Rien de plus positif que l’écologie plénière : elle réunit des esprits venant d’horizons opposés. Elle unifie des urgences jusqu’ici séparées… Mais c’est à condition de ne pas esquiver la question économique et de lui trouver des réponses « radicales », c’est-à-dire « allant à la racine ».
1. UN CARREFOUR POUR TOUS
Face à la loi Taubira, des écologistes radicaux (la revue L’Ecologiste et le mensuel anticapitaliste La Décroissance) ont pris parti contre la subversion du mariage et ses deux sous-produits : la PMA et la GPA ! Voilà une surprise : des combattants venus de l’écologie profonde, ou de la gauche militante, peuvent converger avec les catholiques sur l’anthropologie. Les lignes bougent.
« Entre l’écologie humaine et l’écologie de l’environnement, il n’y a pas contradiction mais complémentarité »
D’un autre côté, des catholiques français (par exemple) ont commencé à tirer les conséquences écologiques de la doctrine sociale de l’Eglise. En novembre 2011, il y eut deux mille participants aux premières « assises chrétiennes de l’écologie », organisées par le diocèse de Saint-Etienne. En janvier 2012, le livre des évêques de France sur les Enjeux de l’écologie a fait pas mal de bruit. Un peu partout naissent des communautés expérimentales…
Ces convergences entre milieux différents sont des signes. Entre l’écologie humaine et l’écologie de l’environnement, il n’y a pas contradiction mais complémentarité.
2. UNE ECOLOGIE “PLÉNIÈRE”
Les deux écologies ont les mêmes adversaires. Par exemple Monsanto : le géant du transgénique est dénoncé par les écologistes, mais aussi par des responsables africains et indiens qui l’accusent d’être le fléau des petits paysans… Or Monsanto est aussi l’un des parrains de la revendication LGBT, comme toutes les major companies américaines (dont la sulfureuse banque Goldman-Sachs1), qui font pression sur la Cour suprême pour ériger le mariage unisexe en norme fédérale ! Ennemi de l’écologie naturelle, Monsanto mérite aussi la colère de l’écologie humaine.
Monsanto et les autres veulent « artificialiser » l’humain comme ils « artificialisent » la nature. Leur logique est de tout transformer en profits dans tous les domaines, par l’ouverture incessante de nouveaux marchés : et, pour cela, d’éliminer tous les freins (culturels, philosophiques, religieux et même scientifiques) qui s’opposent à l’extension totalitaire du domaine de la marchandise. C’est un engrenage : «posséder, manipuler, exploiter », constatait le pape François le 5 juin lors de la Journée de l’environnement 2013… Il indiquait aussi la riposte : « écologie de l’environnement et écologie humaine vont ensemble ! » C’est ainsi qu’on peut parler d’écologie « plénière ». Et ce constat s’adresse à tous : chacun peut le partager, à condition d’être lucide et résolu.
3. METTRE EN CAUSE LE MODELE ECONOMIQUE ACTUEL
« L’écologie humaine est un nouvel art de vivre : la sobriété heureuse »
Ouvrir les dossiers de l’écologie plénière, c’est oser aborder les sujets-qui-fâchent : productivisme, énergie, OGM, automobile, finance… Et c’est faire la lumière sur nos incohérences. Par exemple, celle d’écologistes qui dénoncent le transgénique mais approuvent le transgenre : ils ne voient pas que le transgenre aussi est boosté par Monsanto. Autre incohérence : celle de défenseurs de la famille qui ne voient pas que la destruction de la sphère familiale est l’œuvre du modèle économique actuel, avec son hyper-individualisme déguisé en hédonisme…
L’écologie humaine est un nouvel art de vivre : la sobriété heureuse. Donc c’est un nouveau modèle économique, ramené à la mesure humaine. « L’économie au service de l’homme » ? Si ce n’est pas un mot creux, c’est une révolution, pour changer les structures : il s’agit de rompre avec la démesure du Moloch productiviste (l’homme au service de l’économie) ! Le Moloch exténue la nature et mutile l’homme ; l’écologie humaine réconcilie l’homme et son milieu vital, la nature. Nous sommes responsables de notre monde : osons contester Moloch et relisons la « bible » des premiers écolos du XXème siècle, le fameux Small is beautiful, ce livre de Fritz Schumacher qui fut le moins frileux des économistes.
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1« Gay is good business », dit le patron de Goldman-Sachs : Lloyd Blankfein. Le lobby LGBT américain (Human Rights Campaign) est sponsorisé par Monsanto, Goldman Sachs, BP, Google, Nike, JP Morgan, Morgan Stanley etc.
sujet qui fâche : sans oublier la pauvreté endémique due à l’effacement du rôle des Etats, chargés pourtant de pourvoir au bien-commun, effacement destiné à simplifier les échanges.
