Merci pour l’invit’ ! Hébergement solidaire pour femmes

14 Avr, 2022 | FAMILLE, SOLIDARITES & SOCIETE

Merci pour l’invit’ ! est un réseau d’hébergement solidaire pour femmes sans domicile. Alexandra Lefeivre, chargée de communication chez Solinum, l’association qui porte cette initiative, explique comme cela fonctionne. Si vous avez une chambre libre chez vous, ouvrez grand vos oreilles : vous allez pouvoir changer une vie !

L’origine de Merci pour l’invit’ !

Alexandra Lefeivre, chargée de communication chez Solinum : Merci pour l’invit’ ! est un réseau d’hébergement solidaire pour femmes sans abri, créé en 2018. Concrètement, notre association met en lien des particuliers qui ont une chambre disponible chez eux, avec des travailleurs sociaux qui aident des femmes en grande précarité.

L’idée de cette initiative est venue du constat que 40 % des sans abri sont des femmes. C’est un chiffre peu connu, une grande partie des femmes à la rue se cachant. Autre chiffre clé : il manquerait 72 000 places d’hébergement d’urgence pour les femmes sans abri.

Depuis la création du dispositif Merci pour l’invit’ !, nous avons pu mettre en place environ 70 hébergements. Notre réseau compte environ 600 hébergeurs en France (principalement en Ile-de-France, Loire-Atlantique et Gironde).

Devenir hébergeur solidaire avec Merci pour l’invit’ !

Tout le monde peut devenir hébergeur : hommes, femmes, familles, couples, retraités… Il suffit d’avoir une chambre disponible et se manifester sur notre site internet : mercipourlinvit.fr.

Le futur hébergeur est contacté par un membre de notre équipe pour lui présenter le dispositif et lui expliquer les différentes étapes. Si la personne souhaite toujours intégrer le dispositif, on organise alors une visite pour vérifier que la chambre correspond à certains critères : disponibilité, isolation, salubrité… C’est une bonne occasion pour s’assurer que le futur hébergeur ait bien conscience de ce qu’implique cet accueil. La durée d’hébergement peut aller de deux semaines à un an.

En parallèle, nous créons des partenariats avec des travailleurs sociaux venant en aide aux femmes en grande précarité et en situation de violences intra familiale / conjugales. Nous leur expliquons le principe d’hébergement solidaire et s’ils souhaitent intégrer le dispositif, une convention de partenariat est mise en place. Le travailleur social va alors pouvoir entrer en contact avec les hébergeurs que nous avons rencontrés préalablement.

Et puis, nous organisons la première rencontre entre le travailleur social, l’hébergée et l’hébergeur, soit sur le lieu d’accueil soit dans un endroit neutre. Les conditions d’hébergement sont discutées mais c’est aussi et surtout l’occasion de savoir si “ça match”, s’il y a une bonne entente entre les deux personnes. Cette rencontre n’est pas engageante : l’hébergeur comme l’hébergée peuvent encore choisir de ne pas poursuivre l’aventure.

Point de vigilance de l’hébergement solidaire : la sécurité

La sécurité et le bien-être des femmes accueillies est évidemment l’un des points majeurs de notre dispositif. Voilà pourquoi nous soumettons chaque nouvel hébergeur à un questionnaire élaboré avec l’aide de travailleurs sociaux. Cela permet de détecter assez rapidement des comportements potentiellement déviants.

Ensuite, nous rencontrons physiquement chaque personne lors de la visite de l’hébergement. C’est aussi un filtre important.

Jusqu’ici nous n’avons eu aucun problème et nous espérons que cela se poursuive ainsi !

Par ailleurs, lorsque nous signons des partenariats avec les travailleurs sociaux, nous demandons à ce que les femmes à héberger n’aient ni addiction (alcoolisme, toxicomanie…) ni troubles psychologiques graves. Ne rentrent donc dans le dispositif que les personnes qui vont pouvoir intégrer et bénéficier du dispositif.

