L’école place-t-elle l’homme au centre de ses préoccupations ?

24 Juin, 2013 | EDUCATION & ENSEIGNEMENT, SOCIETE

Ecole hommeL’éducation nationale, de l’aveu même de ses administrateurs, part à la dérive, sans remise en cause concrète de sa politique éducative. Ensemble désincarné, broyant les volontés humaines, autocentré, sa réforme passerait par l’adoption d’une forme de différenciation pédagogique, permettant d’adapter chaque établissement à sa réalité territoriale et son type d’élèves.

150 000 jeunes quittent, chaque année, l’école sans qualification. De nombreux garçons décrochent par rapport aux filles, et les élèves « dys » augmentent (dyslexiques, dysorthographiques, dyspraxiques, etc.) La profession d’enseignant se déprécie dans la société tandis que les postes ouverts aux concours de recrutement manquent de candidats.

UNE INSTITUTION CENTRÉE SUR ELLE-MÊME

L’école, face à ce problème, est centrée sur elle-même, non ouverte à l’extérieur. L’enjeu, pour les rectorats, est le fonctionnement administratif, les mutations d’enseignants ou le respect des instructions du bulletin officiel. Devant le décrochage scolaire ou la désaffection pour le métier, il n’y a pas de remise en cause des pratiques internes, mais un appel à de nouveaux fonds pour embaucher plus.

« Il serait temps de se demander si les difficultés de l’éducation nationale ne viennent pas de la rigidité administrative de l’ensemble ? »

Il serait temps de se demander si les difficultés de l’éducation nationale ne viennent pas de la rigidité administrative de l’ensemble ? La volonté d’uniformité de l’enseignement méprise les réalités humaines. Les enseignants ne se gèrent pas comme des numéros sur un fichier national. Les élèves ne sont pas les cobayes de l’inspection académique. Il faudrait se demander si l’éducation n’échoue pas en France parce qu’elle ne se soucie plus de l’homme, ce qui est son cœur de métier.

LA PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE REPLACE L’HUMAIN AU CŒUR

La pédagogie différenciée consiste à adapter l’enseignement, dans les classes, au niveau de chaque élève et à ses particularités, en les répartissant par groupes et en favorisant l’auto-évaluation et l’autocorrection. « Tout est reproché à cette méthode : brouiller les repères d’autorité, supprimer les notes, grignoter tout le temps libre de l’enseignant, etc. Mais c’est aller vite en besogne et oublier que les instituteurs de villages, confrontés à quatre niveaux différents dans une seule classe, pratiquent, depuis Jules Ferry, la pédagogie différenciée avec des résultats probants.

« Il serait capital de faire des directeurs de véritables chefs d’établissements, initiateurs d’un projet pédagogique propre, adapté aux besoins du lieu. »

La pédagogie différenciée, telle qu’elle est prônée par les pédagogues, n’est pas applicable au système scolaire dans sa complexité. Mais il conviendrait de s’inspirer de son esprit, dans la gestion générale de la structure éducative.

Pour adapter l’établissement à sa réalité humaine, il serait capital de faire des directeurs des chefs d’établissements, initiateurs d’un projet pédagogique propre, adapté aux besoins du lieu. Cela signifierait leur donner le choix de leurs enseignants et personnels administratifs, sur la base d’un C.V. et d’une lettre de motivation.

En tenant compte de la réalité de l’établissement, toute liberté devrait être laissée au directeur de modifier la pédagogie, dans la limite des moyens alloués, quitte à être audacieux » en promouvant le retour de l’uniforme, l’abandon de la mixité des classes, ou encore la mise en place d’enseignements professionnels au collège, d’activités sportives propres à l’environnement géographique, etc.

Les obligations qui demeureraient, pour se protéger des expériences hasardeuses, seraient des obligations de résultats en matière d’acquisition de savoirs et compétences élémentaires, à obtenir à la fin de chaque cycle. Pour renforcer cette exigence, on peut envisager le rétablissement d’un certificat d’études obligatoire pour le passage au collège, et la possibilité du renvoi ou du déplacement des directeurs n’accomplissant pas leur mission.

Pour l’école, c’est une révolution culturelle, qui place le souci de l’élève au coeur, respecte les enseignants en les considérant comme des personnes disposant de talents particuliers, et donne au directeur la liberté d’adapter l’établissement au concret. L’école, centrée sur l’humain, offirait à la nation des personnalités plus épanouies et affirmées.

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance