Les 4 tempéraments d’Hippocrate

22 Fév, 2022 | EDUCATION & ENSEIGNEMENT, MEDECINE

Directeur de Pleins Talents, un réseau de franchises qui accompagnent les entreprises sur le “bien travailler ensemble” et les particuliers pour les aider à trouver leur voie professionnelle, Xavier Cail décrypte ci-dessous les quatre tempéraments d’Hippocrate, un outil intéressant pour mieux se connaître et mieux comprendre ceux qui nous entourent.

Des cocktails particuliers

Xavier Cail : “Au Ve siècle avant J. ⁠-⁠C, Hippocrate, ce philosophe, père de la médecine, constate une correspondance entre certains types de maladies et d’émotions. À l’époque, il travaillait sur le sang, la flegme, la bile verte et la bile noire. Hippocrate pensait qu’en l’équilibre de ces quatre liquides résidait la pleine santé. C’est ainsi qu’il identifia quatre cocktails d’émotions – ce qu’on appelait à l’époque des passions, du terme pâtir, autrement dit subir les choses – auxquels nous sommes plus ou moins sensibles. En France, cela donnera naissance à une branche de la psychologie nommée caractérologie.

L’être humain fonctionne par une réception du réel à travers ses sens externes : vue, ouïe, toucher, odorat, goût. Une fois stimulés, ils touchent à leur tour les émotions. C’est l’histoire de la madeleine de Proust : en voyant une madeleine, je pense tout à coup à ma grand-mère ; toutes les émotions liées à notre relation me reviennent. Les émotions éveillées – de façon positive ou négative – par nos sens, sont subies. C’est là qu’entre en action l’intelligence qui va analyser les situations pour en saisir ce qui est bon ou mauvais et permettre à la volonté de choisir, selon sa propre liberté.

Ecouter le podcast de notre rencontre avec Xavier Cail

Hippocrate a analysé 4 tempéraments qui permettent de mieux connaître sa nature humaine.

Les quatre tempéraments d’Hippocrate

X. C. : “Les tempéraments identifiés par Hippocrate représentent quatre façons différentes de réagir aux situations que nous rencontrons :

  • Le bilieux : avec ses réactions rapides vives, profondes et durables, le bilieux vit dans l’impatience du résultat. Très actif et énergique, il est véhément, déterminé, efficace, tenace. Il a plutôt tendance à dominer les échanges. C’est quelqu’un de très impulsif, magnanime et très assuré, qui a besoin de grands projets.
    La vertu du bilieux, c’est la force.
    Je donne souvent l’image du bulldozer pour ce tempérament : le bilieux vous fait un chantier magnifique, mais pas dans le détail. Le regard du bilieux est franc, perçant et énergique.
    Si l’on s’intéresse à son pas lorsqu’il marche, il est ferme, résolu et souvent pressé. Il vit les choses très fortement. 
  • Le sanguin : comme le bilieux, ses réactions sont rapides et vives, mais cette fois-ci superficielles et de courte durée. Il aborde l’existence sous l’angle du vive la vie. Très joyeux et animé, il est optimiste et ouvert dans ses relations. Il fait rire à droite et à gauche. Son enthousiasme légendaire lui permet de s’adapter à toute situation. Dans les conversations, il passe très facilement d’un sujet à l’autre.
    Sa vertu, c’est la joie.
    Son regard est naturellement joyeux, accueillant, sans souci.
    Le pas du sanguin est rapide, léger ; on pourrait même dire qu’il ne marche pas, il danse. 
  • Le flegmatique : il vit la vie sous l’angle du prenons le temps de vivre en harmonie. Ses réactions sont lentes et peu profondes. Patient, calme et posé, il demeure constant dans sa façon d’agir.
    Prudent et très diplomate, il veille à arrondir les angles. C’est quelqu’un de réfléchi, impartial et fiable. Finalement, le flegmatique manifeste peu d’émotions.
    Sa vertu, c’est la paix.
    Son regard tranquille exprime peu d’expressions.
    On pourrait dire que son pas est léthargique.
  • Le mélancolique : c’est le tempérament le plus fragile de tous. Réfléchi et très méthodique, le mélancolique a des réactions lentes, profondes et durables. Il vit la vie sous l’angle du élevons-nous vers l’idéal du beau, du bien, du vrai. Perfectionniste, le mélancolique reste très exigeant envers lui-même et avec les autres. Anxieux et susceptible, il est plutôt timide. Très besogneux, assez pessimiste et très sensible, son regard est triste, légèrement troublé.
    Sa vertu, c’est le coeur.
    Son pas est lent et lourd.”

