Le Compiégnois, territoire vivant d’écologie humaine

9 Juin, 2020 | TERRITOIRES VIVANTS

Cyril Douillet a monté une équipe d’écologie humaine à Compiègne. Il témoigne de son parcours, des actions mises en place par l’équipe et de ce qu’il espère pour vitaliser leur territoire.

“J’ai créé il y a cinq ans une équipe du Courant pour une écologie humaine à Compiègne. Nous sommes une dizaine de personnes qui avons suivi pendant trois ans la form’action nationale proposée par le Courant pour une écologie humaine (CEH). Cette form’action a permis de créer un terreau anthropologique commun ainsi que des liens très forts dans ce groupe riche en âges, réseaux, sensibilités par rapport à l’écologie, lieux d’implantation dans le Compiégnois, métiers (agriculteurs, universitaires)… une belle diversité !

À la fin de la dernière année de form’action, il y a deux ans, j’ai eu la conviction qu’il ne fallait pas s’arrêter là ; le groupe devait continuer à se rencontrer. On a décidé de poursuivre ce rythme d’une réunion mensuelle, et, tout en préservant la dimension conviviale, nous avons choisi d’incarner davantage notre appétit d’écologie humaine à travers la rencontre d’invités locaux – des personnalités issues du territoire et impliquées d’une façon ou d’une autre dans l’écologie. Nous avons ainsi pu discuter avec un cadre ingénieur d’une entreprise d’éoliennes, l’ancien président de la société de sauvegarde de la forêt de Compiègne, nous avons visité une résidence mixte, partagée par des personnes avec un handicap mental et des locataires valides, une tiny house où un couple vit dans une philosophie d’écologie et d’indépendance énergétique…
Ces différents univers trouvent une cohérence dans l’écologie humaine. Sur le territoire, ces initiatives font sens et sont liées par la conviction qu’il faut toujours connecter l’homme et la nature.

Dans quelle direction avancer ? Telle est la question qui se pose aujourd’hui au sein de notre équipe Compiégnoise. Nous pourrions imaginer bientôt un événement rassemblant les divers acteurs que nous avons rencontrés pour échanger ensemble et faire vivre ce tout est lié qui donne du sens à l’action.

Selon vous, qu’est-ce qu’un territoire ?

J’ai l’impression que la notion de territoire, je l’ai découverte en arrivant à Compiègne. Avant, j’étais Parisien. Je pense que lorsque l’on habite une métropole, il n’est pas évident de se percevoir comme habitant d’un territoire.
En arrivant à Compiègne, une ville de 40,000 habitants (70,000 avec l’agglomération), dans un environnement où croît une forêt, où serpente un fleuve et s’étendent des terres agricoles, on prend plus facilement conscience des interactions entre l’espace, la nature, l’urbanisme et l’homme.
Pour moi, le territoire, c’est cet espace à taille humaine : espace de la proximité quotidienne, espace des projets, espace de la relation.

Que souhaitez-vous transformer dans la société actuelle ?

“Il n’y a de bonheur que partagé” : j’en suis profondément convaincu. Il faudrait donc, à mon sens, sortir de la logique individualiste pour contribuer à créer du commun, développer une appartenance commune à l’humanité.
Je pense que le monde d’aujourd’hui a besoin d’adopter cette conviction-là. Si mon bonheur ne s’intéresse pas à ceux qui sont autour de moi – notamment aux plus fragiles et à ceux qui souffrent – il y a un problème !
Reprendre conscience que l’on ne peut pas être heureux tout seul et qu’agir, interagir, décider ensemble rend davantage heureux.

Par ailleurs, tous les changements qui s’observent au niveau de la consommation me touchent énormément. Il y a quelques semaines, à Compiègne, j’étais à une conférence sur le zéro déchet. On était 450 dans la salle, ultramotivés, jeunes et vieux. Ca montre que, même dans de petites villes, il y a un terreau pour changer ses habitudes et ses réflexes. Pour moi, c’est un beau signe d’espoir. Il n’y a pas de fatalité ! Il faut juste que cette minorité arrive à entraîner les autres. Ça va se faire progressivement !
On peut avoir un sentiment d’urgence mais changer des habitudes qui sont profondément ancrées, ça prend du temps. Il ne faut pas se décourager.

Chacun doit trouver une porte d’entrée dans sa vie ou sur son territoire. Et à partir de cette porte d’entrée, il faut tirer le fil. C’est exactement ce que l’on fait à Compiègne : on tire le fil. On ne sait pas où ça nous mène mais l’important est d’être sur le chemin.

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance