Prendre soin : entre fragilité et force

8 Juil, 2016 | Non classé

PrendreSoin_Article
L’avant dernière soirée du parcours de form’action Cap 360° était dédié au thème « Prendre Soin ». Armelle, une jeune Toulousaine, nous a envoyé ce témoignage, suite à l’action proposée. Nous l’avons trouvé tellement touchant et lumineux, que nous ne résistons pas au plaisir de le partager avec vous – avec son consentement, cela s’entend ! -.

 

Action « Prendre soin » proposée :
Une action en deux temps, pour le mois de mai, pour lier “prendre soin” et “communs” :
1. Cartographier : écrire sur une grande feuille blanche les noms des personnes dont on doit/souhaite prendre soin dans notre entourage. Une belle vue d’ensemble des interdépendances qui sont les nôtres au quotidien devrait émerger !
2. Prendre soin : choisir l’une des personnes de cette carte, mettre en place une action pour en prendre soin et analyser le commun que cela créer dans notre relation : quels fruits émergent ?

 

Armelle : « La dignité de l’homme, c’est avant tout la réalité, la beauté et le mystère complexe d’être un homme, un être unique, une identité, un don, un fruit de l’amour.

Prendre soin, c’est la considération de cette dignité et rendre une reconnaissance face à cette dernière. Ainsi, je prends soin de moi car je considère et ai conscience de ma dignité mais je suis aussi amenée à prendre soin de l’autre car j’ai conscience de la dignité de l’être que j’ai en face de moi.

Prendre soin, passe par l’observation, le temps d’écoute, la prise de conscience, l’accueil, le respect et l’accompagnement de notre dignité.

De ce fait, je prends connaissance et respecte les fragilités et les compétences de mon être, qui sont à la fois pour ces deux attributs, des forces et des faiblesses qui me constituent, tout comme mon caractère, mes difficultés, mes valeurs…

En étant à l’écoute, dans l’observation et dans la considération de « ce que je suis », et donc en prenant soin de moi, je suis dans la possibilité d’ouvrir, de comprendre et d’activer « ce soin » aux autres. C’est en expérimentant que nous sommes en possibilité de mieux comprendre, mieux transmettre et mieux agir.

Néanmoins, je n’aurai jamais la connaissance de l’autre dans la profondeur de son être car je ne suis pas à sa place (d’ailleurs si j’en avais connaissance je ne serai pas à ma place).

Je prends soin de l’autre en le respectant, en lui laissant sa place et en l’accueillant avec ses fragilités, ses forces, sa personnalité, ses difficultés,…

Prendre soin, c’est s’impliquer.

Lorsque l’on prend soin de quelqu’un, on rentre dans cette notion d’accueil, à la fois personnel et réciproque : la personne qui est soignée, considérée, respectée et la personne qui prend soin, qui écoute, se sentent accueillies personnellement et s’accueillent réciproquement.

Du coup, le soin prend une dimension beaucoup plus importante. Il englobe et a des effets sur deux personnes. Deux êtres qui vont peut-être se comprendre (ou non) mais surtout qui vont chacun trouver et prendre leur place sans déborder sur l’un ou sur l’autre et grandir du respect mutuel, des échanges

Prendre soin, c’est transmettre à travers la joie, la patience, dans le respect, par la responsabilité, par l’émerveillement,… de la bienveillance, des valeurs, une éducation, des savoirs, des savoir-faire…

Prendre soin de l’homme, s’effectue aussi par la considération et le respect de ce qui nous entoure, de l’environnement dans lequel nous vivons, des animaux qui nous accompagnent durant notre vie. Cela s’établit aussi par l’observation, l’attention, la considération et la compréhension à la fois de la fragilité et des caractéristiques de cette nature.

Cela nous permet de grandir dans la patience, la douceur et l’émerveillement de ce qui nous entoure, de tout ce qui ne nous appartient pas, d’apprivoiser et de fonctionner avec notre environnement, qui nous donne des outils, des moyens de vivre, de nous détendre, d’apprendre, de nous soigner,…

Pour l’exercice demandé à la réunion, si je prends l’image du filet de pêcheur :

  • la première maille au centre du filet que je dois « solidifier », considérer comme point fragile mais aussi comme point fort et d’équilibre, sur laquelle je dois prendre appui sans l’écraser, c’est mon être, ma propre personne dont je dois prendre soin,
  • ensuite viennent les membres de ma famille proche (mes parents, frère et sœurs (repères aimants)), à savoir les mailles qui gravitent et se suivent mais liées les unes aux autres, de la première à la dernière maille,
  • puis vient mon entourage, mes amis et les personnes que je côtoie dans mes activités, ma rééducation,…
  • enfin tout l’environnement dans lequel je vis est imbriqué dans les fils qui constituent chaque maille du premier jusqu’au dernier (interdépendance entre la nature et l’homme). Si je n’observe pas, l’écosystème, ni ne le considère, ni ne le respecte, je ne peux pas en prendre soin.

Ainsi, je me dois, c’est une nécessité, de prendre soin de ce qui m’est prêté, donné, en commençant par ma propre personne, pour être en mesure de pouvoir répondre au soin des autres, de tous ceux qui m’accompagnent et de tout ce qui m’entoure. »

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