“l’adversaire c’est l’Etat” pouvait-on lire il y a un peu sur un blog
Autre incohérence : celle de défenseurs de la famille et de la fécondité humaine, qui ne voient pas que le taux de natalité de l’humanité devra rester inférieur à 2,1 enfants par femme, éternellement à partir du siècle prochain, et qui nient cet état de fait au lieu de chercher les moyens de le faire advenir dans les meilleures conditions possibles.
Yogi, vous écrivez “le taux de natalité de l’humanité devra rester inférieur à 2,1 enfants par femme”. Voilà une injonction bien péremptoire ! On aimerait assez savoir pourquoi ! Je sais que certains affirment que la planète ne peut soutenir une population plus importante, mais ils veulent dire bien sûr : “une population plus importante de bobos nombrilistes qui consomment à tout va, adorent le shopping, les voitures, le tourisme de masse et les nouveaux écrans plats”. Ce n’est certainement pas le nombre d’habitants qui pose problème, ce sont les jeans qui font 65000 km avant d’arriver chez vous, les iPhone à obsolescence programmée, l’obsession consumériste, la multiplication ahurissante des longs courriers pour vacanciers qui veulent du dépaysement exotique. On peut attaquer violemment les êtres humains, ou attaquer violemment la frénésie de consommation. Et si l’on fait ce second choix, il n’y a plus aucune raison de limiter les naissances sous le seuil de renouvellement. Je trouve même qu’il y a quelque chose d’assez obscène à vouloir interdire aux futurs enfants de naître pour préserver notre mode de vie égoïste et bourgeois. “Tant pis pour les gosses, je veux un nouvel iPad !” Pathétique.
Il y a une limite à la taille de la population viable sur la planète. Cette limite dépend certes du taux de consommation et d’exploitation de l’environnement, que je suis le premier à souhaiter voir réduit, mais cela ne fait que décaler l’échéance de quelques dizaines d’années.
Que vous placiez le seuil à 10, 20 ou 50 milliards d’individus, cette limite sera atteinte et dépassée dès lors que le taux de fécondité restera supérieur à 2,1 enfants par femme.
Une politique nataliste n’est pas seulement suicidaire sur le long terme, elle est tout bonnement impossible. Les “défenseurs de la famille” ne semblent pas l’avoir encore compris, et ça n’a rien à voir avec les écrans plats.
50 milliards ? Bigre, on est très loin d’y être, surtout que la transition démographique est pratiquement achevée partout sur la planète, à l’exception à peu près unique de l’Afrique subsaharienne. Comme de plus en plus de démographes le disent, le danger véritable n’est pas l’explosion mais bien l’implosion démographique. On est donc non seulement très loin des quelques dizaines d’années que vous évoquez, mais on n’y sera jamais. Cela dit, à partir du moment où vous pensez également qu’on peut jouer sur les limites par une modification des comportements (vous parlez de consommation et d’exploitation de l’environnement), nous sommes sûrement plus proches qu’il n’y paraît. Commençons par changer radicalement de modes de vie, de production et de consommation, et nous aurons à repenser la démographie dans un contexte si différent que nos affirmations et projections actuelles en seront chamboulées, les miennes comme les vôtres.
Pardon de la brutalité de mon premier message : je vous ai pris pour l’habituel faux-écolo de type “plutôt sacrifier les enfants que mon voyage à Ibiza” (ils sont si nombreux, et si agressifs !), je vois que c’est plus compliqué : dont acte.
“50 milliards” était un extrême pour montrer que quelque soit la limite choisie elle sera dépassée si le taux de natalité est supérieur à 2,1. Et “très loin d’y être” ça se discute : si le taux de croissance de la population reste à son taux d’aujourd’hui (1.3% / an), on est à 50 milliards dans 150 ans. Et à 25 milliards dans 100 ans : il va donc falloir qu’il se passe des choses dans le siècle qui vient.
Cela signifie également que la transition démographique est loin d’être “pratiquement achevée” : l’afrique, l’asie, l’océanie et l’amérique du sud ne l’ont pas faite, et bien malin qui peut dire quand ce sera le cas.
Combien de temps selon vous pour “changer radicalement les modes de vie, de production et de consommation” des pays riches, et pour changer radicalement le désir des pays pauvres de viser le niveau actuel des pays riches ? Alors qu’on n’en voit aujourd’hui aucun signe avant-coureur ? 100 ans ne seront sûrement pas de trop.
Pour revenir à l’article, les “défenseurs de la famille” ne pourront pas dépasser trois enfants, et s’opposer à la contraception est simplement impossible. Là aussi, pour faire entendre ces faits par les catholiques, 100 ans ne seront pas de trop.
Exemple criant de l’irresponsabilité, à mes yeux, de la doctrine catholique : http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/07/09/philippines-la-cour-supreme-examine-le-recours-de-l-eglise-catholique-contre-la-contraception_3444652_3216.html
Une attitude foncièrement anti-humaine et anti-écologique, précipitant l’humanité directement dans le mur. Cette doctrine ne pourra pas tenir plus d’un siècle.