées à l’interruption de grossesse, pourtant bien présentes à de multiples niveaux, sont également objets de tabou. Peu de cliniciens les recherchent [6, 3]. Et si, pour Freud, la répression sexuelle qu’exerçait la société puritaine de son époque favorisait l’éclosion des névroses, la société d’aujourd’hui favorise davantage des profils de personnalité borderline ou pervers [9] dont les expressions pathologiques ne sont pas moins sévères.
Cette analyse ne doit pas nous laisser sombrer pour autant dans le pessimisme, ou l’idéalisation du passé. Une troisième voie est possible. Exigeante, elle doit prendre en compte les évolutions sociales, en particulier la nécessité d’un féminisme authentique, et doit inventer un nouveau rapport homme-femme respectueux de l’enfant à naître, pour un autre avenir de la procréation humaine. Cette autre voie qui vise à prendre soin de chacun des parents et de l’enfant, s’inscrit précisément dans le courant d’écologie humaine.
1- Bayle B. « L’enfant désiré, la parentalité et la procréatique » Dialogue, 2013 n° 199, p. 85-95.
2- Bayle B. À la poursuite de l’enfant parfait. L’avenir de la procréation humaine. Robert Laffont, 2009.
3- Bayle B. L’enfant à naître. Identité conceptionnelle et gestation psychique. Érès, 2005.
4- Bayle B. L’embryon sur le divan. Psychopathologie de la conception humaine. Masson, 2003.
5- Châtel M.-M. Malaise dans la procréation. Albin Michel, 1993.
6- Clerget S. Quel âge aurait-il aujourd’hui ? Le tabou des grossesses interrompues. Fayard, 2007.
7- Gauchet M. « L’enfant du désir. » Le Débat, 2004, n° 132, p. 98-121.
8- Guyotat J. Filiation et puerpueralité. Logique du lien. PUF, 1995.
9- Lazartigues A. « Réflexion sur les droits de l’enfant, les couples contemporains et l’éducation nouvelle. » La lettre du psychiatre, mai-juin 2006, vol. II, n°3, p. 97-101.
10- Vacquin M. Main basse sur les vivants. Fayard, 1999.
11- Vacquin M. « Filiation et artifice. Nouvelles techniques et vieux fantasmes. Point de vue psychanalytique. » Le Supplément, juin 1991, n°177, p. 131-149
Curieuse approche de l’écologie humaine au travers de la création d’un droit nouveau pour l’enfant à naitre…
L’histoire de l’humanité est faite de remises en cause des habitudes, des traditions, des dogmes, des organisations sociétales, etc… cette capacité à prendre le meilleure des évolutions , bien souvent le fruit de transgression est le propre de l’homme… Cela ne l’a hélas pas mis à l’abri des détournements et des effets pervers qu’accompagne chaque évolution.
les méthodes procréatives suivent les époques… et aujourd’hui les sciences offrent des possibilités incroyables… effrayantes…
Mais :
En quoi la genèse de l’enfant nuirait elle à l’épanouissement de l’adulte qu’il va devenir ?
En quoi la genèse de l’enfant nuirait elle à l’harmonie de notre société ?
En quoi la genèse de l’enfant pèserait elle sur l’avenir de l’espèce ?
L’ecologie humaine doit aider la medecine à se mettre au service de l’humanité…
Le premier droit de l’enfant, c’est celui de naitre dans une famille proposant un environnement propice à son épanouissement…. à commencer par du respect, de l’attention et de l’amour…. lui permettant de grandir, de se construire avec des repères.
La question que vous posez, pose celle de la capacité pour un ou plusieurs adultes à accueillir des enfants pour les accompagner en faire des adultes épanouis et équilibrés….
– la manière dont l’enfant est conçu n’est pas un facteur déterminant
– la sexualité des personnes qui s’en occupent pas davantage..
3 questions existentielles animent (consciemment ou non) l’Humain:
– Qui suis-je?
– D’où je viens?
– Où vais-je?
L’Humain ne peut se construire que difficilement à partir de réponses fausses, erronées, mensongères, falsifiée ou variables pour les 2 premières questions.
L’Humanité est faite d’Hommes et de Femmes. Un être humain est soit homme soit femme, pas les deux à la fois. Il reconnait la même humanité au sexe opposé car il s’en sait lui même issu.
Donner à l’être humain une réponse juste à chacune de ces 2 questions lui permettra de bâtir lui-même un début de réponse à la dernière question.
L’adoption est déjà ouverte aux célibataires (hétéro ou non) âgés de plus de 28 ans.
