Tugdual Derville, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, revient sur l’incendie de Notre-Dame de Paris.
“Chacun se souviendra, je pense, de la façon dont il a appris ce sinistre et de son émotion, impuissant devant ce feu dévorant en direct les poutres de chêne des bâtisseurs de cathédrale, tout en ignorant à quel état de ruine la nef et ses trésors allaient être réduits.
Dans le cadre du Courant pour une écologie humaine, je venais d’animer un atelier sur la pensée positive, dans l’esprit de Viktor Frankl. Ses participants avaient été invités à noter les tuiles ayant émaillé leurs vies pour y trouver des conséquences positives, instructives, bienfaisantes. L’atelier suggérait, à la prochaine mésaventure, de repérer ses effets positifs… D’oser les goûter, pour mieux traverser l’épreuve.
Et voilà donc qu’un incendie impensable a surgi. Malgré ma gorge nouée devant le spectacle, j’ai fait en direct l’exercice conseillé à mes amis. Au milieu de la pluie de feu qui s’abattait sur les pierres, c’est une pluie de grâce dont nous pouvons dresser la liste : humilité devant les forces naturelles, admiration pour le courage des pompiers, amour du patrimoine, respect du sacré, redécouverte de l’histoire, gratitude pour les générations passées, quête de nos racines, générosité internationale, rayonnement de la France, rare moment d’unité nationale.
Pour certains, découverte d’œuvres d’art, et pour d’autres soulagement de les savoir sauvées, notamment celles dont la valeur spirituelle est inestimable… Ainsi que le coq et ses trois reliques, intactes tout comme la Couronne d’épines et le saint Sacrement. Sans oublier, l’absence de victime… Que de consolation, de lumière, de joie même au milieu du drame qu’on aurait tant aimé éviter ! L’or se vérifie au feu.”
Sources
MERCI Tugdual. J’ai eu le bonheur de vivre cet atelier et, vrai de vrai, c’est une ressource précieuse à utiliser sans modération! Quand la difficulté est là, je peux la vivre plus sereinement dès lors que je prends conscience de toute la richesse quelle contient, de tout ce qu’elle me permet de découvrir, de tout ce qu’elle va faire grandir en moi. Les émotions engendrées par la souffrance se teintent alors de douceur jusqu’à la paix et la joie profondes. Je peux vivre pleinement l’épreuve sans la tentation de l’éviter ou de la laisser de côté! Pour les sceptiques qui pourraient croire que ce sont de belles paroles, essayez et vous comprendrez!
Merci pour ce commentaire profond, qui est le second, au sujet de Notre Dame, à me toucher au coeur. Le premier était l’intervention très dense de François Cheng dans la Grande Librairie.
J’ai appris l’incendie juste avant de reprendre l’avion à Atlanta pour rentrer en France. Ma voisine était une Jordanienne, musulmane, qui rentrait chez elle et prévoyait d’aller en pèlerinage à Bethleem, sa ville natale. Nous avons parlé tristement de Notre Dame, nous étions émus tous les deux, et nous sommes quittés en nous recommandant chacun à la prière de l’autre. Sans l’incendie, un tel moment de fraternité n’aurait pas eu lieu.
Si seulement nous pouvions garder l’unité que permet notre Mère, et ne pas retomber dans les polémiques et les divisions…