Comment naîtra le Courant pour une écologie humaine ?

23 Mai, 2013 | L'ECOLOGIE HUMAINE

En réponse aux nombreuses réactions provoquées par l’annonce, à trois voix, du lancement du courant et des futures Assises de l’écologie humaine, c’est le moment de préciser la façon dont nous comptons les promouvoir concrètement.

La question alimente le débat ouvert depuis que nous avons annoncé cette intention commune. Sans revenir en détail sur la tribune que nous avons rédigée ensemble telle que le quotidien La Croix l’a publiée le 21 mars 2013, rappelons qu’il s’agit de lancer un courant de pensée au service de l’action, animé par un engagement prioritaire : prendre soin de l’homme, tout l’homme et tout homme, comme mesure de toute chose. La nécessité de ce courant vient en réponse à un défi nouveau, né de l’évolution des techniques et des mentalités. Nous estimons que le moment est venu, pour l’humanité, de préciser ce qui fait l’essence de l’homme comme patrimoine à protéger aujourd’hui pour le transmettre aux générations futures.

Sept principes-clés se dégagent pour avancer.

1. UNE DYNAMIQUE PLURIDISCIPLINAIRE

Toutes les disciplines sont concernées par une remise en cause de ce qui fait l’essence de l’homme ; et toutes gagneront à être revisitées par la priorité donnée à la protection du plus fragile, comme critère d’humanisation de la société. C’est pourquoi nous voulons inviter des professionnels de tous les domaines : experts, praticiens, des universitaires,,à creuser en profondeur l’écologie humaine, à revisiter leur discipline au regard de l’écologie humaine, et à échanger leurs points-de-vue… Ces regards croisés sur l’économie, l’éducation, la culture, la politique etc. nous aideront à promouvoir l’écologie humaine au cœur de toute décision.

Ainsi, par exemple, ce que l’écologie environnementale a dégagé comme principes d’une gouvernance de la planète à très long terme peut éclairer et enrichir la réflexion sur la façon dont nous devons définir, préserver et transmettre aux générations futures l’anthropologie comme patrimoine commun de l’humanité.

2. UN APPEL A L’IMPLICATION PERSONNELLE

L’écologie humaine n’aurait aucun sens à demeurer à l’état de posture intellectuelle : l’engagement de chacun est requis. Voilà pourquoi il ne s’agit pas à nos yeux de multiplier les « commentaires », mais d’appeler chacun au changement. Là où il se travaille, là où il vit, dans l’exercice de ses responsabilités personnelles, familiales et professionnelles, chacun pourra partager son approche concrète des questions, dégager des problématiques, proposer des solutions et surtout décider d’ajuster son propre mode de vie. Ce dernier point est le plus essentiel : l’écologie humaine doit de plus en plus relever d’attitudes et de comportements personnels, que chacun pourra discerner, selon son état et grâce au foisonnement du débat.

Ainsi, par exemple, nous ne pouvons pas prôner le respect des personnes âgées dépendantes, jusqu’au terme naturel de leur vie, et la solidarité intergénérationnelle, sans nous impliquer personnellement pour éviter, dans nos villes et les maisons de retraite, leur abandon, que certains nomment « euthanasie sociale ».

3. LA RECHERCHE DU VRAI DÉBAT

Comment mesurer si un comportement, l’application d’une découverte technique ou un mode de vie particulier respecte l’écologie humaine ? La réponse n’est pas toujours évidente. D’où la nécessité de partager des expertises et d’en débattre honnêtement pour « creuser ensemble le puits de la vérité ». A ce titre, les tenants de ce que nous pensons être une « culture de toute-puissance », méritent d’être entendus avec le plus grand respect, car les mobiles qui les animent ne sont pas tous en contradiction avec les nôtres. L’écologie humaine étant fondée sur le profond respect pour l’homme, et pour sa liberté de penser, notre posture ne sera ni d’édicter des « dogmes », ni d’étiqueter des adversaires, ni de rejeter en tant que tel le progrès scientifique et technique. Mais bien de susciter un débat culturel courageux et honnête sur chaque sujet.

A titre d’exemple, la perspective d’implantation des puces électroniques dans le cerveau doit être sérieusement débattue car elle peut d’avérer la meilleure ou la pire des choses selon l’objectif visé et son résultat : redonner la mobilité à une personne atteinte de tétraplégie grâce à un exosquelette robotisé asservi à la pensée, ou altérer la liberté de penser dans un but d’asservissement de certaines catégorie d’êtres humains.

