Monstrueux VARAN DE KOMODO

20 Juil, 2021 | NATURE & ENVIRONNEMENT

Le plus grand lézard de la planète donne un avant-goût de ce que serait un monde où l’on aurait ressuscité les dinosaures. Nous serions la proie d’une bête à sang froid et à bave infecte.

Le varan de Komodo est le plus grand lézard du monde : jusqu’à trois mètres de long et plus de cent kilos. Remontant à 4 millions d’années, il donne une « petite » idée du temps des dinosaures. 

Quand les Occidentaux l’ont découvert, en 1910, il était bien connu des habitants des cinq ilots d’Indonésie où il aurait trouvé refuge à la monté des océans. Sa survie posant mille questions, il fut étudié sous toutes les coutures : pose de balises, prise de température, analyse d’excréments où l’on trouve poils de sangliers, os de cerfs ou sabot de buffle asiatique. 

Notre varan est aussi nommé dragon. Il ne crache pas de feu, mais bave une salive infecte, bouillon de culture qu’il transmet avec sa morsure.

Inspectons-le à partir de la queue. C’est une arme. En cas de menace, la femelle qui garde le terrier où elle a pondu, la dresse ; les mâles s’en servent de fouet, quand ils se disputent un territoire… ou une femelle. Les pattes du prédateur sont munies de griffes qui servent dans ces combats, déchiquètent ses repas et creusent son terrier.

Les bêtes à sang froid dépendent de la température. Quand elle dépasse 30 degrés, le varan court à 20 kilomètres à l’heure. Après avoir passé la nuit enfoui, il doit se réchauffer au soleil avant de chasser. S’il fait trop chaud, il attend à l’ombre. 

Son cerveau, plus gros que celui des autres lézards, même en proportion de sa taille, dénote une intelligence hors norme, précieuse pour piéger ses proies. Malentendant, doté d’une vue et d’un odorat médiocres, le varan de Komodo goûte comme personne. Sa langue bifide est son organe privilégié : elle ne cesse d’analyser l’air ambiant. Elle décèlerait l’arôme d’une charogne à 9 kilomètres… Les villageois ont appris à protéger leurs tombes avec de grosses pierres. Pour tuer un cervidé, le varan doit le surprendre. Une morsure suffit : ses dents sont acérées et sa mâchoire libère du venin pendant qu’il mord. Grâce à l’élasticité des ligaments qui relient ses mandibules, le monstre peut avaler une chèvre entière, avec os, cornes et sabots, qu’il régurgitera quand ses puissants sucs digestifs l’auront dissoute. Même le buffle asiatique, tardivement débarqué sur ses îles, est visé. Il le mord, le laisse filer et attend un jour. Le bovin, qui a trempé sa blessure infectée dans l’eau stagnante, meurt de septicémie.

Pour les autochtones, le dragon du Komodo est un emblème respecté, même s’il lui arrive de dévorer un enfant imprudent. Le varan raffole d’ailleurs de ses propres rejetons ! Les jeunes fuient la voracité de leurs parents en vivant dans les arbres pendant deux ans. La nature les fait éclore insectivores, au printemps, quand les insectes pullulent. Ensuite, petit varan devenu carnivore devra descendre au sol et risquer sa vie en disputant ses proies aux vieux varans qui rêvent de le croquer… Ce cannibalisme systématique expliquerait la survie des spécimens les plus robustes et malins, donc de l’espèce, qui reste très menacée. 

C’est ce genre de sélection naturelle que des disciples de Darwin ont osé transposer à l’Humanité avec leur atroce théorie eugéniste. Ainsi le Français Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913, plaidait cette année-là dans son livre « La sélection humaine » pour la suppression des enfants dits « anormaux » ou « tarés » qu’il jugeait indignes de vivre. Et si c’était lui, le monstre ?


Cet article est tiré de la Chronique Des Animaux et des Hommes (21/04/2021), diffusée sur ktotv.

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