Transformer le monde avec la finance éthique : c’est possible ! – Pierre-Antoine Varin

1 Sep, 2025 | ÉCONOMIE, FINANCE

La finance peut-elle devenir un levier de transformation de la société ? Pierre-Antoine Varin, conseiller en investissement éthique au Cèdre, dévoile un univers où chaque euro investi est un acte de foi, de pouvoir et de responsabilité. Bienvenue dans le monde de la finance éthique !

De la finance classique à la finance éthique : un tournant personnel

Pierre-Antoine Varin, gérant du Cèdre Finance Éthique : “Je suis marié, père de trois enfants et je dirige aujourd’hui un cabinet de conseil en investissements financiers et en gestion de patrimoine au Cèdre. Ce qui m’anime au quotidien, c’est une conviction : on peut – et on doit – réconcilier la finance et l’éthique.

Pendant des années, j’ai travaillé dans la finance traditionnelle. Puis est arrivée la crise des subprimes, en 2008. J’ai compris que, sans le vouloir, mon travail contribuait à fragiliser le système. Cette prise de conscience a été brutale. Je me suis remis en cause, profondément, et j’ai décidé de quitter ce milieu.

C’est dans cette période de transition que j’ai rejoint une structure appelée Le Cèdre. Et c’est à leur demande que je suis revenu, paradoxalement, du côté de la finance – mais avec une autre intention : celle de fonder un cabinet dédié aux placements financiers éthiques.

Le pouvoir est dans vos mains : quel monde souhaitez-vous financer ?

La finance, c’est simplement une transaction entre ceux qui ont de l’argent et ceux qui en ont besoin pour un projet. Mais ce projet peut être n’importe quoi : construire un bâtiment en béton, financer la déforestation, ou, au contraire, lancer une entreprise qui emploie des personnes fragiles, etc.

La finance concrétise les intentions dans la création du monde de demain ; c’est pourquoi tous les projets n’ont pas le même impact – ni sur l’environnement naturel, ni sur la société. C’est au financeur, donc à l’investisseur, de faire attention à ce qu’il soutient.

Définir la finance éthique : une question de référentiel

Toutes les finances dites éthiques ne se ressemblent pas. Ce qui les différencie, c’est le référentiel éthique que chacun choisit. Par ailleurs, la finance éthique ne se résume pas à ce que l’on finance, mais aussi comment on le fait.

En finance éthique, les projets sont sélectionnés selon des critères extra-financiers : environnementaux, sociaux et de gouvernance (les fameux critères ESG). On juge alors une entreprise sur sa cohérence, sur la manière dont elle agit vis-à-vis de ses salariés, prestataires, clients… et pas uniquement sur sa rentabilité. Et c’est là le levier d’une vraie transformation globale de la société.

Une diversité de pratiques : de la finance solidaire à l’ISR

Sous l’expression « finance éthique », on retrouve plusieurs pratiques :

  • La finance solidaire : elle vise à financer des entreprises reconnues comme « entreprises solidaires » selon la loi Hamon de 2014. Ce sont, par exemple, les Apprentis d’Auteuil, ou l’entreprise Le Relais qui collecte les vêtements. Contrairement à ce que l’on croit, ces entreprises peuvent être rentables !
  • L’investissement socialement responsable (ISR) : ici, on sélectionne, dans un secteur donné, les entreprises aux meilleures pratiques ESG. Aucune n’est parfaite, mais les meilleures deviennent alors plus facilement finançables. L’ISR inclut aussi des pratiques d’exclusion : il n’y aura pas d’investissement réalisé sur les entreprises liées au tabac, par exemple, à l’armement, aux énergies fossiles, etc.
  • La finance à impact : c’est un concept encore flou, mais l’idée est de favoriser une stratégie d’investissement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve de ses effets bénéfiques.

La finance éthique : pourquoi s’y mettre

Chacun de nous devrait réfléchir à l’impact de son argent. Parce qu’il touche directement notre environnement, notre famille, notre travail, notre société. On l’a bien vu avec les gilets jaunes : une fracture sociale peut déstabiliser tout un pays.

Aujourd’hui, 25 % des investissements dans le monde, soit 38 000 milliards de dollars, sont orientés vers l’ISR. C’est énorme. Pourtant, les particuliers sont très en retard. Un sondage Ifop de 2024 montrait que seulement 18 % des Français connaissent l’ISR.

Et pourtant, l’épargne d’une personne génère en moyenne 27 tonnes équivalent carbone. C’est plus que son alimentation ou ses trajets ! En plaçant son argent éthiquement, on peut réduire cette empreinte à 4 ou 5 tonnes.

Premiers pas dans la finance éthique : des gestes simples

Pour commencer, regardez le niveau SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) de vos placements.

  • SFDR 6 : aucun objectif extra-financier,
  • SFDR 8 : intégration de critères ESG,
  • SFDR 9 : objectif clair, mesuré et éthique.

Ensuite, il y a les labels : ISR, Greenfin, LuxFLAG… Soyez vigilants : un label peut être plus ou moins exigeant.

Enfin, tournez-vous vers les entreprises à mission : elles intègrent l’éthique dans leurs statuts et dans l’ensemble de leur gestion.

Se faire accompagner : pourquoi pas ?

Un particulier peut très bien commencer seul. Mais à un moment donné, faire appel à un conseiller en gestion de patrimoine ou en investissement financier, c’est utile pour mieux gérer les questions de risque, de rendement et de diversification des placements.

Votre banquier vous propose des enveloppes (livret, assurance vie, PEA), mais c’est à vous de choisir ce que vous mettez dedans. Et c’est là que le conseil prend tout son sens.

La finance éthique est l’avenir – si on le décide

Le principal frein aujourd’hui du déploiement de la finance éthique, c’est l’idée fausse qu’elle ne serait pas rentable. Alors oui, à court terme, l’armement ou les énergies fossiles séduisent. Mais sur le long terme, ce sont les enjeux environnementaux qui pèseront le plus.

Il faut des pionniers, des investisseurs contrariens, qui prennent les devants. La finance éthique peut réussir maintenant, si on y va maintenant !

Conclusion : choisir, c’est déjà agir

Je crois profondément que la finance éthique, ça marche. Et que chacun peut y contribuer.

La question est maintenant dans vos mains : voulez-vous faire partie des premiers à transformer l’économie ? Ou attendre que les autres le fassent à votre place ? Moi, j’ai choisi. À vous de jouer !”


Un autre article qui pourrait vous inspirer : Miser sur le capital humain pour booster sa croissance économique – Lionel Tangy-Malca

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