Comment ne pas se faire dévorer toute sa production par les non-humains, au jardin ?

11 Avr, 2023 | AGRICULTURE, NATURE & ENVIRONNEMENT

Fille de paysans solognots, Caroline Martin grandit avec le goût des légumes qui ont pris le temps de pousser au potager familial. Après 20 ans en Grande-Bretagne, l’envie de vivre différemment, près de la nature, la ramène dans sa région natale. Elle s’y installe avec son mari et décide de prendre le contrôle de son alimentation en faisant un jardin potager. Elle évoque ci-dessous les habitants et visiteurs occasionnels qui peuvent sérieusement altérer votre production maraîchère !

protéger la production de son jardin des animaux


La guerre humain – non-humain dans les jardins

Caroline Martin : “Un jardin est un endroit (que l’on espère) naturel et plein de vie. L’une des conséquences de cet état de fait est que lorsque l’on cultive un potager, on peut vite entrer en compétition avec un nombre important de créatures bien vivantes, alléchées par les récoltes à venir !

Or, même si l’on est prêt à partager (un peu) le fruit de son travail, on a quand même bien envie d’en profiter aussi. De là à partir en guerre contre tout ce qui pourrait les priver de leur production, il n’y a qu’un pas pour certains jardiniers.

Les pesticides : la réponse apportée par la modernité

Pour favoriser le camp des humains face aux non-humains dans cette guerre ouverte, le monde moderne propose toute une gamme de produits chimiques. Votre jardin est alors protégé : plus de maladies, d’adventices, d’insectes et animaux dits “nuisibles” (et qui le sont effectivement pour vos précieuses récoltes).

Alors, les produits chimiques = solution miracle ? Je ne vous apprendrai rien en répondant par la négative. Ces produits ne sont pas sans danger – que ce soit pour ce qu’ils doivent détruire ou éloigner ou pour ceux qui cultivent leurs potagers.

Or, de façon parfaitement normale et naturelle, jardiniers bio, permaculteurs, sauvages ou punks ont aussi des difficultés avec la faune et la flore naturelle du jardin. C’est tout à fait normal. Comment, donc, récolter fruits et
légumes sans trop de pertes et sans tomber dans la seule réponse chimique ?

Solutions alternatives

Dans un potager où la nature reprend sa place, des insectes grignotent donc la production ; mais il y a aussi des insectes qui mangent les insectes qui grignotent la production ! Le plus bel exemple sont les coccinelles, ou plutôt leurs larves, qui se régalent de pucerons. Certains oiseaux et des reptiles sont aussi de bons alliés.

Mélanger fleurs et légumes peut être une bonne solution pour éviter certains insectes ravageurs ; des herbes
aromatiques
peuvent aussi être utilisées. On peut aussi profiter de certaines de ces plantes contre les oiseaux mangeurs de graines et de fruits, car leur odeur les fait fuir (les huiles essentielles ont des effets similaires).

Et puis il a différents effaroucheurs visuels ou sonores. Entre les vieux Cds accrochés dans les arbres fruitiers, les bouteilles en plastique ou des contenants en aluminium fixés sur des fils ou des piquets au milieu des jeunes plants, on peut recycler une bonne quantité d’emballages qui reflètent la lumière, ce qui ne sera pas pour plaire à nos amis à plumes. On peut même aller jusqu’à installer une radio pour faire du bruit !

Quid des animaux domestiques ? Chiens et chats

La question se pose également pour certains animaux familiers : chats, chiens ou autres visiteurs à quatre pattes.

Si je ne peux parler des chiens, je peux en revanche vous raconter l’expérience que j’ai avec Pixie, notre chatte,
qui n’aime pas du tout faire ses besoins dans une caisse. J’ai donc plus souvent des problèmes avec elle
qu’avec les oiseaux ou les rongeurs !

En préambule, j’ose vous confier que notre petit félin est nulle pour attraper les oiseaux (ouf !) et qu’il n’a pas encore réussi à diminuer la quantité de mulots qui vivent aussi dans le jardin.

Je ne suis pas fan des filets de protection, mais il m’arrive de les utiliser principalement contre Pixie pour qu’elle ne vienne pas déterrer mes graines ou mes jeunes plants. Une fois que les petits plants font déjà quelques centimètres, j’enlève les filets et, si nécessaire, j’ajoute des branchages pour que la demoiselle comprenne bien que cette partie du jardin est maintenant hors limite.

Je n’utilise les filets que sur les parties où il y a de jeunes plants ; les parties paillées n’ont pas besoin de protection contre le petit monstre et le jardin est bien assez grand pour nous deux.

Quoi d’autre ? Sangliers, chevreuils, rongeurs…

Concernant les autres bêtes à quatre pattes qui pourraient venir visiter un jardin, au bord d’une ville ou en
pleine campagne, je peux aussi donner quelques conseils liés à notre expérience.

Si votre jardin est entouré de haies, il n’y a pas de soucis majeurs. Ce n’est pas notre cas, ce qui fait que par endroits, un grillage à été posé pour empêcher lièvres et sangliers de rentrer. Par ailleurs, nous avons dû ajouter, au dessus d’une partie de ce grillage, un fils spécial, électrifié de mai à septembre, contre les chevreuils et les cerfs qui pouvaient facilement sauter par dessus. Ces animaux, si agréables qu’ils soient à regarder, sont de véritables destructeurs d’arbres fruitiers, sans compter tout ce qu’ils vont goûter ou piétiner lors de leur visite.

Pour revenir aux rongeurs, il est aussi possible d’utiliser quelques plantes bien spécifiques pour éviter d’être
envahi de mulots ou de campagnols qui sont souvent les plus problématiques pour le potager.
Le mieux est sans doute de regarder ce que font les autres jardiniers ! Ainsi, quand vous faites une recherche sur internet pour découvrir des solutions contre un animal ou un autre, n’hésitez pas à regarder les commentaires que les personnes laissent après avoir lu un article : vous y découvrirez d’autres options, testées et approuvées !

Un exemple (/ exercice pratique ;)) : les commentaires sous l’article du Monde concernant la protection du jardin contre les campagnols : lire l’article.”


Découvrir le dernier article de Caroline Martin : Quand jardiner favorise le recyclage.

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