Comment repérer son tempérament ?

X. C. : “Le tempérament est comme une couche externe, une membrane qui vibre en fonction des situations. En raison de cela, les tempéraments sont généralement bien visibles et identifiables de l’extérieur – bien qu’il y ait des exceptions : en raison d’un mélange de tempéraments plus équilibrés, ils peuvent être plus difficiles à repérer chez certains. Pour ceux qui veulent creuser le sujet, je recommande d’ailleurs le livre de Florence Littauer, Personnalité plus. Elle-même est une sanguine, ce qui rend son ouvrage très agréable à lire !”

Gagner la confiance

X. C. : “Connaître les différents tempéraments sert à se réconcilier avec ses forces, que l’on pourrait parfois regarder comme des faiblesses – surtout pour un mélancolique. Cela permet également de ne pas sombrer dans les risques que chacun d’eux comportent et d’en éviter les excès.

Il peut arriver de vivre en soi deux tempéraments qui s’opposent. Vous avez l’impression d’avoir des facettes complètement différentes et vous ne comprenez pas pourquoi ? C’est souvent une espèce de “switch” et non un vrai mélange. J’ai, moi-même, une dominante très forte de mélancolique et un second tempérament de sanguin : deux vrais opposés ! Certains sujets vont appeler mon tempérament de mélancolique : sur des sujets de réflexion sérieux, je vais me mettre à réfléchir avec exigence, mon visage devient plus grave… Puis, dix minutes plus tard, je vais animer une formation et progressivement le sanguin va se déclencher : je vais amener un peu d’humour, aller chercher les uns et les autres, etc.

Ce sont vraiment les situations qui viennent chercher vos ressources. Mais le fait de repérer vos propres tempéraments vous soulage. Vous gagnez confiance en vous.”

Relations aux autres

X. C. : “Les tempéraments d’Hippocrate sont un langage universel, extrêmement utiles dans toute relation, tant aux plans personnel que professionnel. Ils permettent de comprendre les modes de fonctionnement de ceux qui nous entourent et, ainsi, de s’y s’adapter, d’avoir une communication plus ajustée, plus efficace. C’est très utile pour mieux rentrer en relation, coopérer, vivre en famille et entre amis.

Les situations vécues avec des tempéraments opposés sont délicates mais intéressantes. Voici quelques clés de bon sens pour les traiter :

  • Accueillir et comprendre son / ses propre(s) tempérament(s) dominant(s) et ceux de l’autre. Tant que cette connaissance n’est pas effectuée, nous n’arriverons pas à dépasser nos difficultés.
  • Cela nécessite une vraie écoute dans les débats. Pour identifier, notamment, ce que l’autre va pouvoir apporter au sujet et que je n’ai pas. Sur un sujet de développement d’une activité, par exemple, le mélancolique va dire : c’est compliqué, le contexte est tel qu’on risque de ne pas y arriver. Le bilieux, lui, va arriver, un peu massif, en proposant tout d’un coup un projet très ambitieux. Il faut que le mélancolique comprenne que là se trouve toute la richesse du bilieux : être capable d’embrasser un grand projet. De son côté, dans les détails du projet, le bilieux doit aussi prendre en compte l’exigence de qualité et de perfection du mélancolique. C’est cette écoute mutuelle, cet accueil de chacun dans ses tempéraments, qui va permettre d’échanger librement.”

S’émerveiller de la complexité de l’être humain

X. C. : “Il faut comprendre que nous sommes la combinaison d’un ensemble de caractéristiques : nos tempéraments, certes, mais également nos talents, notre histoire et une kyrielle d’autres choses. C’est ce qui fait la beauté de l’être humain.

Nous avons tous la liberté de nous enrichir et d’évoluer. Si Hippocrate a découvert que, compte tenu de notre nature, nous avons chacun une prédisposition à vivre certaines émotions plus que d’autres, la vie nous confronte à des expériences qui font surgir en nous des tempéraments plus seconds. Notre nature n’en est pas changée pour autant, elle s’en enrichie.

Les tempéraments disent bien la façon dont nous recevons les situations et réagissons. Mais ils ne disent rien de nos talents ni de la façon dont nous traitons les problèmes, chacun avec sa singularité.

Un conseil que l’on peut donner aux parents est celui d’aider l’enfant à comprendre et accueillir ses émotions, que ce soit la colère, la joie, la tristesse, etc. C’est une vraie force, dans la vie !”

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