Le travail humain participe à la construction la société.
Il donne lieu non seulement à des objets et des services mais aussi à des relations sociales, hiérarchiques, de dépendance ou de coopération. Il s’enrichit ou se confine dans des organisations et des entreprises. En puisant dans les ressources de la nature les moyens de se produire et de se reproduire, le travail transforme aussi notre environnement. Il l’embellit ou le détruit, l’épuise ou le protège, le rend plus sûr ou plus pauvre.
La gestion du travail humain impose finalement à nos sociétés comme à notre environnement, ses rythmes, ses temps et sa discipline. C’est pourquoi il est urgent de la considérer non comme une mission confiée à l’économie, mais comme une dimension déterminante de notre « vivre ensemble ». Car pour l’écologie humaine, le travail ne se réduit pas à une ressource. Il est inscrit dans la nature de l’homme : en exerçant des activités destinées à transformer le monde, l’homme s’humanise.
C’est pourquoi la gestion du travail est la grande question politique de notre temps. Elle n’interroge pas seulement la société et l’environnement que nous bâtissons, elle dit aussi en quoi l’être humain est rendu à sa dignité ou au contraire humilié par le travail qui lui incombe.
L’homme s’humanise dans le travail, non seulement grâce aux fruits productifs de son activité destinée à transformer le monde, mais aussi tout simplement parce que le travail fournit une communauté humaine et des interactions sociales organisées. Il est d’autant plus désolant de voir de nombreux exemples de personnes humiliées, voire désespérées par leur travail (ou leur manque de travail – la réalité ou la menace du chômage), ce qui peut aller jusqu’au suicide.
La relation sociale dans le travail est souvent hiérarchique au sein de l’entreprise. Le bon équilibre entre le pouvoir sur l’autre et le respect de l’autre fonde une relation saine. Les abus de pouvoir sont souvent justifiés par la concurrence et la course au profit. Mais c’est le plus souvent une piètre excuse. Il est clair que le respect des personnes est au contraire un facteur-clé de productivité. Les diverses formes de harassement au travail nuisent au bon fonctionnement de la collectivité productive. Le respect mutuel est non seulement compatible avec une saine concurrence et un profit méritoire. mais il les fonde.
Faire grandir l’homme dans le travail devrait être un objectif present à l’esprit de tout participant à la collectivité, en particulier ceux qui ont une responsabilité hierarchique. Sans jouer les saintes nitouches: on peut sanctionner et même renvoyer une personne, avec respect, pour le bien des autres membres du groupe et de l’entreprise. Grandir dans l’entreprise peut prendre de nombreux aspects: ouverture humaine, satisfaction du travail bien fait, harmonie avec les objectifs du groupe, acquisition de nouveaux saviors et competences. Faire grandir l’autre et accepter que l’autre me grandisse, voilà une aventure humaine parfaitement compatible avec la stimulation de la concurrence, le lancement de nouveaux produits, la poursuite honnête de nouveaux marchés, et la réalisation d’un beau profit pour les investisseurs qui ont soutenu une communauté productive et ses objectifs.