Avez-vous déjà volé le cœur d’un fraisier ? #Maraîchage

2 Mar, 2024 | AGRICULTURE, CONSOMMATION

Le printemps n’est plus très loin ; le réveil des jardins est en cours ! Caroline Martin dévoile tous ses secrets pour des fraisiers en pleine forme – et donc des fraises toujours plus gourmandes.

Fraisiers de Caroline Martin

Caroline Martin : “La majorité des jardiniers possèdent des fraisiers dans leur potager ; la raison en est simple : ces plantes vont donner des fruits très rapidement et ravir les palais des petits et grands. Rien de tel que déguster des fraises fraîchement cueillies, surtout quand on les a fait pousser soi-même !

Méthode 1 en début de saison : repiquer les stolons

Avant que la saison ne commence vraiment, il est nécessaire de nettoyer ces plantes qui ont tendance à agrandir leur territoire grâce à leurs stolons, surtout si on a laissé ces derniers pousser l’été précédent.

Les stolons sont des tiges rampantes qui naissent de chaque fraisier lors de la production fruitière, avec, à leur bout, un nouveau petit fraisier qui finit par s’enraciner proche de la plante mère. On peut facilement prendre ces stolons, les séparer de leur « mère » et les planter dans un autre endroit du jardin ou dans des pots. C’est l’action que l’on nomme repiquage.

Méthode 2 : l’écoeurage

On peut également user de la méthode de “l’écoeurage”, moins connue du grand public, pour agrandir son « cheptel » de fraisiers ; on la pratique au printemps, avant que les plants ne commencent vraiment à se développer.

Il s’agit d’une méthode principalement utilisée par les maraîchers bio pour que les plants produisent de gros fruits, plus longtemps. D’après ce que m’a expliqué ma voisine, productrice de fruits rouges, les deux premières années de production ne nécessitent pas de faire d’écoeurage, mais il est conseillé de le faire avant d’attaquer la troisième saison, sinon la production sera moindre et les fruits seront moins beaux.

Écoeurage : allons dans le détail

Qu’est-ce donc que l’écoeurage ? Comme son nom l’indique, on parle de cœur – celui ou plutôt ceux des fraisiers.

Un fraisier ne produit pas uniquement fruits et stolons, il développe également beaucoup de feuilles et de cœurs.

Après la deuxième année de production, le plant est devenu une masse de petits plants qui se sont reproduits sur une même souche, si l’on peut dire. Il est donc important de réduire sa masse pour orienter son énergie vers la production de fruits plutôt que l’entretien du plant entier. Sans compter que plus le fraisier devient feuillu, plus il a de risque d’attraper des maladies. À ce sujet, il faut aussi éliminer les feuilles mortes au printemps pour que les plantes restent en bonne santé.

L’écoeurage, en pratique

De février à mars, alors que les plantes se réveillent lentement, il faut enlever des cœurs à nos fraisiers. Chaque plant qui contient plus de 4 cœurs doit être diminué, plutôt sur le pourtour de la plante qu’en son centre.

Ce n’est pas une tâche facile, comme je l’ai découvert en allant aider ma voisine, car les cœurs peuvent être nombreux et serrés les uns sur les autres. En même temps, il ne faut pas non plus hésiter à être un peu brutal pour arracher ce qui doit l’être !

Les jardineries conseillent souvent de déterrer les fraisiers après trois ans de production, de séparer les pieds (les cœurs), de les mettre en pots pendant un mois avant de les replanter en place dans le jardin. L’écoeurage devrait permettre de conserver les plantes mères plus longtemps, et peut-être, repousser l’arrachage à la quatrième année, voire plus tard encore.

Le petit conseil en plus : replanter les cœurs

Personnellement, si mes fraisiers ont trop de cœurs après avoir produit pendant deux saisons, j’en enlèverai pour leur permettre d’être plus productifs. Il est tout à fait possible de replanter les cœurs qui ont quelques racines pour faire de nouveaux plants, comme pour les stolons, ce qui n’est malheureusement pas souvent fait en maraîchage,
sûrement par manque de temps.

Quoi qu’il en soit, pour tous les jardiniers gourmands, je conseille de récupérer le plus de stolons et de cœurs possible pour agrandir la production tout en renouvelant les vieux plants tous les quatre ans ou plus !”

À propos de l’auteur

Fille de paysans solognots, Caroline Martin grandit avec le goût des légumes qui ont pris le temps de pousser au potager familial. Après 20 ans en Grande-Bretagne, l’envie de vivre différemment, près de la nature, la ramène dans sa région natale. Elle s’y installe avec son mari et décide de prendre le contrôle de son alimentation en faisant un jardin potager. Depuis septembre 2022, elle propose régulièrement des conseils et des réflexions de saison pour diffuser les bonnes pratiques de jardinage sur le site du Courant pour une écologie humaine.


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