Hébergement solidaire pour femmes

Un hébergement solidaire qui ouvre à la vie en communauté

Lorsque l’hébergeur et l’hébergée se sont rencontrés une première fois et que le feeling est bien passé, une seconde rencontre est convenue, toujours en présence du travailleur social. C’est à l’issue de cette deuxième rencontre que la convention d’hébergement est signée. Cette convention est la plus-value de notre dispositif. C’est un document non officiel, non contractuel, mais qui, à la manière d’un état des lieux, permet d’établir des règles de vie pour la durée de l’hébergement ; c’est indispensable pour une vie commune harmonieuse. Elle permet notamment de fixer des horaires pour l’utilisation de la douche ou encore de fournir des indications sur l’utilisation du réfrigérateur…

Merci pour l’invit’ !, une démarche bénévole

L’hébergement citoyen est bénévole, aucune rémunération n’est possible. Seuls les frais de type courses alimentaires sont abordés lors de la signature de la convention d’hébergement. En général, les femmes qui entrent dans le dispositif perçoivent un petit revenu social qui leur permet d’être autonomes sur ce point.

En cas de dégradation de l’hébergement – chose qui n’est pas encore arrivée – notre assurance prend le relais ; nous assurons les femmes qui entrent dans le dispositif. À l’arrivée de l’hébergée, nous prenons des photos, des notes sur l’état de la chambre et de l’appartement. La convention d’hébergement fait alors office d’état des lieux.

Avec Merci pour l’invit’ !, pas de retour à la rue

Merci pour l’invit’ ! s’engage à ce qu’il n’y ait aucune remise à la rue. Si un problème entre l’hébergeur et l’hébergé advient, nous nous assurons d’obtenir un autre hébergement.

Cet hébergement solidaire est un temps de répit pour la femme hébergée. Mais le travailleur social qui la soutient n’arrête pas pour autant les démarches administratives pour lui trouver un logement pérenne pour lui offrir une situation stable.

Merci pour l’invit’ !, de belles histoires de vie

Merci l’invit’ ! a donné naissance à de très belles histoires de vie commune, avec des repas ou des activités vécues en commun.

Personnellement, j’ai assisté à la fin d’un hébergement, la femme ayant trouvé un logement social. Nous avons aidé cette personne à déménager ; j’ai donc assisté aux adieux avec les hébergeurs, après 6 mois de cohabitation. Ils étaient tous émus aux larmes ! Une relation très forte s’était instaurée.

Je pense que beaucoup d’hébergeurs ne se rendent par forcement compte de l’impact incroyable qu’ils peuvent avoir sur la vie de ces femmes. Le fait d’avoir ces quelques semaines / mois de répit, ça peut vraiment changer le cours d’une vie.

Il y a aussi l’histoire de cette femme, l’une des premières à bénéficier du dispositif. Elle avait une cinquantaine d’années. Victime de violences conjugales, elle s’était retrouvée à la rue. Elle avait honte de dire à son entourage qu’elle dormait dans sa voiture et elle s’est donc isolée, petit à petit. Finalement, elle a trouvé Merci l’invit’ !. Nous l’avons fait héberger pendant un an au sein d’une famille avec laquelle ça s’est extrêmement bien passé. La confiance était telle qu’elle a même fait un peu de babysitting pour l’enfant de deux ans… À l’issue de cet hébergement, nous avons pu lui trouver un logement social. De son côté, elle a entamé une formation de naturopathie. Elle a aujourd’hui ouvert son cabinet et a gardé contact avec ses anciens hébergeurs !

Et si on vous remerciait VOUS pour l’invit’ ?

Nous avons réellement besoin d’hébergeurs, ayant énormément de demandes d’aide de femmes aujourd’hui. N’hésitez pas à vous renseigner au sujet de notre dispositif ou d’autres dispositifs d’hébergements citoyens. Vous êtes les bienvenus à nos réunions d’informations. Vous pouvez aussi nous contacter par téléphone.

Vous pouvez avoir un énorme impact sur la vie de femmes en précarité : en les hébergeant quelques semaines à quelques mois, c’est une vie entière que vous pouvez sauver.

Découvrez le kit de l’hébergeur citoyen.

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