La pomme de terre #ChroniquePotagère

11 Avr, 2022 | AGRICULTURE, NATURE & ENVIRONNEMENT

Raphaèle Bernard-Bacot, artiste butineuse, propose sa chronique potagère au fil des saisons. En ce mois d’avril, elle fait un focus sur cet aliment familier dont on ne saurait se passer : la pomme de terre.

L’origine de la pomme de terre

Raphaèle Bernard-Bacot : “Avril est la saison de la plantation des pommes de terre, si familières, mais dont l’origine mérite bien un détour. On connaît tous l’histoire d’Antoine Parmentier qui, pour faire aimer les pommes de terre à ses contemporains, en fit la promotion auprès de Louis XVI. Il eut l’idée d’en faire planter cinquante arpents dans la plaine des sablons, volontairement mal surveillés. Rien de mieux pour susciter la curiosité et la convoitise ! L’engouement ne tarda pas à venir. Mais pourquoi a-t-il fallu vaincre d’abord un tel désamour pour un légume dont le succès est ensuite devenu universel ?

pomme de terre

Travailler l’aspect pour garantir le succès

Peut-être parce que les pommes de terre, rapportées du Pérou au XVIème siècle par les colons espagnols, ressemblaient à des truffes racornies peu ragoutantes. En effet, elles faisaient partie de la nourriture de base des Incas, avec le maïs, les courges et les haricots.

Peut-être aussi, parce que souvent mal conservées, elles développaient la solanine qui les rendaient verdâtres et toxiques. De plus, appartenant à la famille des solanacées comme la belladone et la mandragore à la réputation sulfureuse, elles inspiraient de la peur. Le premier européen qui sut néanmoins y déceler son fort potentiel fut Frédéric le Grand, roi de Prusse. C’est d’ailleurs en Allemagne que Parmentier en goûta pour la première fois, ce qui lui sauva la vie en captivité. Il convainquit ensuite le roi Louis XVI d’en porter une fleur à la boutonnière puis d’inviter la cour à déguster ce nouveau légume sous toutes ses formes. En réalité, la tubercule était déjà largement cultivée, mais Parmentier rêvait surtout de remplacer la farine de blé par de la fécule de pomme de terre « afin de nourrir les pauvres gens ».

De nombreuses variétés à goûter !

En 1777, une quarantaine de variétés sont recensées ; puis en 1881, Henry de Vilmorin en proposa 630 nouvelles dans son célèbre catalogue. Le succès fut immense grâce à la propriété de la plante à se métamorphoser selon les modes de cuisson.

À partir de 1920, l’objectif principal des recherches fut d’obtenir des variétés résistantes au mildiou. En effet, la terrible famine qui s’abattit sur l’Irlande en 1840 était encore dans tous les esprits. Des amis irlandais me faisaient remarquer qu’à l’époque, d’autres légumes poussaient sur le territoire mais étaient réservés à l’exportation…

Une culture gratifiante

Mais revenons à leur culture si gratifiante pour l’apprenti jardinier. Les pommes de terre ayant passé l’hiver à la cave ou dans des cageots calfeutrés, se mettent à germer à la lumière. On profite alors du premier beau soleil de printemps pour commencer la plantation. 

Au potager du Roi, tous les jardiniers sont mobilisés pour arpenter les sillons fraichement creusés par le motoculteur. Une pomme de terre à chaque pas ou tous les quarante centimètres. Il faudra ensuite les butter, et enfin les récolter après la floraison.

Et maintenant, j’espère que vous n’aborderez plus vos assiettes de chips, purée ou frites avec le même regard désabusé car, vous l’aurez compris, la pomme de terre demeure un légume tout sauf ordinaire !”


Retrouvez la chronique de mars 2022, sur la laitue : Laitue y es-tu ? #ChroniquePotagère

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