Et si vous deveniez Lord ou Lady d’Écosse ?

22 Déc, 2020 | ENVIRONNEMENT, NATURE & ENVIRONNEMENT, SOCIÉTÉ DE BIEN COMMUN, TERRITOIRES VIVANTS

À Noël, on nous a parlé d’une super idée de cadeau : protéger la biodiversité des Highlands et obtenir ainsi un titre prestigieux (si, si) : Laird, Lord ou Lady d’Écosse ! The Highland Titles Charitable Trust for Scotland a été extrêmement ingénieux sur cette affaire. On vous raconte.

Genèse du projet 

Highland Titles a été fondée en 2006 par le Peter Devis, Docteur de la Société Zoologique de Londres, et sa fille Laura lorsqu’ils décidèrent de vendre une partie de leurs terrains familiaux écossais, faute de pouvoir en financer l’entretien. L’argent ainsi collecté leur permit de restaurer les terres dévastées par des siècles d’agriculture intensive et de sylviculture commerciale.

Surpris de l’engouement que reçu leur projet, ils poursuivirent la démarche et achetèrent un plus vaste terrain présentant, lui aussi, un enjeu environnemental important.

Aujourd’hui, l’association propose aux particuliers d’acheter une ou plusieurs petites parcelles dans l’optique de transformer les terrains en réserves naturelles. Highland Titles propose trois tailles de parcelles différentes : 1 pied carré, 10 pieds carrés, 100 pieds carrés. Libre à vous d’en acheter plusieurs ! L’association commercialise également des coffrets cadeaux pour ceux qui auraient l’idée d’offrir un terrain à un proche. 

Deux réserves naturelles préservées

Voici donc le deal : vendre des parcelles de terrain suffisamment petites pour en préserver la biodiversité (avoir à obtenir le consentement d’une multitude de propriétaires devrait décourager la tenue des projets non liés à la préservation de l’environnement). Cet argent bénéficie au territoire que les Highland Titles, devenu entre temps l’association à but non-lucratif The Highland Titles Charitable Trust for Scotland, gèrent. Grâce à cet ingénieux système, ce Trust est aujourd’hui gestionnaire de deux réserves naturelles en Écosse :

  • La réserve de Glencoe Wood, d’une centaine d’hectares, acquise en 2007 par l’association. Historiquement dédiée à la sylviculture commerciale et à l’agriculture de montagne, elle est devenue une aire de protection de la faune et de la flore des Highlands de l’Ouest. 
    Elle fournit également un support éducatif aux écoles environnantes et aux communautés locales. Son objectif est d’œuvrer pour la sensibilisation à la préservation de la biodiversité. 
  • La réserve de Mountain View, située à une vingtaine de kilomètres de Invergarry et acquise en 2014. Comme pour Glencoe Wood, le site de 80 hectares était utilisé pour la sylviculture commerciale et colonisé d’arbres non-natifs de la région. Ainsi, on pouvait y apercevoir une forte concentration d’Épicéa de Sitka, originaire d’Amérique du Nord. Fortement apprécié de l’industrie du bois, ce conifère fut intégré en Europe au vingtième siècle pour son bois tendre et homogène. Inutile donc de préciser que sa culture n’est aucunement naturelle dans cette région du globe. 

Et la biodiversité refleurit 

Ces deux réserves, Glencoe Wood et Mountain View, sont devenues des emblèmes pour leurs actions en faveur de la protection et de la préservation de la faune et la flore des Highlands écossais. 

