Quelques hypothèses sur “le monde d’après”

12 Juil, 2021 | ENVIRONNEMENT, SCIENCES, SOCIETE

Le monde d’après ? Antoine Cadi, expert biodiversité et économie, partage sa vision en commençant par un état des lieux très actuel… L’homme saura-t-il trouver sa juste place, humble et souveraine, au sein de la biodiversité ?

“Selon moi, le monde d’après est un monde où l’homme prend conscience, avec une certaine humilité, de sa place et de sa responsabilité sur Terre. C’est un monde où les hommes – quel que soit leur niveau de richesse, leur pays de naissance, la société dans laquelle ils se trouvent, essaient collectivement de trouver des solutions pour un monde plus solidaire, plus juste et plus sobre.

Evidemment, une fois cela dit, de nombreuses questions se posent. Ce questionnement est d’ailleurs très perceptible dans les publications actuelles : certaines, pour valoriser la décroissance et d’autres, pour la dénoncer, des livres en faveur du renforcement de la solidarité Nord-Sud et d’autres en défaveur…

Sans prendre parti, je crois qu’il est important de considérer l’état des lieux actuels : nous sommes à l’heure actuelle un peu plus de 7 milliards d’êtres humains. Les démographes nous annoncent un pic d’environ 10 milliards d’ici 2050 ; puis, une décroissance annoncée de la démographie pour de nombreuses raisons : conflits, pandémies, limitation des ressources naturelles, etc.

Il faut nous préparer à vivre dans un monde où la nature a déjà très largement été consommée. Aujourd’hui, environ 35 % de la nature de la planète a été détruite par nos activités. Cette perte de biodiversité, associé aux changements climatiques, nous place dans une incertitude forte. Dans ce contexte, il est important de se poser la question de l’avenir de nos sociétés et de nos entreprises, de repenser nos modèles économiques et le futur de l’humanité sur Terre.

Il est bien clair que la question n’est pas celle de l’avenir de la vie et de la biodiversité sur Terre… Elle s’accommodera très bien de tout un tas de drames et de l’éventuelle disparition de l’homme, notamment.
La question est véritablement celle de l’avenir de l’humanité sur Terre. Peut-être qu’avant de partir vers la Lune ou, plus récemment, vers Mars, devrions-nous nous recentrer sur nos modèles de société… La pandémie l’a montré : ces modèles nous questionnent sur notre capacité à être solidaires, économes et sobres (d’un point de vue du foncier artificialisé ou cultivé, de notre consommation quotidienne, de la conception de nos vacances…), de nos relations aux autres et de la justice. Cette justice doit être sociale et environnementale. Chez nous, mais elle doit également s’exprimer dans une relation Nord-Sud… comment pourrions nous concevoir une planète fracturée entre ceux « qui peuvent » et ceux qui « ne pourraient pas » (notamment se soigner, manger à leur faim, apprendre etc) ?

Je n’ai évidemment pas réponse à tous ces défis, mais il est évident aujourd’hui que, de manière collective, sereine, apaisée mais décidée, nous devons affronter ces défis et y apporter des réponses. Je pense que notre société, notamment en France, porte de nombreuses valeurs qui lui permettent d’affronter ces défis. Il faut désormais les partager avec nos élus et avec nos politiques. À tous les niveaux, mobilisons nos élus pour porter ces sujets !

Une question récurrente des personnes qui réfléchissent au quotidien sur ces sujets : est-il encore temps de se battre ou la situation est-elle trop grave ?
La situation est véritablement dramatique : les messages portés par les ONG et les scientifiques depuis maintenant plusieurs décennies sont clairs. Cela étant dit, l’homme est capable de réactions fortes et la nature montre qu’elle est aussi capable de se régénérer, si on lui laisse le temps et les espaces pour le faire.

Ce qui est certain – et un certain nombre de philosophes, de journalistes et de scientifiques nous le rappellent – c’est que le temps qu’il nous reste pour réagir est de plus en plus court. Il y a trente ans, nous avions encore un peu de temps, aujourd’hui nous n’en avons plus.

La question n’est plus de savoir s’il faut changer pour les générations futures, pour nos enfants.
La question est de savoir si nous décidons de changer pour nous, aujourd’hui, ou si nous voulons continuer à avancer dans un monde qui devient de plus en plus âpre, dur, où les conséquences du changement climatique sont de plus en plus prégnantes, où la raréfaction des services écosystémiques est de plus en plus dramatique et où tout cela a très concrètement des conséquences sur notre qualité de vie, notre santé, nos emplois et, plus largement, sur notre société.

Agissons sans attendre !”

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