Bee Friendly : les pollinisateurs vous disent merci

16 Juin, 2020 | NATURE & ENVIRONNEMENT, TERRITOIRES VIVANTS

Lidwine travaille chez Bee Friendly, une association qu’elle présente ci-dessous avec un réel enthousiasme. On la comprend : c’est un métier qui a du sens et qui lui permet d’agir concrètement pour un lien homme-nature plus respectueux. On vous laisse découvrir.

Bee Friendly : un label pour les produits respectueux des pollinisateurs

L’association Bee Friendly est née à l’initiative d’apiculteurs européens. Ils ont mis en place un label pour favoriser les pratiques respectueuses des abeilles et des pollinisateurs. Il s’agit donc de sensibiliser les producteurs et les entreprises fabriquant et distribuant des produits de la vie quotidienne (production agricole, industrie agroalimentaire, cosmétiques, détergents, etc.) à l’enjeu de la survie de l’abeille, indicateur de la qualité de l’environnement. L’idée est également de les inciter à mettre en place des pratiques ayant un impact positif sur les pollinisateurs et leurs écosystèmes.

Pourquoi s’intéresser aux abeilles ?

Partout dans le monde et plus encore dans les pays industrialisés, les abeilles et les insectes pollinisateurs sont en déclin.

Les apiculteurs et un nombre croissant de scientifiques apportent les preuves que l’abeille est fragilisée par l’utilisation de pesticides nocifs pour les pollinisateurs et par la perte de biodiversité découlant de l’intensification de l’agriculture. Or, en butinant pollen et nectar, l’abeille contribue à la pollinisation de 80% des espèces végétales dans le monde, et la production de 84% des espèces cultivées en Europe dépend directement de son rôle de pollinisateur.

L’abeille est indispensable non seulement pour le maintien de l’équilibre des écosystèmes naturels mais aussi pour assurer les rendements de notre agriculture (arboriculture, cultures fourragères, maraîchères, florales et production de graines, etc.). Selon une étude de l’INRA de 2008, l’activité pollinisatrice des insectes est déterminante car les insectes pollinisateurs et l’abeille en particulier sont à l’origine de 35% de nos ressources alimentaires mondiales… Le chiffre d’affaire ainsi induit est estimé à 153 milliards d’euros par an dans le monde.

Obtenir le label

Ce label a été créé en 2012 par des syndicats apicoles européens, dont l’Union Nationale de l’Apiculture Française pour la France, et est géré par l’Association éponyme.
Son cahier des charges s’articule autour de 3 axes :

  • « pratique phytosanitaire » avec le respect d’une liste noire d’insecticides particulièrement toxiques pour les abeilles,
  • « biodiversité » pour réintroduire de la nourriture et des habitats pour les pollinisateurs sauvages et domestiques (abeilles),
  • « partenariat apiculteur-agriculteur » pour rapprocher sur le territoire ces deux métiers.

L’obtention du label passe par la mise en place d’un partenariat avec Bee Friendly, établi pour une durée minimale de 3 ans. Une fois le partenariat mis en place, un audit est à réaliser chaque année avec un organisme certificateur indépendant pour vérifier la conformité de l’exploitation au référentiel et certifier la production.

Et Lidwine, dans tout ça ?

“Depuis toujours, je suis passionnée de nature, avec une enfance au pied des Alpes et un bon paquet d’années de scoutisme. Par ma mère, je suis issue du milieu agricole : mon grand-père était agriculteur en Picardie, sur une ferme de pommes de terre, céréales, betteraves, etc., plutôt « conventionnelle ». C’est mon oncle qui a repris la ferme. Du côté de mon père, j’ai des ancêtres agronomes, passionnés par l’étude et la compréhension de la nature. Je me sens être un joyeux mélange des deux côtés.
Pendant mes études à l’École supérieur d’agricultures (ESA), mon cœur s’est ouvert à l’agroécologie. Ce n’était pas une conversion brutale, c’était un changement progressif qui s’est opéré au gré de mes stages et de diverses rencontres. En première année, nous avions deux mois de stage en exploitation agricole, et la coutume veut que les élèves soient envoyés sur une exploitation dont le modèle est opposé à celui de la ferme de la famille. Je me suis donc retrouvée dans une ferme de vaches laitières en agriculture biologique, en Mayenne.
En deuxième année, j’ai eu la joie de découvrir l’agriculture paysanne, à Madagascar, autour de la culture du riz. Et en fin de quatrième année, je me suis retrouvée sur le plus grand domaine viticole privé de Corse, chez un mafieux, à m’occuper de la fertilisation et de l’irrigation du verger de pêcher : un verger très intensif où les délais de traitement avant récolte de 3 jours n’étaient même pas respectés : cette expérience m’a définitivement vaccinée de l’agrochimie !
À l’ESA, je trouvais que l’enseignement manquait d’agronomie. J’en attendais davantage sur le sol, les arbres, les végétaux. En cours, on nous parlait un peu d’agriculture biologique mais c’est tout. Avec des amis passionnés comme moi, nous avions décidé de faire nos stages de fin d’études en permaculture, pour pousser le sujet auprès de l’école. Je m’étais donc lancée dans la conception d’un agrosystème diversifié de 2 ha dans la Drôme, en permaculture et agroforesterie, en vue de la création d’une AMAP. L’idée était de créer une forêt-jardin et l’association de plantes pérennes était un sujet nouveau. Le terrain drômois a été planté, avec une centaine d’espèces et une pépinière a été ouverte.

Aujourd’hui, je suis chargée de mission technique au sein de l’association Bee Friendly, une petite association qui propose un label aux agriculteurs respectueux des pollinisateurs. Par ce métier, j’ai la chance de visiter et de rencontrer un grand nombre d’agriculteurs partout en France, et de travailler en lien avec une grande diversité d’acteurs : distributeurs, industriels, négociants, coopératives, domaines indépendants, instituts techniques, chambres d’agricultures, associations environnementales, syndicats apicoles, etc. L’objectif de Bee Friendly est de porter un modèle d’agriculture respectueux de l’abeille et de l’environnement, être vecteur de la petite étincelle de conversion qui va mener au changement.

À Bee Friendly, l’enjeu est de recréer du lien entre agriculteurs et apiculteurs sur les territoires pour qu’ils dialoguent, qu’ils se comprennent, qu’ils se connaissent. On se rend compte qu’il y a beaucoup d’a priori sur la profession de l’autre alors que les intérêts de ces deux professions sont communs. En renouant le dialogue et en créant de la transparence sur les pratiques, c’est un terreau d’échanges et de travail favorable qui se met en place pour la création d’une dynamique territoriale autour de la protection de l’abeille et de l’agroécologie. À Bee Friendly, ce lien agriculteur-apiculteur est considéré à la fois comme le moteur du changement de pratiques mais aussi comme la garantie que les pratiques agricoles sont bonnes, d’où le label qui permet aussi aux agriculteurs de valoriser leurs efforts en faveur de la biodiversité. C’est très enthousiasmant de participer à un tel projet !”


Découvrez le site internet de Bee Friendly : www.certifiedbeefriendly.org
Et leur page facebook : facebook.com/AssoBeeFriendly

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