Cultiver son potager en ville : les jardins Volpette (Saint-Étienne)

7 Juin, 2023 | AGRICULTURE, SOCIÉTÉ DE BIEN COMMUN

Serge Tonoli est marathonien, écrivain, poète ; il est également féru de jardinage, ce qui l’a conduit à prendre la présidence de l’association Les jardins Volpette qui le comble à plus d’un titre. Il raconte.

“Du plus profond de mon cœur, j’encourage chaque personne à se rapprocher de la terre comme d’une amie ; parce que la terre nous fait du bien.”

Serge Tonoli

Les jardins Volpette : un patrimoine de la ville de Saint-Étienne

Serge Tonoli, Président des Jardins Volpette : “J’ai 64 ans, je vis à Saint-Étienne et je suis président de l’association des jardins Volpette depuis une quinzaine d’années maintenant.

Mon père, déjà, cultivait un jardin ouvrier ; et la plupart des personnes de ma génération, à Saint-Etienne, ont grandi dans les jardins Volpette ; ils font partie du patrimoine génétique de la ville de Saint-Etienne. 

Dans ma vie – et les endroits où mes pas m’ont porté – je me suis toujours efforcé d’avoir un jardin potager. Je considère que le lien avec la terre est fondamental pour l’être humain. Lorsque je suis revenu dans la région, j’ai donc trouvé tout naturel de frapper à la porte des Jardins Volpette. J’ai même eu la chance de récupérer le jardin où mon père avait le sien dans les années 1960 !

Naissance des jardins Volpette

La naissance des jardins ouvriers à Saint-Étienne est due à l’action d’une veuve de Sedan, Marie-Félicité Bridoux, en 1889. Souhaitant venir en aide aux chômeurs, elle décide de louer à un prix très modeste, des terres qui seront cultivées par des familles nécessiteuses afin que celles-ci puissent se nourrir correctement, sans avoir systématiquement recours aux bonnes oeuvres.

Cette idée, publiée dans un journal local à Saint-Étienne, tombe sous les yeux de Félix Volpette. On est en 1894 et l’Europe subit une crise économique épouvantable.

Il se trouve que ce prêtre jésuite avait commencé à distribuer des soupes populaires mais cette action ne lui plaisait qu’à moitié : il avait compris que l’assistanat ne mène pas les humains vers l’élévation, mais les fait sombrer plutôt. Il s’arrange alors pour favoriser l’accès à un potager des familles démunies. Voilà comment est née la belle histoire des Jardins Volpette à Saint-Etienne.

Jardins Volpette

Les jardins Volpette aujourd’hui

Aujourd’hui, l’association Les Jardins Volpette compte 1300 adhérents ; cela veut dire que 1300 familles Stéphanoises n’ont pas de jardin au pied de leur maison, mais qu’ils bénéficient d’un carré de terrain intra-muros grâce aux Jardins Volpette. 44 hectares de terrain sont ainsi entretenus par des jardiniers amateurs, sur 44 sites différents. Dans n’importe quel quartier, il est donc possible d’avoir accès à une parcelle de terrain – pour peu qu’il y en ait de disponible, bien entendu !

Critères d’admission et budget annuel aux jardins Volpette

L’une des principales conditions pour obtenir un bout de terrain est de s’engager à cultiver correctement sa parcelle. Pour le reste, les volontaires obtiennent leur jardin en fonction de l’ordre dans lequel leur demande a été soumise.

Un jardin s’étend en moyenne sur 200 mètres carrés.

Concernant le budget, le prix de location est fixe et modique. À cela doit être ajoutée la consommation d’eau – chacun possède un compteurs individuels. Grosso modo, si on est raisonnable avec l’eau – en pratiquant le paillage ou d’autres méthodes de jardinage qui préservent l’eau – on s’en sort pour 50 € par an.

La seule véritable règle est l’interdiction d’usage des produits phytosanitaires dans les jardins.

Dans les jardins Volpette, on cultive aussi la solidarité

Le responsable du blog de l’association a récemment eu un souci de santé ; il était dans l’incapacité de faire son jardin. Ses voisins de jardin ont donc pris l’initiative de labourer son jardin, de mettre en terre les plants qu’il avait déjà acheté des plantes et d’entretenir le tout, le temps que notre ami aille mieux.

Voilà une anecdote courante dans l’association. On a la chance d’habiter un ancien bassin minier où les populations cosmopolites ont appris à vivre ensemble avant de se comprendre au niveau du langage. Cette solidarité perdure chez les Stéphanois qui ont la générosité chevillée au corps.

Un dernier message : mettez-vous au potager !

J’encourage, du plus profond de mon cœur, chaque personne à se rapprocher de la terre comme d’une amie parce que la terre nous fait du bien.

Si vous n’êtes pas bien dans votre tête, dans votre peau, si vous vous sentez diminué physiquement, si vous rencontrez des problèmes compliqués professionnellement ou dans votre vie personnelle, prenez un jardin ! Ce n’est pas la solution à tout mais c’est la solution à beaucoup de choses.


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