Ainsi, 2 homosexuels peuvent déjà adopter un enfant par la demande de l’un des deux.
L’adoption légale pour un couple homosexuel renforcerait la famille. Les deux pères seraient alors à égalité devant la loi.
Plutôt d’avoir un papa légal et un papa illégitime, l’enfant sera plus sécurisé avec 2 parents.
On invoque les besoins de l’enfant, mais quand-est-il du besoin des homosexuels à avoir un enfant?
Pourquoi un homme seul peut adopter quand deux hommes s’aimant ne le peuvent?
Je ne crois pas que l’article porte essentiellement son regard sur la question de l’adoption par des couples homosexuels, même si c’est une des questions. Sur un plan bien plus large les chiffres sur la fécondation in vitro sont de ce point de vue effrayants! (2,2 millions pour 100 000 enfants en 10 ans!).
Ce qui est inquiétant c’est évidemment ici la marchandisation de l’enfant, et la soumission de l’apparition de la vie à un processus technique qui a vocation a être maîtrisé par l’homme. Je ne crois pas que le fait de mettre la procréation entre les mains de la science et de la technique comme c’est le cas aujourd’hui puisse être vu comme une répétition de l’histoire. C’est quelque chose de tout à fait inédit. A moins de penser que soumettre à la technique ce qu’il y a de plus intime dans la procréation ne soit pas très différent du fait d’inventer la charrue pour labourer plus facilement la terre. Il y a évidemment des différences majeures, et leur relativisation (condition nécessaire aux pratiques actuelles) reste très récente.
Une différence majeure tient notamment à notre rapport au don. Là où l’apparition de la vie humaine met anthropologiquement l’homme devant le concept de don gratuit (de la vie reçue de nos parents et celle donnée à un enfant), il peut être tentant pour l’homme de vouloir tout maîtriser sur une chose si belle (qui par ailleurs est parfois blessée par certaines difficultés de la vie)… Sans se rendre compte que s’il achevait parfaitement un jour son idéal de maîtrise technique totale sur la procréation (chimérique de toutes façons), il aurait le même jour détruit ce qui justement l’attirait (comme un enfant qui serre trop dans sa main un petit animal et finit par l’étouffer sans le faire exprès). Si cet idéal se réalisait, la procréation serait en effet totalement vidée de ce don qui est situé au-delà de nous-mêmes dans la vie que nous recevons et que nous transmettons. Ne resterait plus qu’un don limité aux sphères de l’échange. Echange dont on sait qu’il est très souvent marchand dans nos sociétés, mais qui comporterait alors aussi ses espaces d’échanges gratuits, autant de dons qui ne seraient cependant plus limités qu’aux intentions humaines, puisque la technique aurait justement soumis la procréation à nos intentions en tentant d’exclure ce qui, en celle-ci, la dépassait.
Cela ne signifie pas que la technique n’ait rien à apporter en rapport avec la procréation, mais il est certain que cela signifie qu’il ne faut pas tout lui sacrifier dans ce domaine. Elle n’est pas en elle-même la principale finalité de ce qui est en jeu. L’article me semble citer des faits très clairs de ce point de vue sur le point de vue où nous nous situons aujourd’hui. Nous avons énormément sacrifié à la technique. En particulier, il devient de plus en plus banal de réduire l’embryon à un matériau dans notre manière de le définir ou de le traiter. Au prix bien sûr de toutes les contradictions puisque ce qui est un matériau quand un intérêt est en jeu (fécondation in vitro, recherche…) n’en est (heureusement) pas un quand une femme se réjouit de l’enfant qu’elle porte en elle. Alors en effet évitons le pessimisme, mais il également très souhaitable de faire évoluer radicalement une situation qui est aujourd’hui source de souffrances pour de nombreux parents et enfants.
Pour répondre à Geoffroy B.:
Vous soulevez le sens même que l’on peut donner à l’adoption.
Dépassionnons ce sujet en prenant une image.
Imaginez que vous soyez amputez des 2 pieds suite à un accident de la vie. En réparation de vos 2 pieds perdus, on vous propose de vous greffer au choix:
1ère proposition: une greffe de 2 pieds gauches
2ème proposition : une greffe de 2 pieds droits
3ème proposition: une greffe d’un pied gauche et d’un pied droit.
Que choisissez-vous?…
Maintenant imaginez qu’un enfant soit amputé des 2 pieds, que lui proposez-vous en réparation de ses 2 pieds perdus?…
Grefferait-on 2 pieds identiques sous prétexte qu’un pied est un pied et que 2 pieds gauches valent 2 pieds droits ou un pied gauche plus un pied droit?