4. UNE AMBITION “MÉTAPOLITIQUE”

De même que l’émergence de l’écologie environnementale s’est aussitôt traduite dans le champ politique, jusqu’à devenir un enjeu permanent des décisions publiques et des lois, l’écologie humaine doit émerger comme une question politique majeure. Nous la nommons « métapolitique » car nous estimons qu’elle mérite d’être prise en compte dans tous les partis, indépendamment des sensibilités de droite ou de gauche qui cristallisent à l’excès notre société. Qui prétendrait que l’écologie environnementale soit le monopole d’une seule formation politique ? Si l’écologie humaine ne doit pas être enfermée dans un parti, il est tout à fait légitime que des partis y puisent leur inspiration, voire s’en réclament. Lors des prochaines échéances électorales, des candidats pourront nourrir leurs programmes des propositions concrètes de l’écologie humaine.

A titre d’exemple, pourquoi ne pas imaginer que se déploient, à terme, des processus comme ceux du pacte écologique ou comme le « Grenelle de l’environnement » qui permettraient de mettre des questions essentielles au cœur du débat politique, y compris en période préélectorale?

5. DES ASSISES PARTICIPATIVES

Nous avons annoncé la tenue d’Assises de l’écologie humaine. Elle s’inscriront dans l’état d’esprit de la présente note. Un évènement de lancement aura lieu avant l’été 2013, le samedi 22 juin, à Paris, puis les Assises pourront se décliner localement, pendant plusieurs mois, comme un vaste mouvement de réflexion, de proposition, d’appropriation et de participation. Pourront s’y impliquer des personnes, à titre individuel, mais aussi des mouvements constitués dont l’objet intéresse l’écologie humaine et qui s’intéressent à elle. Selon un processus respectueux de la diversité des points de vue et de la recherche de synthèses opérationnelles, ces Assisses devraient aboutir, le moment venu, à l’organisation d’un « congrès » de plusieurs jours, vaste forum débouchant sur un livre blanc, solidement étayé.

A titre d’exemple, nous pouvons imaginer des groupes de travail locaux thématiques pour relever le « défi du vieillissement et de la dépendance », nous pas sous l’angle des financements publics, mais sous celui de l’implication concrète des habitants d’un espace géographique auprès des personnes âgées vulnérables qui y habitent, en lien avec le tissus  associatif et les professionnels concernés.

6. LA GOUVERNANCE AU CŒUR DU COURANT

Deux facteurs rendent prégnante la question de la gouvernance au cœur de l’écologie humaine. La première est liée à la nature même des décisions humaines : l’écologie humaine étant fondée sur le respect de l’homme « comme mesure de toute chose », chaque acteur et chaque communauté d’acteurs doivent participer aux décisions qui les concernent. A ce titre, l’écologie humaine appelle à une libération face aux modes de pensée totalitaires qui se dissimulent parfois sous les fonctionnements « experts » ou « technocratiques ». Second motif, la question de l’essence de l’homme est à la fois un enjeu de court terme – les lois en débat l’attestent – et de très long terme, puisqu’il s’agit de préserver, pour les générations futures, les repères anthropologiques qui définissent l’homme. De la même façon que l’écologie environnementale, l’écologie humaine, nécessite donc une gouvernance du très long terme. Pour ces deux raisons, la gouvernance du courant devra se montrer exemplaire.

A titre d’exemple, lors de nos groupe d’enquête et de travail sur le terrain, nous attacherons du prix à l’expression des désirs des personnes vulnérables qui font trop souvent « l’objet » des politiques publiques au lieu d’être « les sujets » de leur destin dans leur environnement. Cette intention est heureusement déjà inscrite dans un courant de pensée qui s’attache à recueillir fidèlement la parole des personnes concernées, sans la travestir, ni l’induire, grâce à des médiateurs formés.

7. UNE STRUCTURATION PAR THÈMES

L’écologie humaine est transversale, mais nous nous proposons de l’approfondir dès maintenant au travers d’une structuration par thèmes, en ouvrant progressivement sur notre site des espaces d’une page dédiée à chaque thème. Un modérateur  anime chaque thème, et modère le débat. Les contributeurs seront appelés à respecter la charte établie selon un principe constructif : constatation de la situation ou des perspectives, problématique dégagée, solution préconisée, implication personnelle envisagée.

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance