Engagement collectif et économies durables : le pari réussi du Cèdre – Pierre-Antoine Colas

9 Oct, 2025 | TRAVAIL

Depuis 1998, Le Cèdre n’a cessé de croître autour d’un modèle visionnaire : mutualiser les achats de structures souvent isolées pour leur permettre de consommer moins et mieux. Son directeur, Pierre-Antoine Colas, y défend une vision exigeante et concrète : mettre l’économie au service des personnes, de l’écologie et du sens. Il témoigne.

Pierre-Antoine Colas, directeur du Cèdre : « je suis directeur du Cèdre depuis 2017. Je suis marié et père de quatre enfants.

Le Cèdre, c’est un groupement d’achat. Nous avons 12 000 adhérents et 400 fournisseurs référencés. Notre mission ? Générer pour nos adhérents des économies durables. Si vous êtes seul à acheter vos fournitures, vous n’avez aucun poids. Mais si vous êtes 12 000, là, vous avez un vrai pouvoir de négociation.

Tout est parti d’un photocopieur

L’histoire commence en 1998. À l’époque, Éric Chevallier était le directeur des sanctuaires de Paray-le-Monial.
Il achète un photocopieur et découvre que plusieurs structures autour de lui avaient fait le même achat. Mais personne ne l’avait obtenu au même prix. Tout le monde y avait passé du temps, chacun de son côté.

Il a alors eu l’idée de mutualiser ce travail pour être sûr d’acheter au bon prix. Voilà comment est né Le Cèdre.

Devenir entreprise à mission

En septembre 2020, le Cèdre a adopté le statut de société à mission. Ce statut est universel. Il parle à toutes les entreprises qui veulent innover, chercher un autre modèle, s’engager pour le bien commun ; c’est ce qui nous a plu.

Porté par cela et notre démarche à la Convention des entreprises pour le climat (CEC), on a réécrit en 2025 notre raison d’être :

“Partenaire de confiance, animé par l’exigence du bien commun, le groupement d’achat Le Cèdre génère avec ses fournisseurs des économies durables pour ses adhérents, en apportant expertise et proximité.”

On a aussi défini trois objectifs concrets :

  • sur notre offre : négocier avec les fournisseurs les solutions permettant des économies durables et responsables,
  • innover dans l’accompagnement des  adhérents pour les aider à consommer moins et mieux,
  • viser l’exemplarité dans notre propre fonctionnement en matière socio-environnemental.

Ce que ça change d’être société à mission ? On s’engage vraiment. On a mis en place un comité de missions, des audits réguliers, et surtout un dialogue permanent pour se demander : “Comment aller plus loin ?”.

Le vrai levier, c’est la sobriété

On a beaucoup réfléchi à notre impact. Et nous sommes arrivés à cette conviction : notre levier principal, c’est la sobriété. Ce n’est pas juste un mot. C’est une manière très concrète de faire faire des économies à nos adhérents et de générer un impact environnemental et social positif par la réduction des consommations. 

J’ai pu l’observer, notamment durant la période Covid : les discours moralisateurs ne suffisent pas. Tout le monde est d’accord sur le principe de faire attention à la planète. Mais ce n’est pas ça qui déclenche l’action. Ce qui parle, c’est le concret ; et notamment, en l’occurrence, faire des économies.

Générer des pollinisations

Ce que je vois aujourd’hui, c’est que notre force ne réside pas seulement dans le fait de créer un lien entre adhérents et fournisseurs. C’est aussi de permettre à nos adhérents de se rencontrer entre eux. Ces rencontres, précieuses, permettent de partager des bonnes pratiques et de faire émerger des idées auxquelles personne n’aurait pensé seul.

Et puis il y a la coconstruction avec les fournisseurs. Je pense à ce fabricant de literie, par exemple. Plutôt que de continuer à vendre des oreillers ou des matelas et de rester dans une approche extractiviste, il teste un modèle de location. C’est un changement complet de logique. Et nous, on l’accompagne, en identifiant des adhérents intéressés pour tester avec lui. Ce sont des beta-testeurs, mais aussi des partenaires dans l’innovation. Et je trouve ça très enthousiasmant.

Ce croisement des besoins, des idées, des contraintes, c’est là que ça devient vraiment riche. On sort d’un simple rapport client-fournisseur, et on entre dans une dynamique de transformation partagée.

Entreprise à mission, mais quelle mission ?

Je pense qu’une entreprise doit d’abord rendre un service excellent à ses clients. Ensuite, elle doit créer un cadre qui respecte ses collaborateurs et leurs familles. Et enfin, elle doit faire tout ça sans dégrader les ressources humaines et environnementales ; tout en étant rentable car le profit est la garantie de sa pérennité. C’est cet ensemble d’éléments emboités les uns dans les autres qui génère  des impacts positifs.

Je suis convaincu que la performance économique n’a de sens que si elle respecte les personnes et la planète. Sinon, ce n’est que de la poudre aux yeux.

L’art délicat de manager

On s’est beaucoup inspiré d’un cabinet RH, Pleins Talents pour notre management. Leur règle d’or : responsabilité et pouvoir d’agir. Si je donne une responsabilité à quelqu’un, je dois lui donner les moyens de la remplir.

L’information, la prise de décision, la reconnaissance sous toute ses formes, la possibilité de délégation : voilà par exemple quatre leviers très concrets.

Au sein du Cèdre, on pousse également la culture du parler vrai, de l’écoute active. Je crois qu’une entreprise où on peut s’exprimer, poser les vrais sujets, c’est une entreprise plus forte.

Habitat et mobilité douce

On vient de construire une extension de nos bureaux : l’Arboretum. Ce bâtiment est considéré comme exemplaire par la région Bourgogne Franche-Comté. Ossature bois, murs en chanvre et chaux, isolation en paille, matériaux locaux et réemployés… C’est une fierté. Et c’est aussi un meilleur cadre de travail pour les équipes, été comme hiver.

Côté mobilité, on a mis en place le forfait mobilité durable. Aujourd’hui, ce sont plus de 100 000 kilomètres économisés grâce au vélo et au covoiturage. Encore une preuve que le concret fait bouger les lignes !

Le mot de la fin : ralentir

Pour conclure, je vous invite à faire une chose : prendre le temps.
S’arrêter. Se demander pourquoi on fait les choses. Sortir un peu de la roue dans laquelle on court en permanence.

Que vous soyez en transition professionnelle ou simplement en recherche de sens dans votre job actuel, posez-vous cette question : pourquoi est-ce que je travaille ?


Découvrir le site internet du Cèdre

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