Le pied gauche et le pied droit sont égaux, semblables mais pas identiques et encore moins interchangeables, bien qu’ils aient la même fonction. Est-ce “la société-chaussure” qui leur a imposé à l’un la forme d’un pied gauche et à l’autre la forme d’un pied droit?
Le problème que vous soulevez au sujet de l’adoption par une personne célibataire revient à “une greffe d’un seul pied” pour une personne ayant perdu “ses 2 pieds”. C’est une réponse incomplète pour un enfant “amputé” de ses 2 parents. Elle laisse néanmoins la place libre pour une éventuelle future “greffe du pied manquant”.
“l’enfant sera plus sécurisé avec 2 parents” écrivez-vous.
L’adoption par 2 personnes de même sexe est, quant à elle, si l’on reprend l’image de “la greffe de pieds”, inadaptée. Que direz-vous à l’enfant “greffé”, quand il vous interrogera sur cette différence qui ne lui échappera pas: qu’un pied est un pied? qu’il a 2 pieds “comme les autres”?… Tout le monde s’en lavera les mains! On lui dira que c’était pour l’égalité des pieds!
Vous évoquez aussi “le besoin d’enfant” des couples homosexuels. Vous confondez “besoin” et “désir”. Respirer, boire, s’alimenter, se vêtir, s’abriter, se laver…sont des besoins nécessaires ou indispensables. On peut “désirer” un enfant, mais on n’a pas “besoin” d’un enfant, à moins que vous n’évoquiez l’état de manque dû à un sentiment d’insatisfaction. “Désirer quelque chose” n’en fait pas un droit, encore moins un besoin (au sens de nécessaire et indispensable).
Pourquoi les couples hétérosexuels auraient-ils plus le droit d’adopter que les couples homosexuels, me direz-vous?
Il ne s’agit pas d’un quelconque privilège, mais de la réalité de toute personne, “de tout homme” (pour rejoindre la pensée de l’écologie humaine).
On veut accéder à la parentalité sans s’encombrer de sa réalité: l’hétérosexualité.
Mais voilà, la réalité est qu’il ne suffit pas de désirer un enfant, il doit être conçu. C’est là le
centre du problème : l’enfant ne peut être conçu que par hétérosexualité. Chacun n’est et naît
que par un homme et une femme.
Nous sommes tous « égaux » face à cette réalité. Car, que cela ne déplaisent à certains, si une
personne est père ou mère d’un enfant, quelle que soit son orientation sexuelle, elle l’est par
hétérosexualité, même brève ou épisodique, par conception naturelle ou par procréation
médicalement assistée. Si l’enfant est adopté, il n’échappe pas non plus à cette réalité : il a lui
aussi un père et une mère biologique.
Il ne faut pas confondre « Homosexualité » et « personne homosexuelle » : une personne
homosexuelle peut être le père ou la mère d’un enfant, conçu par hétérosexualité, mais
l’homosexualité, elle, n’a aucun lien avec l’enfant.
On peut dés lors s’interroger sur la légitimité de l’homosexualité à s’immiscer dans la filiation
d’un enfant. En quoi le fruit de l’hétérosexualité (l’enfant) serait-il un dû de la société à l’homosexualité? En quoi la société se doit de légaliser des situations créées illégalement, niant la place de l’autre sexe dans la filiation réelle de l’enfant?
Les mots ont leur importance pour mieux comprendre et se comprendre: utilisons les mots justes pour décrire la réalité. Les discussions et les débats n’en seront que plus riches et productifs.
Regardons nos pieds et méditons les pieds sur terre…
Imaginez à votre tour que qu’un enfant soit amputé des 2 pieds, et qu’on a en stock :
A. un couple de pieds droits robustes
B. un couple pied droit-pied gauche pas robuste
C. un pied droit robuste
Que choisissez-vous?
Prendrez-vous le risque de choisir C en espérant que le pied droit trouve pied gauche à son pied assez rapidement pour avancer?
Préféreriez-vous B à A parce que la qualité droite/gauche vous semble essentielle?
Ou choisiriez-vous A en prenant bien soin d’expliquer à l’enfant que ce ne sont pas ses pieds naturels, mais qu’ils ont été choisis pour qu’il puisse avancer le mieux possible?
Quand au mot “besoin”, en effet, le terme que j’aurais du utiliser et “désir”.
Je ne dis pas que l’enfant soit un dû aux couples homosexuels. Mais je pense que dans certaines circonstances (en fonction de la liste des adoptants potentiels), un enfant sera plus épanoui élevé par un couple homosexuel, et, partant, l’adoption ne doit pas être systématiquement interdite aux couples homosexuels.
