Projet Canto : et si nous (re)chantions ensemble ?

27 Juin, 2022 | ART & COMMUNICATION, ART & CULTURE

Retrouver des occasions de chanter en chœur. Pouvoir picorer sans trêve dans le riche répertoire des chants populaires de France. Être aidé pour en retrouver l’air. Vous en avez rêvé ? Ils le font ! Ils ? Charles, Rémi et Gauthier, cofondateurs du projet Canto. Nous les avons rencontrés ; moment de joie et de profondeur. On vous laisse découvrir.


Projet Canto : les débuts

Charles, fondateur du projet Canto : “j’ai 39 ans, j’ai grandi à Paris mais j’habite la Bretagne depuis 4 ans pour ma plus grande joie !

Pourquoi suis-je tant attaché au chant ? Ca remonte à un souvenir de gosse. À l’âge de 7 ou 8 ans, j’ai découvert le chant en communauté par le biais des Louveteaux. Je me souviens encore de ces longues soirées après des journées un peu crevantes, loin de nos parents et de notre confort. Malgré le froid et les paroles qu’on ne connaissait pas forcément, il y avait une vraie magie dans ces moments de communion et de joie.

Après mes études, j’ai retrouvé le goût du chant en commun, grâce à deux amis qui avaient gardé cette habitude. J’ai trouvé ça très beau. C’est avec eux que l’idée de Canto est née. Ce n’était d’abord qu’un simple fichier PDF et c’est devenu beaucoup plus que ça !”

Gauthier, directeur du Projet Canto : “J’ai 26 ans et j’habite dans les Vosges. J’ai rencontré Charles il y a 2 ans. J’ai su par un ami qu’il avait besoin d’un chef de projet. Je l’ai appelé, on a discuté et j’ai rejoint le projet Canto il y a 1 an en tant qu’associé.

Il y a quelque chose d’inexplicable et de transcendant quand on chante à plusieurs. Un sentiment d’union et de communion qui est totalement différent de ce que l’on peut ressentir quand on chante seul dans sa salle de bain. On vit un moment avec les autres ; cette expérience-là ne s’achète pas. Elle se vit ou ne se vit pas. Quand on l’a déjà vécue, on ne peut que vouloir la partager, la diffuser. C’est ce qu’on fait avec Canto.” 

Projet Canto : kesako

G. : “Le fer de lance de Canto est une application mobile et un site internet. Une base de données accessible, gratuite et visible, pour tous. Sur l’application, on peut récupérer les paroles, l’air du chant – grâce à des liens externes type YouTube, Spotify, Deezer, etc. Bientôt, vous y trouverez également les partitions.

Évidemment, nous suivons une politique stricte en matière de données personnelles, initiée par le RGPD au niveau européen. L’utilisateur a un droit de regard absolu sur ses informations. Nous ne vendons rien au Big Data !

Le projet Canto, c’est aussi la transmission d’un patrimoine aux jeunes générations, pour qu’à leur tour, elles le fassent vivre. Nous ne sommes pas dans un musée ou une vitrine. Ce que nous voulons, c’est chanter, ensemble, dans tous les moments de la vie ; que ça redevienne un acte naturel.”

C. : “En une phrase, Canto, c’est le rêve fou de vouloir refaire chanter les Français ensemble !”

Projet Canto : le répertoire

C. : “Chez Canto, on trouve des chants de travail (les chants de marin ou liés à l’usine), des comptines, des berceuses, des chants régionaux sur la liberté, l’aventure et l’attente de l’être aimé (pour les marins bretons, par exemple), des chants qui parle d’histoire, de guerres, des drames, d’honneur, des chants à boire – moments de convivialité assez merveilleux – des chants pieux.

G. : “En bref, on a choisi de ne pas choisir, d’être exhaustif. Notre limite, c’est lorsqu’on passe à la chanson française, à la variété. Avec ce répertoire-là, les gens écoutent mais ne chantent plus. C’est ce qui fait que l’essentiel du chant contemporain ne correspond plus à notre démarche.”

Le chant populaire, un bien commun

C. : “L’époque va malheureusement très vite et nous atomise un peu. Ce progrès – qui peut-être n’en est pas un – tend effectivement à nous isoler. Le chant est une manière assez incroyable, gratuite, infinie, de pouvoir relier, rattacher, recréer une intimité et une confiance par-delà les générations et les milieux sociaux. Je crois qu’on ne peut pas se permettre le luxe d’écarter cela. Le chant populaire est un bien commun, parce qu’il s’enracine sur un patrimoine commun, une histoire commune. Il est accessible à tous.”

G. : “Le chant populaire appartient à notre patrimoine, à notre histoire. Nos ancêtres chantaient lorsqu’ils allaient faucher les champs, embarquaient sur un bateau pour aller pêcher en Islande ou remonter la Loire. Cette tradition, nous l’avons un peu perdue, sauf dans certains milieux – l’armée par exemple.

Par ailleurs, le chant populaire permet de transmettre un certain nombre d’images, de façons de vivre et de valeurs. Charles dit souvent que les chants parlent d’honneur, d’amour, de fidélité, de joie. Ces valeurs positives font partie du bien commun.”

S’enraciner par le chant

G. :Partout où il y a des Hommes, on chante. Mais on ne chante pas les mêmes choses car le chant est lié à un terroir, des habitudes, des métiers, etc. Voilà pourquoi la Bretagne côtière n’a pas les mêmes chants que la Bretagne de l’intérieur. Quand on vit proche de la mer, nos chants seront en rapport avec la mer, l’absence ou la fête du retour. Tandis que le paysan qui travaille la terre, ses chants porteront sur la moisson, etc.”

C. : “C’est important de s’enraciner. Nous vivons dans une époque froide, glaciale. Le “tout-économie” a tendance à nous éparpiller, à rationnaliser et comptabiliser les rapports humains. On est dans le quantitatif, on n’est plus dans le qualitatif. Les gens le sentent, le savent et ils zappent très facilement. Il y a de la solitude. Les biens matériels ne remplissent pas les vies ; désert affectif, voire spirituel. Qu’on le veuille ou non, nous vivons dans une tempête. La bonne nouvelle, c’est que les racines profondes ne gèlent jamais.”

Déringardiser le chant traditionnel

G. : “Nous organisons des événements partout en France pour que les gens se retrouvent et chantent. De même, dans l’application, il y aura un réseau social qui permettra aux gens qui le souhaitent de se retrouver pour chanter ponctuellement ou régulièrement. Nous espérons que des chœurs, des chorales, vont se monter !

Quand j’ai rejoint le projet, Charles me disait qu’il faut réussir à déringardiser le chant. Notre travail est d’abord de rendre sa force à cette pratique !”

C. : “Nous voulons rendre la tradition du chant sexy, marrante et profonde. Ce dont les gens ont besoin aujourd’hui. La jeunesse, notamment, mérite bien ça !”

Parce qu’il faut oser chanter !

C. : “N’ayez pas peur de passer pour des cons. Le chant, c’est généreux, c’est drôle, c’est triste… c’est la vie ! Il faut prendre la vie au sérieux, mais pas trop, sinon elle risquerait de le devenir. Ne nous laissons pas abattre par la morosité d’une époque qui nous fait peur en permanence. Ayons du panache. Nous n’avons rien à perdre, c’est gratuit. Il suffit juste d’un peu de mémoire, d’audace, pour passer des moments merveilleux.”


Rendez-vous sur Le Projet Canto pour (re)découvrir Le Forban et La Blanche Biche, les chansons préférées de Charles et Gautier.

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