Jean-Philippe Lajambe est entrepreneur et membre du comité de déploiement du Courant pour une écologie humaine. Il nous livre sa réflexion sur la situation actuelle.
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En cette période de confinement, beaucoup sont surchargés de travail. Je pense à S., manager en grande surface, tenaillé de stress : peur de tomber malade, peur de contaminer ses proches… Je pense à Caroline et Chantal, caissières, qui subissent la tension des clients paniqués ; je pense à Émilie et Pascal, étudiants en médecine qui sont au front de cette guerre sanitaire, sans arme aucune (masques, combinaisons) et à Christophe, médecin généraliste, qui a bricolé masque et combinaison avec les moyens du bord ; je pense à Rémi, à la tête d’un Ephad, qui s’attriste de voir ses patients et leurs familles isolés, sans visite… tous, maillons essentiels. À tous, restez vivants ! Tâchons ensemble de juguler cette violente crise sanitaire .
Une terrible crise économique se présente : des entrepreneurs piégés, qui subissent l’injonction paradoxale de travailler, faire travailler leurs salariés dont ils sont responsables en termes de santé au travail et de rester chez eux. Je pense à Max et aux autres ferrailleurs, artisans, commerçants, restaurateurs, producteurs, agriculteurs, horticulteurs qui se demandent comment ils pourront rester vivants économiquement. À tous ces entrepreneurs qui ont investi âme, énergie et économies personnelles et qui ne bénéficient pas du chômage partiel. Ceux-ci vont chercher des solutions avec les 1500 euros de l’État qui doivent couvrir leurs pertes d’exploitation et les rémunérer… Ils n’auront d’autre solution que de s’endetter, à nouveau, pour s’en sortir. Ils devront alors être agiles, décrypter et anticiper cette crise économique violente, où tous les scénarios vont être présentés : scénario catastrophe d’un impératif de sécurité qui peut conduire à plus de surveillance, de contrôle social et d’inégalités ; utopie naïve d’une décroissance heureuse avec un retour au réel et au bon sens ; financiarisation accrue de la société et amplification de l’individualisme ; retour aux communs et à l’écologie humaine…
Ce qui est sûr , c’est que nos relations, notre façon de vivre, de travailler vont changer. Qui gagnera, qui sera perdant ? Nous ne le savons pas mais rien ne reviendra à la “normale”.
À tous, restez vivants.