(Excusez les fautes de la première phrase : “à votre tour qu’un […] qu’on ait en stock”)
Merci Geoffroy B pour votre réponse et aussi d’amorcer une discussion sur le sujet.
Tout d’abord, je ne mets nullement en doute les capacités des uns et des autres à élever un enfant. Il n’y a donc pas de “qualité” (pour reprendre votre terme) supérieure des uns par rapport aux autres. Le problème est que dés le début les termes et qualificatifs employés sur le sujet orientent volontairement les réponses selon ce que l’on veut faire admettre au plus grand nombre. Vous qualifié de “robuste” ou de “pas robuste” selon l’orientation que vous souhaitez donner à ma réponse. Si nous voulons être objectifs et honnêtes, votre question doit permettre de comparer ce qui est comparable. Il serait plus juste de me proposer de choisir entre:
A- 2 pieds droits robustes
B- 1 pied droit et 1 pied gauche robustes
C- 1 pied droit robuste
ou bien entre:
A- 2 pieds droits pas robustes
B- 1 pied droit et 1 pied gauche pas robustes
C- 1 pied droit pas robuste
Autre exemple, pour vous montrer que la façon de poser une question oriente la réponse, j’aurai pu formuler de la façon suivante:
A- 2 pieds droits pas robustes
B- 1 pied droit et 1 pied gauche robustes
C- 1 pied droit robuste
Ce que je n’ai pas fait…
Pour ma part, je ne choisirai pas C.
(Oups ! “Vous qualifiez” et non “vous qualifié”… ça m’arrive aussi!)
De même, vous avez orienté votre réponse en ne donnant pas d’autres attributs que gauche/droite, et en choisissant l’image des pieds. Car marcher avec 2 pieds droits est a priori difficile.
Empêcher systématiquement l’adoption aux homosexuels signifierait qu’en aucune circonstance l’adoption par un couple homosexuel soit la meilleure solution pour l’enfant.
C’est pourquoi j’ai choisi volontairement ce que je considère comme un contre-exemple pour appuyer mon dire.
Je pense qu’il est mieux de leur accorder ce droit, quand bien même il se concrétiserait peu souvent (si on trouve souvent un bon couple hétérosexuel), que de leur refuser dans tous les cas.
Dans vos exemples, je choisirais les réponses B. Mais dans le mien, je choisirais la réponse A.
Concernant la quête d’identité de l’enfant, le problème n’est pas très différent des enfants adoptés par des parents de couleur de peau différente, ou adoptés par un seul parent.
Dans tous les cas, il faut prendre son temps d’expliquer cette incohérence à l’enfant, lui expliquer l’adoption.
Nous en revenons à la question du début:
Quel sens donne-t-on à l’adoption?
– l’adoption a-t-elle pour but de “réparer”, “redonner” à l’enfant ce qu’un accident de la vie lui a ôté? Elle répond alors à un besoin de l’enfant (en ce cas l’exemple des pieds est approprié)
ou bien:
– l’adoption a-t-elle pour but de “combler” le désir d’enfant des adultes? (Elle répond à un désir et non à un besoin de l’adulte).
Je crois pour ma part que l’adoption doit avoir pour but de répondre à ces 2 questions à la fois pour rester juste. Mais n’avons-nous pas perdu l’objectif de la première question?
Il y a des personnes qui souffrent d’avoir manqué d’affection, mais il y aussi des personnes qui souffrent d’avoir manqué d’un père et d’autres encore qui souffrent d’avoir manqué d’une mère et ce malgré toute l’affection qu’ils ont pu recevoir. Réduire l’adoption à l’unique besoin d’affection de l’enfant revient à ne répondre que partiellement à ses besoins.
C’est pourquoi, je ne choisis pas la réponse C, car elle laisse l’enfant orphelin de père ou orphelin de mère. Cette solution ne pourrait se justifier que dans un contexte extrême de pénurie de couples adoptants par rapport à un nombre important d’enfants à adopter, ce qui est loin d’être le cas. Je ne choisis pas non plus la solution A, car elle laisse elle aussi l’enfant orphelin de père ou bien orphelin de mère, même avec toute l’affection du monde.
Nier ce besoin essentiel des enfants revient à s’assoir sur la souffrance de ceux qui ont manqué d’un père ou qui ont manqué d’une mère et les contraindre au silence puisque toute l’affection reçue devrait combler l’absence de celui-ci ou de celle-ci.
