L’Artemisia, un anti-palu qui appelle au combat

27 Jan, 2019 | MEDECINE, SCIENCES

Emmanuel est un guerrier de l’humanisme. À chaque fois qu’il découvre une situation déshumanisante ou injuste, il s’en insurge et fait tout pour alerter ses contemporains. Il vient de découvrir l’Artémisia, une plante toute simple qui combat le paludisme… et qui est combattue par les laboratoires pharmaceutiques… Voici ce qu’il veut nous en dire :

“Quel point commun existe-il entre :

  1. les soldats Viêt Minh combattants les GI’s américains pendant la guerre du Vietnam,
  2. Alexandre et Sonia Poussin, ce couple qui a traversé pendant trois ans l’Afrique à pied sur 13 874 km racontés dans Africa Trek,
  3. le paludisme, ce fléau qui fait chaque année environ 500 000 victimes dans des zones abritant 3 milliards d’habitants,
  4. et une orthodontiste parisienne ?

A priori, aucun. Et pourtant, il existe une plante qui fait le lien entre tous les points de cette liste. C’est l’étonnante histoire de l’Artemisia, racontée par Lucile Cornet-Vernet dans “Artemisia, une plante pour éradiquer le paludisme“.

Cette plante, elle découvre son existence en 2012 : l’un de ses amis, Alexandre Poussin, est miraculeusement guéri d’une grave crise de paludisme en Éthiopie grâce à une tisane à base d’Artemisia. En se penchant sur la question, Lucile Cornet-Vernet apprend que cette même plante, cultivée en Chine depuis des siècles, a été fournie par la République populaire de Mao à l’armée d’Ho Chi Minh pour guérir ses soldats, dévastés par le paludisme, qui ne bénéficiaient d’aucun traitement médical, contrairement aux soldats américains.

Lucile Cornet-Vernet mène l’enquête ; son livre raconte les surprenantes propriétés de cette plante, utilisée notamment pour bon nombre de médicaments antipaludéens, les ACT (pour Artemisinin-based combination therapy) et surtout pour des tisanes aux effets remarquables tant à des fins de soin que de prévention. Les gros avantages de ce traitement ? Un coût bien moindre que les médicaments développés par les laboratoires pharmaceutiques et aucun effet secondaire.

“Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus” Ralph Waldo Emerson

Contre toute attente, au-delà de l’histoire de cette plante miraculeuse (elle permet de guérir d’autres affections graves comme la bilharziose), le livre raconte un combat. Celui de cette femme, d’une communauté de médecins et de structures de micro crédit (qui constatent que les épidémies de paludisme fragilisent les micro-entreprises). Tous sont bénévoles et convaincus de l’importance de développer ce mode alternatif de traitement antipaludéen. Ils se heurtent à un système médical (OMS, ministères) peu enclin à valider un traitement à base de tisanes, dont la composition varie en fonction des dosages, du sol, des plantes, etc. 

Malgré le scepticisme avec lequel ce type de traitement est généralement accueilli, ce groupe motivé reçoit de nombreux soutiens ; des rencontres providentielles permettent de mener à bien des études cliniques aux normes de l’OMS en République Démocratique du Congo, un des pays les plus touchés par le paludisme.

Un film documentaire, “Malaria Business“, réalisé par le journaliste Bernard Crutzen, raconte également les nombreux blocages administratifs auxquels l’usage de cette plante est confrontée. Les menaces pèsent lourd et vont jusqu’à l’empoisonnement un médecin congolais très impliqué dans les études cliniques sur l’efficacité du traitement. Visiblement, ni les groupes pharmaceutiques ni les différents intervenants du marché noir des médicaments en Afrique – où circulent beaucoup de contrefaçons – n’ont intérêt à voir se développer une alternative aux médicaments antipaludéens.

 

Aujourd’hui, Lucile Cornet Vernet anime une association, “La Maison de l’Artemisia“, implantée dans 16 pays d’Afrique, qui promeut la culture locale de la plante, la fabrication et la distribution de la tisane pour venir en aide aux plus pauvres qui n’ont pas accès aux médicaments classiques, trop onéreux. Ces maisons respectent une charte : qualité de formation, conseil médical et juste prix, bonnes pratiques – socialement et écologiquement responsables – contribution au bien commun et au mieux-être des populations locales, diffusion de savoir-faire relatifs à la culture de ces plantes.

En refermant ce livre, on a envie de croire en ces mots de St François d’Assise, que cite l’auteur au début de l’ouvrage : “Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu’il est possible de faire et tu réaliseras l’impossible sans t’en apercevoir“.

Vous en reprendrez bien une petite tasse ? Le livre “Artemisia, une plante pour éradiquer le paludisme“, est publié aux éditions Actes Sud, pour 18 € !”

 

Sources : 

 

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