À titre d’exemple, à peine 5 ans après sa création, la réserve de Mountain View accueille, entre autres : 

  • La « Bumblebee Haven » (littéralement « Paradis des Bourdons ») : cette zone protégée par des clôtures prévenant l’intrusion humaine et animale, parfois dévastatrice, résulte d’un long travail d’aménagement mené avec les associations Bumblebee Trust et Trees for Life.
    L’objectif était d’en retirer les arbres non-natifs, qui ne nourrissaient pas assez les sols ni ne protégeaient les espèces sauvages locales, pour favoriser des essences plus locales. L’augmentation considérable du nombre d’insectes pollinisateurs ne peut que confirmer le succès de la démarche initiée ! 
  • La « Wildcat Haven » (littéralement « Paradis des Chats Sauvages ») : ce terrain de 4 hectares a été offert à l’association éponyme qui œuvre pour la protection et la préservation des derniers chats sauvages écossais, menacés d’extinction.
  • Le « Forever Home » un enclos/sanctuaire à hérissons équipé de protections et d’isolations thermiques pour favoriser l’hibernation de ces mammifères insectivores. Cet abri a été réalisé en étroite collaboration avec l’association Hessilhead Wildlife Rescue. Ce centre de sauvetage recueille des centaines de hérissons afin de les remettre sur pied jusqu’à ce qu’ils soient prêts à retourner dans la nature.
    L’état de santé de certains d’entre eux ne leur permettant pas de retourner à l’état sauvage, ils sont parfois hébergés dans la réserve de Mountain View.  
  • Une mare et des nichoirs à campagnols aquatiques servant d’abri à ces « rats d’eau ». Autrefois l’un des plus fréquents aux abords des rivières, ce mammifère indigène est désormais l’un des plus menacés du pays, la communauté scientifique estimant que sa population a été réduite de 90 %  au cours des 10 dernières années. 

Et ça ne s’arrête pas là ! La réserve abrite également un couple de renards roux, des cerfs et faons d’Elaphe, des pic épeiche, des écureuils roux actuellement en voie de disparition en Écosse…

Quelles sont les contreparties ?  

Les contreparties au soutien financier sont multiples : 

  • La première réside bien évidemment dans la satisfaction personnelle d’apporter son aide à la préservation de la biodiversité dans une région soumise à la pression de l’industrie du bois. Pour une cinquantaine d’euros, l’investisseur peut ainsi prendre part à la protection des Highlands écossais. 
  • Par ailleurs, prendre part au projet permet de devenir membre d’une communauté active et déterminée regorgeant d’initiatives. 
    À titre d’exemple, l’association propose à ses adhérents de choisir les noms des nouveaux arrivants hébergés. C’est donc par vote des contributeurs que la buse à été nommée Braveheart en l’honneur du héros national William Wallace, que le chat sauvage a été baptisé Hope (littéralement « espoir ») et le blaireau Bonnie. 
    La fédération publie également deux fois par an une newsletter rendant état des derniers chantiers (construction ou entretien de la cabane des Lairds, achat de nouvelles caméras…), listant les nouveaux arrivants et partageant une vidéo illustrant la vie de l’un de ses résidents. 
  • Top chic : en investissant dans les Highlands, le nouveau propriétaire devient Lady, Lairds ou Lords écossais et jouit d’un droit personnel sur son terrain.
    Il peut ainsi le visiter et en apprécier la quiétude. L’association propose ainsi des courts séjour dans son Lairds Lodge, une roulotte en bois construite dans la réserve naturelle de Glencoe, autosuffisante en énergie et en eau… il ne faudra cependant  pas compter sur le WIFI et la douche !
    À noter toutefois, l’association y définit quelques règles de bienveillance et de protection de la biodiversité (armes à feu et chasse prohibées, par exemple). 
  • Finalement, en achetant une de ces parcelles dénommées « parcelles souvenir » par la législation écossaise, l’investisseur signe un « contrat de créance » qu’il lui assure d’être l’unique propriétaire. 
    Ainsi, en cas de vente du domaine, l’organisme devra obligatoirement rembourser chaque contributeur de son investissement initial. Ce ne serait pas chose facile pour les réserves de Glencoe Wood et Mountain View, quand on sait qu’elles sont désormais détenues par plus de 100 000 particuliers ! 

En d’autres termes, l’achat de parcelle souvenir est une manière efficace de s’assurer de la préservation des terrains acquis. 

Pour plus d’informations sur les droits et les devoirs associés, n’hésitez pas à consulter la rubrique “Quels sont vos droits” du site internet des Highland Titles.

Une belle source d’inspiration pour préserver et valoriser nos communs naturels !


Sources : 

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

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