L’adoption doit-elle servir “l’intérêt supérieur de l’enfant” ou bien “l’intérêt supérieur de l’adulte”?
Par expérience, les enfants butent sur les “incohérences”, mais gagnent en assurance pour toute leur vie en s’appuyant sur des certitudes.
Expliquer à chaque enfant que l’on naît d’un homme (XY) et d’une femme (XX), que l’on est soi-même soit un homme (XY, un X transmis par sa mère et un Y transmis par son père), soit une femme (XX, un X transmis par son père et un X transmis par sa mère) et que cela est inscrit jusqu’au cœur même de chacune de nos cellules est une certitude, que même toutes les transformations possibles de l’apparence physique n’effacent pas.
Cela explique aussi facilement l’apparence physique (couleur de peau, de cheveux, des yeux,…) de l’enfant adopté transmise par ses parents biologiques par rapport à celle, différente, de ses parents adoptifs.
Nous en revenons alors à mes questions initiales:
– qui suis-je?
– d’où je viens?
– où vais-je?
Comment se (re)construire sur des “incohérences”?
Comme le précise la proposition de loi (24 février 2010) autorisant l’adoption par les partenaires liés par un PACS :
“Le but de l’adoption est d’offrir une sécurité juridique et affective à des enfants en détresse”.
Les pieds ne sont toujours pas appropriés, c’est une vision simpliste qui restreint chacun des parents à une qualité : son sexe. La sécurité juridique et affective est indépendante du sexe des parents.
Donc vous choisissez B (un couple pied droit-pied gauche pas robuste) plutôt que A (un couple de pieds droits robustes)?
Concernant l’incohérence (d’avoir 2 parents du même sexe), elle sera constatée rapidement par l’enfant, et ses parents seront alors là pour lui expliquer la chose.
Il pourra alors répondre de cette manière à vos questions :
– Je suis un enfant qui a été adopté par un couple homosexuel
– Je viens naturellement d’un père et d’une mère
– Je vais où bon me semble
Et alors, il ne verra plus d’incohérence et pourra gagner en assurance.
Je conclue avec un catéchisme de l’Eglise catholique (promulgation : 11 octobre 1992, publication solennelle : 7 décembre 1992, partie III, section II, chapitre II, article 6, §. 2, alinéa 2358) :
“Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.”
Quand à moi, je considère que refuser l’adoption à des couples homosexuels constitue une discrimination injuste.
Le fait que des personnes homosexuelles se soient fermement opposées à cette loi ne vous a-t-il pas interpelé ?
Avez-vous écouté ce qu’elles avaient à en dire? Qu’en avez-vous retenu?
Comment ont-elles été accueillies?
Qu’avaient-elles à perdre avec cette loi?
Qu’avaient-elles à gagner en s’y opposant?
Pourquoi s’opposer à la fin légale d’une “discrimination injuste” dont elles seraient les victimes?
Pourquoi avoir pris alors un tel risque en s’exposant ainsi, si ce n’est, tout au moins de leur point de vue, pour défendre une ‘juste cause”? Laquelle?
Bonjour,
je me demandais si un jour vous vous étiez posé la question suivante: combien d’embryons formés naturellement d’n homme et d’une femme qui ont fait l’amour à un moment propice, meurent prématurément faute de s’être implantés dans l’utérus de la mère? Un embryon formé dans une trompe ne survit pas forcément, et ne donne pas à 100% un enfant. Vous parlez de gâchis pour la PMA. Les chiffres que vous avancez sont sans doute vrais, mais à mon avis pas si loin de ceux de la nature.
On peut tout faire dire aux chiffres, attention de ne pas les manipuler à mauvais escient et à manipuler par la même vos lecteurs.
Je crois que l’auteur veut souligner l’action volontaire et consciente de l’Homme concernant la destruction d’embryon, d’où le terme employé par celui-ci de “génocide” qui s’oppose à l’exemple que vous employez où la perte d’embryon est indépendante de l’action et de la volonté de l’Homme, que nous pourrions appeler “mort naturelle” (étant entendu qu’il n’y a pas d’âge pour mourir).
La question soulevée est celle de la responsabilité de l’Homme dans cette destruction d’embryon.
La quête de l’enfant “à tout prix” soulève la question de la valeur d’une vie humaine, l’enfant tant “désiré” impliquant que d’autres soient voués à la “surproduction”, “sélection”, “congélation” ou “destruction”. L’embryon humain est bien devenu un “produit” que beaucoup considèrent comme étant à leur disposition. C’est la question du statut de l’embryon humain qui est soulevée par l’auteur.